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HP ELIAM #1

Rainbow D.Ashe


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— Il ne faut pas patienter très longtemps avant que Will entende du mouvement de l’autre côté de la porte. Malgré lui, il se redresse légèrement et se tend alors qu’il surveille les quelques bruits que fait Elias quand il reprend connaissance et découvre son nouvel environnement. C’est une véritable torture de rester sans bouger pour Will, à ne rien pouvoir faire d’autre qu’attendre que la tempête ne se déclare. Il sait que ça va arriver, qu’il n’y a aucune chance qu’Elias prenne bien ce qu’il vient de faire. Il est allé trop loin cette fois et il ne sait pas encore comment il compte se justifier. Il sursaute quand l’homme tambourine soudain à la porte, exigeant d’être libéré. Il sursaute, mais se plaque d’autant plus contre le mur, dans un effort pour ne pas se jeter sur la poignée pour accéder à cette requête. Il compte bien laisser Elias sortir un jour ou l’autre, seulement il n’a pas encore décidé de quand. Il faut juste qu’il soit sûr que l’ex-Auror ne va pas essayer de le tuer ou faire autre chose de plus stupide encore. Qu’ils puissent parler, avec autant de calme et de bon sens que possible. Ça peut prendre du temps.

Un moment, Elias cesse de frapper sur la porte, mais Will entend encore du grabuge de l’autre côté. Il s’approche et appuie son front contre le bois, ferme les yeux alors qu’il essaye de toutes ses forces d’ignorer la douleur dans sa poitrine. Une éternité semble passer avant que son prisonnier ne parle de nouveau et malgré le ton plutôt contenu de sa voix, l’ancien Serpentard croit l’entendre comme s’il se tenait juste à ses côtés. Il pose sa main contre la porte et laisse échapper un soupir. Il voudrait pouvoir toucher Elias, lui dire qu’il a fait ça parce qu’il l’aime, mais l’excuse paraît faible, même pour lui. À la place, il le laisse parler sans l’interrompre, permet à un léger silence de s’installer ensuite tandis qu’il rassemble son courage. “Tu trouveras une excuse pour leur expliquer ton absence.” souffle-t-il, à contre-coeur. Il n’a pas envie de le laisser retourner à cette mission stupide, à cette guerre stupide, mais il ne peut pas non plus garder Elias prisonnier pour le reste de sa vie, pas vrai ? “Des moldus qu’il fallait garder à l’écart ou quelqu’un qui a essayé de s’enfuir et t’as mis K.O en passant. N’importe quoi. On trouvera quelque chose et tu pourras retrouver ta précieuse mission sans problème.” Après tout, Elias a raison : ils ne pourront jamais finir ensemble, n’est-ce pas ? Même s’ils le pouvaient, ce ne serait pas avant un bon moment, pas avant que l’Ordre du Phénix ne l’emporte, si c’est possible. Ça lui brise peut-être le coeur, mais Will ne peut ignorer la possibilité que ce jour n’arrive jamais. Personne ne sait ce qu’il est advenu de Potter, les choses ne font qu’empirer jour après jour. C’est totalement surréaliste d’imaginer une fin heureuse aussi précocement pour eux, peut-être de l’imaginer tout court, même dans un avenir lointain.

“Je vais te laisser partir, c’est promis.” ajoute-t-il, car après ce qu’il a fait aujourd’hui, ça ne le surprendrait pas que l’homme doute de ses intentions. “Je ne voulais pas te faire de mal, je… J’ai juste paniqué.” Et il a sacrément merdé avec ça, mais après tout quelle importance ? Cette relation a toujours été vouée à l’échec, d’une certaine façon, il va peut-être perdre la confiance d’Elias, mais ça ne leur servait à rien de toute manière. “Je sais que c’est idiot, mais l’idée de te perdre… ça me rend fou.” C’est idiot parce qu’il l’a déjà perdu, bien longtemps avant que la moindre guerre ne soit déclarée. La menace de mort qui pèse sur Elias est tout de même bien plus difficile à accepter que la simple optique qu’ils ne puissent jamais vivre heureux. “J’ai menti, tout à l’heure, je n’allais pas bien avant qu’on se retrouve. Tu me manques tous les jours depuis douze ans, mais depuis la dernière fois, c’est devenu… Insupportable. Je n’arrive plus à reprendre le cours de ma vie, maintenant, pas sans me demander sans arrêt si tu seras toujours en vie à la fin de cette journée ou comment je le saurais si tu mourrais. J’aurais préféré que tu me dises rien pour l’Ordre, mais… Je crois que j’aurais préféré qu’on ne se revoit jamais finalement.” C’est l’aveu le plus terrible qu’il ait eu à faire de sa vie et probablement qu’il ne le pense pas vraiment dans le fond, mais en ce moment alors qu’il traverse de nouveau les épreuves d’un coeur brisé, il le pense sincèrement. “Je vais entrer, d’accord ? Promets-moi que tu ne vas pas t’enfuir tout de suite.” Il pose sa main sur la poignée de la porte et attend la réponse d’Elias pour s'exécuter.
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Will était là, juste derrière la porte… Il était prêt, mais il avait gardé le silence tout du long. Pour lui je trouverais une excuse pour expliquer mon absences, il proposait même quelques solutions qui sonnait faux sur la fin. Ma mission n’était pas si précieuse, elle était juste… C’était plus compliqué, c’était tout. Elle n’était pas… Simplement je n’avais qu’eux si lui se refusait à moi, alors comment faire si même lui n’était plus là ? Si il se refusait lui aussi ? Il avait beau me dire qu’il me laisserait partir, ça ne changeait pas grand chose à tous ça, à cette douleur et si je le croyais sincèrement quant à son désire de ne pas vouloir me blesser, quant à la panique… Je devais aussi reconnaître une chose, l’on venait d’atteindre un extrême des plus négatif pour l’autre. Pour la première fois, on avait usé de la magie, de la violence pour cette relation… Nous étions en train de devenir fou l’un et l’autre, l’absence rendait les choses si douloureuses… Soit nous étions ensemble, soit nous ne devions plus nous voir, ne plus exister pour l’autre. Et c’est là que tout devenait plus douloureux. Il n’allait pas bien avant ça, je lui manquais comme il me manquait, la seule différence c’est qu’à présent c’était insupportable, de la torture et il était impossible de reprendre sa vie après ça. Je n’aurais jamais du lui dire ce que je faisais et peut-être que les journées n’auraient pas été si effrayante. La gorge nouée face à ce constat, je me demandais si au final, je voulais bien le voir, si au final je voulais bien de tout ça… Je n’en savais rien, j’étais perdu.

« Promis. » soufflais-je avant de me reculer de la porte, les yeux rougis par les larmes que je peinais à retenir. « C’est de ma faute… Si t’es dans cet état c’est entièrement de ma faute ! J’aurais dû la fermer. » ou ne jamais lui tournais le dos après un excès d’arrogance inutile. Je n’aurais jamais dû réagir ainsi, j’avais merdé, du début à la fin et aujourd’hui il était au supplice. « J’inventerais quelque chose pour ne plus aller en mission, pour ne plus être en première ligne, y’a des milliers de chose à faire sans avoir besoin de s’exposer. », saurais-je m’y tenir si demain l’un des miens est touché ? Non, inexorablement je céderais, je plongerais. J’avais un syndrome bien connu, celui du super héros, je ne saurais pas rester à ma place, je ne saurais pas ne pas sauter sur l’occasion de sauver, de protéger quelqu’un. Au final ça ne serait que des promesses en l’air, mais si ça pouvait nous sauver…

« J’ai jamais cessé de t’aimer Will, se revoir ça me rappelle juste combien ca fait mal de plus t’avoir. » continuais-je avec douleur. Ca ne changerait sans doute pas grand chose, mais c’était vrai, j’avais toujours eu mal, j’étais certes en colère, bien plus que je ne l’aurais dû, mais la vérité derrière ça c’était juste la peine, juste la souffrance et que faire face à ça ? Pas grand chose malheureusement. On pouvait juste souffrir, mais c’était mieux de le faire ainsi que sans lui non ? Non, je me voilais la face, cette relation allait dégénérer à cause de moi, et si moi j’acceptais de souffrir, lui ne méritait pas que ça arrive...
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— Dès qu’Elias promet de ne pas s’enfuir, un cliquetis se fait entendre alors que la porte est déverrouillée. Deux secondes plus tard, Will entre dans la chambre, hésitant. Il referme derrière lui et s’appuie contre la porte, mais ne verrouille pas cette fois, décidant de faire confiance à l’homme, s’il existe encore une petite chance qu’une telle chose existe entre eux. Par la force de l’habitude, le jeune homme parvient au moins à conserver un air plus ou moins neutre, il ne pleure pas en tout cas, garde la face même dans les pires moments. C’est sa façon à lui de se protéger, alors qu’il écoute patiemment Elias désespérer à son tour de ces retrouvailles qui ne sont finalement que plus frustrantes que la séparation des dernières années. “Je t’aime, moi aussi.” souffle-t-il, quand l’ex-Auror cesse finalement de parler. Ce n’est peut-être pas le plus important à cet instant et plutôt évident sans qu’ils n’aient besoin de le dire l’un et l’autre. Ça reste agréable à entendre, qu’importe la situation. Une chose qui, de toute évidence, ne changera jamais quoi qu’il arrive. Ça fait du bien d’en avoir quelques unes. C’est aussi la première fois que Will le dit à voix haute depuis douze ans et ça le soulage d’un poids, presque aussitôt remplacé par un autre. Il aime Elias et c’est l’une des rares choses qui ne soit pas entièrement égoïste dans sa vie. Il sait alors qu’il n’y a qu’une seule chose à faire.

“Je ne veux pas que tu te mettes en retrait avec l’Ordre.” lâche-t-il à contre-coeur, parce que bien sûr qu’il ne rêve que de ça, mais il sait que c’est impossible. Malgré la bonne volonté qu’il met en ce moment, désespéré de sauver tout ce qui peut l’être entre eux, Elias ne tiendra jamais sur le long terme, il n’a jamais été capable de rester dans l’ombre quand il pouvait se battre pour une grande cause. “Je sais que c’est trop important pour toi.” Et trop douloureux pour Will. Il n’imagine pas continuer à vivre comme ça, avec la peur au ventre à chaque seconde de chaque jour. “Et que vous l’emportiez, c’est notre seule chance de pouvoir être ensemble un jour. Pour de vrai. Je ne peux pas te demander de laisser quelqu’un d’autre mener cette bataille pour nous à ta place. On sait tous les deux que tu en serais incapable.” Malheureusement, la patience n’est pas le fort de Will et encore moins quand il ne sait pas combien de temps il faudra attendre avant d’obtenir satisfaction.

Timidement, Will se décolle de la porte et approche jusqu’à pouvoir se tenir devant l’homme. Il arrive peut-être à retenir ses larmes, mais il n’en mène pas large pour autant et ça se voit. La solution lui semble assez évidente, désormais. Il n’y en a qu’une pour qu’il survive aux semaines, aux années peut-être, qu’il devra passer loin d’Elias avant d’espérer que la guerre ne prenne fin. Il ne pourra plus se tenir à l’écart lui non plus, maintenant. “Elias…” Il caresse sa joue doucement, mais sans s’attarder pour autant et finit par coller son front contre celui de l’homme. “Je t’aime,” répète-t-il à voix basse, “mais je ne peux pas vivre comme ça, c’est trop difficile. J’ai besoin de ton aide.” Ca ne passera sûrement jamais, mais il doit bien essayer. C’est lâche, comme toujours, au point que ça ne surprendra personne. À l’aveuglette, il cherche la main d’Elias de la sienne et quand il la trouve, glisse la baguette de l’homme entre ses doigts. Il n’a pas pris le temps d’y réfléchir des heures, ce n’est pas une décision mûrement pesée et prise en toute connaissance de cause, loin de là. “Je veux seulement continuer de croire que tu as fui loin d’ici et que tu ne risques rien, jusqu’à ce qu’on puisse se retrouver sans danger. Aide-moi à oublier, s’il te plait.”
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C’est fou comme les mots qu’on rêvait d’entendre pouvaient devenir aussi douloureux. Il m’aimait, il ne voulait pas que je me mette en retrait car il me connaissait trop bien. C’était important pour moi, bien plus que ma vie. La justice était la plus belle des batailles. Et puis il y eut ces mots, l’on ne pourrait être ensemble que si nous l’emportions, que si nous réussissions, et il ne pouvait pas me demander de laisser quelqu’un d’autre gérer cette bataille. Je ne pourrais pas laisser quelqu’un d’autre prendre ma place. Fermant les yeux face à ce constat, face à cette vérité qui faisait de moi un menteur, je sentis ma gorge se serrer violemment et ce fut pire quand il s’approcha. Quand il me toucha mon coeur se serra, quand il dit mon prénom mes yeux se relevèrent. Il m’aimait, mais il ne pouvait pas vivre comme ça, il avait besoin de moi pour… Quand je sentis ma baguette se glisser dans mes doigts, quand je compris ce qu’il voulait, des larmes coulèrent malgré moi le long de mes joues. Il voulait oublier ces derniers jours, il voulait oublier que j’étais si près de lui… Il voulait que j’efface tout, que je porte ça seul… Il… C’était injuste, terriblement même, il me laisserait seul avec ce poids, il me laisserait seul avec ces souvenirs, avec cette douleur, mais il irait mieux, sans moi il irait mieux… « Non… Je... » soufflais-je en premier avant de reculer pour le regarder, pour souffrir. Comment il pouvait me demander ça ? Comment il… C’était presque aussi égoïste que de lui avoir dit non ? Sauf que cette fois-ci, c’était moi qui souffrirais… C’est moi qui saurait, qui me rappellerait de cette nuit, de ces je t’aime, de cette promesse d’un avenir meilleur… Je serais seul avec un espoir débile, celui d’un avenir, d’une chance… D’un après.

Reculant un peu plus en sentant la panique me rattrapper, j’avais besoin d’air, besoin de réfléchir, besoin de temps. Seulement chaque minute passé le faisait souffrir, bien sur c’était aussi mon cas, mais au moins je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Nous n’avions pas de temps, pas dans une guerre des coeurs, pas comme ça. J’avais besoin de temps, ce n’était pas une décision à prendre comme ça et pourtant… J’avais cette baguette en main non ? Si ce n’est pas égoïsme, je n’avais aucune raison de ne pas le faire. Je n’étais pas égoïste, je ne voulais pas faire souffrir quelqu’un à cause d’une décision que j’aurais pu éviter… Surtout lui… « On aurait du partir loin d’ici il y a 12 ans, t’aurais du venir avec moi, ou j’aurais pas dû te tourner le dos, j’aurais du continué et on aurait fini par quitter le pays… On en serait pas si… Je n’aurais pas à… Tu voudrais pas oublier une partie de nous si... », de nouvelle larme coulait le long de mes joues, plus douloureuse que des poignards, plus brulante que le feu. C’était trop, pourtant c’était égoïste… « Si je meurs… Tu sauras même pas combien je t’aimais Will, tu… Je… J’existerais plus et nous on… », ça n’avait plus vraiment de sens, c’était juste la douleur, la douleur brute de disparaître de son existence si demain tout s’arrêtait. Pourtant c’était exactement pour ça qu’il fallait le faire, car si je mourrais, il le saurait et il souffrirait.

C’était sans doute trop, trop me demander que d’attendre que je lui fasse tout oublier d’un coup de baguette magique, la vie ce n’était pas, ce n’était pas si simple, on pouvait pas oublier ce qui nous arrangait, on ne pouvait pas choisir ce qui nous arrangeait… Pourtant si les humains le pouvaient, ils choisiraient, ils refuseraient de souffrir, ils n’hésiterait sans doute pas. « Je t’aime… Je veux pas que tu oublies ça, pas que tu te souviennes juste de ma colère… Je veux pas être juste ça pour toi, j’ai pas envie de le redevenir du moins… Tu peux pas me demander ça » continuais-je donc avec colère, avec douleure. Il ne pouvait pas, il devait y réfléchir plus longtemps, il ne devait pas prendre de décision sur un coup de tête, il devait y penser, il devait y réfléchir comme moi. « On doit en parler, il doit y avoir d’autres solutions, on a bien survécu à Poudlard, pourtant c’était aussi le chaos à un moment, alors on va traverser ça aussi, on peut le faire... » parlais-je sans trop m’écouter, sans trop laisser de chance à mon coeur de s’arrêter sur mon égoïsme. Ca faisait deux fois, non trois fois, que je pensais à moi et non à nous. J’avais refusé de continuer si il ne fuyait pas avec moi, je lui avais dit un lourd secret et aujourd’hui je lui refusais le peu de sérénité que je pouvais lui offrir.

Tournant de nouveau en rond, je commençais à souffrir suffisamment pour avoir du mal à respirer, pourtant c’était idiot, je ne pouvais pas lui imposer d’arrêter de vivre pour moi. Je ne pouvais pas attendre ça de lui. Mais si il finissait par trouver quelqu’un ? Par vraiment m’oublier ? Non, je n’avais pas le droit d’être si égoïste, je n’avais pas le droit de vouloir qu’il soit malheureux pour moi, pour continuer à exister… J’étais horrible. Me laissant donc tomber sur le lit, je m’y assis, dépité, tremblant, les larmes n’ayant eu de cesse de couler, mon coeur n’ayant pas arrêté d’hurler, « Tu seras vraiment heureux sans ces derniers jours ? Si je le fais, est-ce que… Est-ce que tu finiras par être heureux ? » demandais-je en levant les yeux vers lui, « Est-ce que sans moi y’a une chance que t’as vie soit… Je suis égoïste Will, mais si tu souffres à cause de moi… Juste… Est-ce... » ma gorge était trop noué, mes mots sans aucun sens, je devais le faire, mais j’espérais qu’il refuse à la dernière minute, j’espérais qu’il me soulage vraiment.
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— Sans grande surprise, Elias ne saute pas de joie à la demande de Will. C’est probablement la chose la plus égoïste qu’il ait jamais faite et il s’en rend bien compte, mais il ne voit aucune autre solution, n’en déplaise à l’ancien Auror qui s’effondre sous ses yeux. “On ne risquait pas nos vies à Poudlard, Elias.” raisonne-t-il, sans grande conviction. C’est pourtant vrai. Ils auraient été rejetés de part leur sexualité, mais rien de plus. Will doute sincèrement que les gens au pouvoir de leurs jours se contentent de les envoyer vivre en exil s’ils apprennent que non seulement, l’un de leurs précieux Sang-Purs aime les hommes, mais qu’en plus il a choisi un Sang-de-Bourbe. Comme toujours, c’est une question de choix entre eux. Il n’est simplement plus le seul à ne pas vouloir renoncer au reste de sa vie pour une histoire d’amour qui n’aura jamais le droit d’exister. “On aurait dû faire tout un tas de choses, mais c’est trop tard maintenant.” Bien que d’une certaine manière, Will essaye de réécrire l’histoire en faisant cette requête.

Un soupir lui échappe, avant qu’il ne dépose sa baguette au pied du lit et ne vienne s’asseoir près d’Elias. “Je sais que ça semble cruel, mais tu dois le faire et pas seulement pour moi.” souffle-t-il, presque surpris de son propre bon sens alors que dans un moment pareil, il se demande même comment il parvient tout simplement à parler. “Je sais où tu vis, où tu travailles et ce que tu fais… Je passe mes journées entouré de Mangemorts, n’importe qui pourrait le découvrir et on serait tués tous les deux.” Et même s’il n’a pas d’affection particulière pour l’Ordre du Phénix, leur mission peut être compromise elle aussi. Et ça, il ne veut pas en être responsable, encore moins si c’est sa seule chance d’une vie heureuse. Elias doit bien s’en rendre compte. “Je ne suis pas fiable et tu le sais. Tu n’as peut-être pas envie de le reconnaître, mais tu sais au fond de toi que j’ai raison.” Il est égoïste et faible, ce n’est un secret pour personne. Dieu seul sait ce qu’il serait prêt à révéler pour sauver sa propre vie.

“Je vais seulement oublier que tu m’as pardonné, mais toi tu le sauras.” souffle-t-il alors qu’il glisse ses doigts entre ceux d’Elias. “Je serais plus heureux de t’imaginer en sécurité loin d’ici que de savoir que tu es juste là et qu’on ne peut pas être ensemble malgré tout. Et quand tout sera fini, quand vous aurez gagné, tu viendras me retrouver, pas vrai ?” La possibilité qu’il rencontre quelqu’un d’autre ne l’effleure même pas. Il ne voit pas d’autre fin que celle-là : Elias et lui, ensemble, dans un mois, un an ou dix, quelle importance ? Ses sentiments n’ont pas changé en douze ans, ce n’est pas une petite nuit effacée de sa mémoire qui y fera quelque chose. Il retire sa main de celle de l’homme et se tourne vers lui, puis lève son poing entre eux; son auriculaire relevé. “On fait un pacte ?” C’est un truc de moldu qu’il a appris d’Elias bien des années avant et cette promesse n’a pas plus de valeurs que celles qu’ils se faisaient autrefois, surtout pas en sachant que dans quelques minutes il n’en aura aucun souvenir, mais c’est l’intention qui compte, pas vrai ? “Promets-moi que tu viendras me chercher et je te promets que je viendrais avec toi cette fois.” Il attend patiemment que l’homme cède, ose même un sourire certes pas très convaincant, mais qu’importe. “Amor verus numquam moritur. Tu sais que je ne mens jamais en latin. Ce n’est pas un petit trou de mémoire qui va changer ça.”
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En quoi ça me soulagerait moi ? En quoi ça serait mieux ? Je refusais très clairement de voir les évidence, tout comme je refusais très clairement de voir ce que cela pourrait m’apporter. Pourtant il ne tarda pas à alimenter son moulin, à parler de ce qu’il savait sur moi, de ce qu’il faisait lui et du peu de fiabilité que l’on pouvait lui accorder. Je n’avais pas envie de le reconnaitre, c’était évident et pourtant… Que pouvais-je réellement y faire ? J’avais l’impression qu’il avait travaillé ses arguments, qu’il avait déjà tout préparé à l’avance. Je ne pouvais rien dire, rien fair si ce n’est regarder mon monde s’écrouler à nouveau. Il allait oublier que je lui avais pardonner, mais même si je le savais… Ca me changeait rien, je serais le seul à porter tout ça et si j’étais responsable… J’étais pas prêt… Seulement je n’avais pas mon mot à dire, il avait décidé, je ne serais plus qu’une pensée, plus une réalité effrayante. Alors quand il leva son petit doigt entre nous comme pour me faire promettre comme avant je fus abattu. Venir le chercher, je le ferais, mais que trouverais-je ? Il ne mentais peut-être jamais en latin mais face à la douleur, le plus simple était d’oublier, il me l’avait prouvé encore… Alors qu’est-ce qui me promettait que demain, quand repenser à nous, à Poudlard lui sera difficile, qu’est-ce qui m’assure qu’il ne cherchera pas réellement à tourner la page ? Rien, mais il avait prit sa décision, elle était cohérente, elle n’était pas à remettre en question, c’était ainsi. Alors je croisais mon doigts, absent, abattu par ce que j’allais faire. « Je viendrais… » me contentais-je de souffler avant de libérer nos doigts pour me pencher vers lui.

Si je devais lui dire au revoir, si il devait oublier nos retrouvailles, je voulais au moins me souvenir du gout de ses lèvres, de la chaleur de son souffle et de combien je l’aimais pour accepter des mois, peut-être des années ou même une vie de souffrance, de malheur. Je devais assumer mes erreurs, quoi que mon coeur désire vraiment, il ne devait plus contrôler mon existence. Alors je l’embrassais, je l’embrassais comme si c’était la dernière chose que je ferais avant de mourir, comme si je n’aurais plus que ça, comme si j’étais condamné. Je l’embrassais à en perdre mon souffle, à en oublier la triste réalité. Je l’embrassais. Et puis à moins de vouloir le tuer, je lui rendis sa liberté pour ne souffler que contre ses lèvres les seuls mots que j’aurais du lui dire toutes ces années, « Je t’aime. ». N’attendant pas que mon courage me quitte, je saisis ma baguette avant de murmurer ce qui le libérer de mon existence, du moins pour les derniers jours. Un simple sort, Oubliette, un simple mot pour une montage de souffrance. Ma malédiction.

Profitant alors de la confusion de ce sort sur son esprit, je partis, non sans que les larmes ne me brise un peu plus. J’aurais voulus naitre dans une autre famille, à une autre époque, j’aurais voulu que le monde tourne autrement, j’aurais voulu que… J’aurais voulu tellement de chose, mais le monde ne sera jamais fait pour des rêveurs et le seul moyen de faire que cette douleur disparaisse était bien de gagner cette guerre, d’éviter plus de violence et de libérer le monde du poids de cette folie. Nous devions gagner à présent, car au de la de la liberté, je devais le retrouver lui. J’avais le droit à cette vie, j’avais le droit de ne pas souffrir, j’avais le droit de… Non, pour le moment et avec tout l’optimisme du monde, j’avais surtout besoin d’un énorme pot de glace et d’une solitude renforcé. Je n’avais même pas envie de prévenir, d’expliquer, je voulais juste disparaitre, ne plus exister. Je voulais oublier ce que je venais de faire par amour et qui venait de me briser pour de bon. Je t’aime.
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— Il est passé devant ce bâtiment des centaines de fois au moins. Ce n’est qu’un vieux bâtiment comme il y en a tant à Londres, d’où sortent des moldus à longueur de temps. Rien d’intéressant aux yeux de Will, au point qu’il n’y a jamais regardé à deux fois. Il passe devant quand il se surprend à marcher en ville, un peu au hasard, juste pour le plaisir de se tenir un instant loin du monde auquel il appartient vraiment, sans avoir à le quitter vraiment. C’est ce qu’il fait aujourd’hui encore : marcher, sans aucun but précis, profiter simplement d’une petite pause avant que la réalité ne le rattrape. Il avance sans faire attention, reconnaît tout juste la rue dans laquelle il s’engage parce qu’il sait qu’il est déjà passé par là avant, sans savoir quand, pourquoi. Et puis, il passe devant ce bâtiment et…

Il n’y a pas d’explication, rien qui lui vient en tout cas. Son regard se pose sur la porte et il s’arrête au milieu du trottoir. Il sait que c’est une bibliothèque, pour avoir lu le panneau une fois en passant devant. Elle ne lui est familière que comme ça, rapidement, pour l’avoir aperçu du coin de l’oeil et pourtant, il se tient là et quelque chose le pousse à rester immobile. C’est juste là, dans un coin de sa tête, une information qui existe mais sur laquelle il n’arrive pas à s’arrêter. Ça devient vite frustrant. Il a beau se concentrer, essayer de dissiper le brouillard de toutes ses forces, rien à faire. C’est un trou noir, littéralement. Hésitant, Will regarde autour de lui, observe la rue et les gens qui passent sans le regarder, comme s’il craignait d’être suivi. Il ne compte pas suffisamment pour ça, mais les choses qui se passent ces temps-ci ont de quoi rendre paranoïaque n’importe qui. Quand il a la certitude que personne ne fait attention à lui, il monte les quelques marches et passent les doubles portes en bois, pénétrant dans l’immense bibliothèque où le silence est si profond qu’il lui arrache un bref frisson.

Il y a pourtant du monde, mais c’est un sanctuaire ou presque. C’en est un pour lui, il se sent immédiatement bien ici, malgré tous les moldus qui hantent les lieux et n’hésite pas plus que ça à s’engager dans les allées. Très vite, il se détend et oublie même qu’il est entré ici à cause d’une drôle d’impression à laquelle il n’a toujours pas trouvé d’explication. Peut-être que ça vient simplement du fait que c’est une bibliothèque, après tout. Ses doigts glissent au hasard sur les tranches des ouvrages alors qu’il avance et s’enfonce sans aucune destination en tête. Ça lui rappelle Poudlard, en fait. La même fraîcheur est maintenue par les murs épais de pierres. Il y a des livres à perte de vue. Il repense aux heures qu’il a passé enfermé dans cette pièce à l’école de magie, à absorber toutes sortes d’informations. L’odeur de vieux livres qui flotte inexorablement dans l’air. “Elias…”

En plein milieu d’un rayon, Will s’arrête brusquement alors que le nom de l’homme auquel il pensait justement lui échappe. À quelques pas devant lui, il est là, comme une apparition. La dernière fois qu’Elias s’est tenu devant lui, son visage portait encore les traces de l’adolescence. C’est un homme, désormais, mais son identité ne fait aucun doute. Will reconnaîtrait son visage entre mille. Son coeur manque un battement, tandis que le sourire nostalgique qui étirait ses lèvres jusqu’alors s’efface brusquement. Ils ne se sont pas adressés la parole depuis douze ans et toutes ces années lui reviennent soudainement en pleine face. La meilleure chose à faire serait sûrement de tourner les talons et de disparaître au plus vite, mais il en est incapable, paralysé par ce face à face inattendu. “Quelle surprise…” souffle-t-il quand il parvient à retrouver un peu de ses esprits, à la fois soulagé et mortifié d’entendre l’indifférence de sa propre voix. “Moi qui t’imaginais coulant des jours heureux à l’autre bout du monde... Qu'est-ce que tu fabriques ici ?” Et vraiment, il aurait préféré que ce soit exactement ce qu’Elias aurait décidé de faire après le retour du Seigneur des Ténèbres, mais on ne peut pas toujours avoir ce qu’on veut, n’est-ce pas ?
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Que pouvait-il y avoir de plus douloureux que ce que je venais de faire ? Effacer quelques souvenirs définitivement trop douloureux pour être supporté par amour était un sacrifice plus compliqué à vivre que le reste. Le monde tombait en ruine et l’amour n’était pas assez fort pour nous aider à traverser ça. J’étais seul, seul à savoir, seul à attendre, à espérer, à croire en un mieux, mais j’étais seul. Au bout d’un moment j’avais arrêté de pleurer, mais le vide n’avait fait que grandir, qu'augmenter dans mon coeur jusqu’à devenir trop fort pour moi. Alors je ne réagissais plus vraiment, j’étais absent, perdu dans un océan de doute, de question, d’interrogation. J’écoutais à moitié, j’étais comme choqué, si bien que l’on avait arrêté de chercher à savoir. Il s’était passé quelque chose de suffisamment grave pour marquer mon esprit, mais l’explication ne viendrait pas. Elle ne pouvait pas de toute façon. Allez imaginer l’ordre apprendre que j’avais eu une relation avec un partisan, que j’avais risqué la réussite d’une mission pour lui. Même si il avait tout oublié, j’avais choisi l’homme et non eux, enfin choisi… Un stupéfix n’était pas un choix, mais le fait est que c’était vrai, que je n’étais pas revenu, que je n’avais pas usé de la magie en premier. Et puis pour ici, pour ma collègue, elle ne pouvait pas comprendre, pour elle ce n’était qu’un chagrin d’amour, pas une décision majeur pouvant changer la face du monde. De mon monde. Alors je ne disais plus rien, je me contentais de sourire faussement et de faire mon travail, je me contentais d’exister, d’espérer que le monde change pour nous, pour réussir à le retrouver. Je devais simplement attendre que l’orage passe et le reste reviendrait tout seul.

Pour l’heure j’avais quelques livres à remettre en rayon, pas grand chose d'intéressant, mais ça avait au moins le mérite de me faire penser à autre chose, enfin c’était le cas tant que je ne tombais pas sur du Shakespeare comme à cet instant. Romeo et Juliette ? L’univers souhaitait me rappeler ce que j’avais fait et ce que je devais vivre ? Replaçant le livre à sa place avec amertume, j’étais à des années de m’attendre à la suite, à quelque chose d’encore plus douloureux qu’un simple bouquin. Pourtant j’entendis mon prénom au loin et en relevant les yeux je le vis lui, ici, dans cette bibliothèque. Quelles étaient les chances pour qu’il vienne ici sans se souvenir que je travaillais là ? Quelles étaient aussi les chances pour que ce soit pile quand j’étais hors de la réserve à ce moment là ? Le coeur serré, douloureux, je le fixais comme un animal pouvait fixer les phares d’une voiture au milieu de la route. J’étais heureux de le voir, mais j’avais envie de l’embrasser, de le convaincre qu’on pouvait le faire, seulement… Il avait tout oublié, sa réaction même le prouvait. Alors je restais là, à le fixer, à l’écouter me demander ce que je fabriquais ici alors qu’il m’imaginait loin. Il était si… Si neutre ? Si indifférent ? Rien de douloureux n’existait dans son esprit et j’allais devoir lui mentir car c’était la seule façon qu’il ne souffre pas.

« Je pouvais pas laisser ma grand mère toute seule, avec son âge elle a besoin qu’on s’occupe d’elle. », la réalité était qu’elle était loin d’ici, en sécurité, là où personne ne pourrait la trouver et la blesser pour m’atteindre, mais ça, il n’avait pas besoin de le savoir. « C’est dur pour elle d’envisager de quitter sa maison. », j’étais droit comme un i, nerveux, et j’en donnais peut-être un peu trop, mais la nervosité de croiser un sorcier qui en savait beaucoup plus sur vous que n’importe qui pouvait justifier ça. « Qu’est-ce que tu fais ici ? Je croyais que tu t’étais débarrasser de l’aspect moldus de ta vie. » relançais-je en essayant d’être méchant, en vain, ça ne prenait pas, ce n’était pas crédible. J’étais tout au plus amère, mais bien loin de l’agressivité dont il avait eu à faire face à nos vraies retrouvailles. Je n’étais qu’un piètre acteur, mais ça n’aurait jamais dû se produire, il n’avait pas à être là.
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— Un mélange d’incrédulité et de colère s’installe peu à peu sur le visage de Will alors qu’Elias, sans l’ombre d’une hésitation, répond à sa question avec autant d’indifférence factice qu’il peut en montrer. Il ne brille pas par le réalisme de sa petite comédie de l’homme qui prend avec recul et indifférence une confrontation hasardeuse avec son ex-petit-ami, mais très honnêtement, la nervosité qu’il dégage n’est pas vraiment la préoccupation principale de Will. Les raisons qu’il propose pour justifier d’être encore à Londres alors que sa vie est en danger, c’est bien plus important, bien plus rageant aussi. Même sa piètre tentative de se montrer agressif ne fait aucun effet au Sang-Pur, qui arque seulement un sourcil à la fois perplexe et moqueur. “C’est un lieu public, non ? J’ai le droit d’y être comme ça me chante, ça ne regarde que moi.” Il ne va quand même pas se justifier sur ses faits et gestes. D’autant qu’il ne sait toujours pas ce qu’il fait vraiment ici. Tout à coup, il aurait tendance à se dire que peut-être une part de lui a senti qu’Elias se trouvait là aussi, mais c’est complètement ridicule et totalement impossible. “Et puis contrairement à toi, je ne risque pas de me faire tuer si on me trouve ici. Humilier, peut-être, et encore.” Il hausse les épaules, se force à montrer une certaine indifférence moqueuse, lui aussi, et s’en sort même beaucoup mieux qu’Elias en toute objectivité.

“Mais si tu veux mourir, je suppose que ce ne sont pas mes affaires.” Peut-être pas si bien, d’accord, car il y a clairement du venin dans cette remarque, une forme de reproche qui manque un peu de sens quand on y pense. Ça fait douze ans qu’il ne prête plus la moindre attention à cet homme, qu’est-ce que ça peut bien lui faire qu’il mette sa vie en danger ? Ce ne sont pas ses affaires et il n’a aucun droit de donner son avis, encore moins de lui en vouloir. C’est le cas, pourtant. Il lui en veut et il a du mal à le cacher. Tout comme il a un mal fou à tourner les talons et reprendre le cours de sa vie comme si de rien était. Ça n’a aucun sens, mais c’est Elias. Il peut jouer au gros dur, prétendre que ses sentiments pour cet homme appartiennent au passé, il peut mentir à Elias, essayer de se mentir à lui-même… ça ne change rien, ça lui fait quelque chose d’être là, face à cet homme, même après toutes ces années. Son regard, curieux et avide, arpente le visage de l’ancien Poufsouffle et son coeur bat la chamade alors qu’inévitablement, un flot de souvenirs envahit son esprit. Certains d’entre eux sont d’une indécence telle que finalement, gêné, Will détourne le regard et prétend s’intéresser aux étagères qui les entourent. Ses yeux se posent sur les livres les plus proches d’Elias et comme une mauvaise blague, il lit le nom de l’auteur sur la tranche. Shakespeare. Un rire désabusé lui échappe. C’est tellement improbable et pourtant évident. Une petite plaisanterie cosmique qui ne fait rire personne d’autre que le Grand Manitou qui tire les ficelles de leurs vies depuis son perchoir céleste.

Avant de réfléchir vraiment à ce qu’il fait, Will approche et se retrouve un peu trop rapidement presque contre Elias. Il ne semble pas le remarquer, pourtant, son attention totalement absorbée par les étagères. Il attrape un exemplaire de Roméo et Juliette qu’il se met à feuilleter distraitement. “J’ai comme une impression de déjà-vu…” souffle-t-il, le nez toujours dans le livre, “pas toi ?” Il relève les yeux vers Elias et lui fait le cadeau d’un sourire plutôt détestable. S’il devait s’expliquer sur ce qu’il fait ensuite, il en serait bien incapable. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il est toujours dangereusement proche d’Elias, qu’il tient toujours la pièce de théâtre ouverte entre eux et que, soudainement, ses lèvres sont près de l’oreille de l’homme, son souffle légèrement plus court et sa voix un murmure qui en dit long. “Toutes ces heures qu’on a passé cachés entre les étagères de la bibliothèque à Poudlard… C’est peut-être un signe du destin pour nous encourager à se replonger dans le bon vieux temps.” Il s’éloigne un peu, sourire satisfait aux lèvres, avant de fermer le livre d’un geste sec et de le remettre à sa place. Il croyait s’amuser un peu, mais finalement pas tant que ça. Et pourtant, l’envie de partir file à toute vitesse à mesure qu’il reste là, tous les prétextes deviennent bons pour prolonger un peu cette conversation qui n’en est pas une. “Depuis quand tu traînes dans des bibliothèques, de toute façon ?” demande-t-il, avant qu’une réponse plutôt évidente ne lui vienne à l’esprit comme une agression. “Ne me dis pas que tu es là pour un petit rendez-vous secret avec le nouvel homme de ta vie ?” Son jeu d’acteur est vraiment presque parfait.
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C’était en effet un lieu public, mais un endroit moldus, un endroit qu’il n’aurait connu que si je lui avais dit, enfin du moins c’était ce que je pensais. Cet espoir presque débile qu’il joue réellement un rôle pour vivre cette histoire sans encombre, mais je fus rapidement détrompé par la suite. Il ne parlerait pas avec autant de détachement de ma mort, pas si il savait. C’était l’homme que j’avais retrouvé, celui qui ne savait rien. « Je suis toujours pas lâche. » soufflais-je donc simplement, sans détours avant qu’il n’avance vers moi, qu’il se colle presque pour venir saisir le livre que je venais de ranger. Au moins je n’étais pas le seul à trouver ça ironique. Pas le seul à juger qu’une force supérieure jouait contre nous, sauf que lui en ria. Oui l’impression de déjà vu était bien présente, mais il n’avait pas idée à quel point cette proximité faisait écho en moi. J’avais qu’une seule envie, l’embrasser, faire exactement ce qui avait occupé certaines de mes journées durant des années… Ce fut sans doute pire quand il se pencha vers moi, quand il chercha à me rappeler ce dont je me souvenais parfaitement bien. Le problème dans tout ça c’était bien que la colère n’était plus qu’un lointain souvenir et qu’à cet instant j’avais pleinement envie d’y céder. Mais je ne devais pas, pas tant que l’on n’avait pas gagné, pas tant qu’un avenir n’était pas certain. Quoi qu’il en soit il était fort et si je ne savais pas parfaitement ce qu’il allait se passer à jouer ainsi, j’aurais pu me faire avoir. Sauf que non, je savais qu’il ne fallait pas, je savais que c’était une façade. Mais une façade douloureuse à revoir, quoique toujours mieux que ce désespoir qui m’avait brisé.

« C’est un lieu public non ? » répondis-je avec autant d’assurance que possible dans le simple espoir de ne pas refaire l’erreure, de ne pas trop en dire. Là au moins je ne mentais pas, je rejetais l’idée d’une réponse, j'éludais. « Y’a pas si longtemps que je me suis envoyé en l’air, mais le mec n’était pas prêt à s’engager et tu sais, je cherche toujours quelqu’un de vraiment sérieux. » j’étais moins convaincant que lui, à tout point de vu, mais j’essayais, je devais le garder loin le temps que cette guerre soit gagné et ce jour là je lui dirais la vérité, en admettant que cette nouvelle version de Will accepte la vérité, qu’il ne me condamne pas de lui avoir menti, lui qui voulait tout savoir. C’était un risque à prendre, mais je devais faire confiance en cet amour, en ce futur, je ne devais pas craindre, pas reculer, pas paniquer. Les choses finiraient par s’arranger. « Mais il fallait me prévenir si 12 ans après je dois te faire un rapport, on en aura pour un peu de temps, mais ca me dérange pas, j’aime toujours autant qu’on me colle dans une bibliothèque. », j’avais surtout le coeur qui battait la chamade, j’aimais pas ça. J’aimais pas avoir autant envie d’une chose et devoir à ce point m’en priver. Surtout que soyons honnête, de nous deux, j’étais celui qui avait les souvenirs les plus puissante d’une nuit avec l’autre et j’étais aussi le seul à me rappeler d’à quel point l’âge lui avait réussi.

« D’autre question à me poser Sherlock, ou je peux retourner à mes occupations ? » demandais-je alors en reculant d’un pas, puis d’un deuxième avant de buter dans le chariot. L’idée c’était d’éviter si possible qu’il sache, pour le reste, disons que je serais soulagé si il acceptait de partir. Ca m’éviterait de trop mentir, de trop manipuler la vérité. J’avais toujours eu horreur de le faire, mais surtout j’étais incapable de le faire efficacement face à lui. J’étais un livre ouvert pour lui et sans colère à déverser… C’était pire et peu convaincant.
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— A la réponse d’Elias, Will est incapable de retenir un sourire de lui échapper. Il en oublie momentanément l’inexplicable jalousie qui l’a frappé d’imaginer l’homme reproduire avec un autre ce qui n’aurait dû être qu’à eux. Il ne sait pas trop depuis quand l’ancien gentil Poufsouffle au grand coeur est devenu aussi corrosif, mais ça lui plait bien. Beaucoup trop. “En effet.” répond-t-il, sans faire le moindre effort pour cacher la satisfaction qu’il ressent pour l’instant. Très vite balayée par la remarque beaucoup moins plaisante, mais tout aussi venimeuse, qui suit. Ce ne sont pas ses affaires, d’accord et ce n’est que par fierté qu’il se retient d’exiger un peu plus d’informations. Mais franchement, n’est-ce pas un peu déplacé de faire étalage de sa vie sexuelle au nez de son ex ? S’il cherche à prouver qu’il a tourné la page pour de bon, c’est un échec autant qu’une perte de temps. Même si c’était vrai, l’ego surdimensionné de Will - entre autre - l’empêcherait de prendre cette possibilité au sérieux. Il se berce certainement d’illusion, mais il refuse d’imaginer un monde dans lequel un type au hasard soit en mesure de rivaliser avec lui. Il n’en reste pas moins agacé de la facilité avec laquelle Elias se permet d’évoquer les autres, ceux qu’il considère comme n’ayant aucun droit d’exister.

Son regard se détache brièvement d’Elias pour vérifier qu’ils sont tranquilles, que personne ne peut les entendre, car même s’il croit savoir que les moldus sont moins regardant sur la sexualité des uns et des autres, une vieille peur intériorisée depuis longtemps l’empêche de se sentir complètement à l’aise à la lumière du jour. “Tu n’es pas obligé d’entrer dans les détails,” reprend-t-il quand il est sûr que personne ne fait attention à eux, son regard revenant vite sur l’ancien Auror, “je peux me contenter des anecdotes vraiment intéressantes.” Hors de question qu’Elias se doute, même légèrement, de combien tout ça le met sur les nerfs. Il s’approche de nouveau après que l’homme ait essayé de lui échapper, décidant que la meilleure défense est et restera l’attaque. L’une de ses mains s’agrippe à l’étagère la plus proche, tandis que l’autre se referme sur le chariot derrière Elias, l’emprisonnant au passage.

“C’est nouveau, le Elias plein de sarcasmes et d’amertume ?” demande-t-il, curieux mais pas seulement. Ce n’est même pas entièrement nouveau, il n’a jamais eu trop de mal à rétorquer quand Will lui tapait vraiment sur les nerfs, mais ça fait sûrement trop longtemps pour sembler aussi peu naturel. “Ça me plait beaucoup, très sexy.” La vraie question ici, c’est plutôt de savoir pourquoi Will fait tout ça. Il n’a rien à y gagner, si ce n’est une terrible déconvenue, qu’importe qu’Elias se laisse prendre à son jeu ou non. Il est tout bêtement comme un drogué, incapable de résister à la tentation d’un petit fix alors qu’il est resté clean pendant plus de dix ans. C’est pathétique et un peu désespérant, surtout qu’Elias n’a pas l’air vraiment prêt à céder si facilement. Au contraire, en fait, il semble plus tendu qu’autre chose et ça se comprend, dans le fond. Ça n’en reste pas moins douloureux, sans trop savoir si c’est son coeur ou son ego qui est véritablement blessé.

Alors finalement, c’est à Will de reculer. Il libère Elias et l’observe un instant sans savoir quoi dire. Il voudrait avoir le courage d’arrêter de faire le malin pour se montrer sincère, mais ce n’est pas le cas. Il a trop peur d’être rejeté pour se le permettre et il n’arrive même plus tellement à conserver son air neutre. Il n’y a plus l’ombre d’un sourire sur ses lèvres, une trace de tristesse dans ses yeux qu’il pose ailleurs pour le cacher à l’homme. “Content de t’avoir revu.” souffle-t-il quand le silence menace de devenir gênant. Sa fierté l’empêche de sortir de la bibliothèque, mais pas de s’éloigner d’Elias pour aller se cacher dans l’allée suivante.
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Quand vous pensez réussir à jouer avec le feu sans vous bruler, n’oubliez jamais que le feu n’attends jamais sagement à sa place et qu’il voudra toujours mordre. C’était un peu ce qui venait de se passer, quoi que j’avais presque était fier de moi sur le coup tant il avait bien réagit au début, mais lorsqu’il s’approcha de nouveau, lorsqu’il me coinça, ce fut une toute autre histoire. Mon coeur s’emballait de nouveau, cette déclaration elle-même m’avait secoué, mais c’était bien cette proximité, le souffle que je sentais sur moi qui me rendait définitivement trop nerveux. Comment j’étais censé tenir ? Comment j’étais censé faire avec lui si j’étais incapable de rester insensible ? Je ne pouvais pas rester de marbre, je ne pouvais pas ignorer qu’il y a quelques nuits de ça, j’avais retrouvé l’amour de ma vie et que tout s’était embrasé… Will recula avant d’avoir les anecdotes qu’il avait réclamé et son attitude changea. Je savais pour l’avoir vécu quels étaient ses sentiments, je savais qu’il n’était pas si indifférent, qu’il était même jaloux à l’idée que je puisse avoir eu d’autres hommes que lui dans ma vie, je savais tous ça, sauf que lui ignorait que j’avais ces informations et je doutais qu’il apprécie de toute façon. Alors je le laissais reculer, fuir mon regard et disparaitre. Il n’était pas réellement content de m’avoir revu, je savais que quelque part en lui, savoir que j’étais là soulevait quelques problèmes qu’il ne pourrait plus oublier. Ce n’était pas si évident pour lui, ca ne le serait jamais.

C’était mieux qu’il parte, mieux que je ne lui cours pas après. On aurait tout le loisir de se retrouver après ça, on aurait tout le loisir de profiter l’un de l’autre quand cette guerre serait gagné, enfin en admettant que ça arrive un jour. Reprenant donc ce que je faisais avec une nervosité palpable, je passais dans le rayonnage suivant pour y remettre quelques ouvrages avant de retomber sur lui. Il ne devait pas partir ? Non, en fait il n’avait rien dit, je n’avais fait qu’une supposition hasardeuse et mauvaise. Toutefois pourquoi rester aussi prêt ? La conversation n’avait rien eu de plaisante alors quel était le but ? Pourquoi être resté ? « Tu cherches réellement un livre ou tu attends qu’un homme débarque pour le juger moins bien que toi ? » demandais-je à nouveau avec cette once de défis qui n’avait rien de naturel chez moi, seulement si c’était ce qu’il fallait pour que notre relation ne dérape pas de nouveau dans un sens qui ne pourrait pas lui être bénéfique, alors je prenais le risque. Je ferais attention, je prendrais garde, je ne laisserais plus rien naitre entre nous tant que la situation ne sera plus aussi dangereuse.

Certes c’était le plan tant qu’il restait loin de moi, la proximité était mauvaise, mais c’était un bon plan quand même. « J’apprécierais que tu partes en fait, j’ai aucune envie de passer mon après midi avec toi. », j’aurais du lui dire que j’étais content de l’avoir revu, mais contrairement à lui, ça ne faisait pas douze ans et logiquement, je ne pouvais pas mentir, enfin si, mais ne pas lui rendre cette politesse ne serait qu’une façon de simuler mon énervement, ma colère après son refus douze ans plus tôt. Ca donnait presque un sens. J’étais bien ridicule à me débattre, d’autant qu’être agressif ne m’avait en rien aidé la dernière fois, mais cette fois-ci, je savais à quoi m’attendre.
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— Dommage qu’il soit dans une bibliothèque, sans quoi Will se serait empressé de frapper dans quelque chose aussitôt qu’il n’est plus visible. Il se retient parce qu’il n’y a rien de tel pour se faire remarquer qu’un accès de violence gratuite. Ça ne devrait pas le surprendre pourtant, qu’Elias soit aussi désagréable. Ils ne se sont pas vraiment quittés en bons termes, mais c’est terriblement frustrant. Surtout parce qu’il n’a pas l’habitude d’être celui qui a le plus de mal à prendre du recul. Il est au-dessus de tout, de tout le monde, à une exception près dont il se serait bien passé. Au lieu de frapper au hasard dans une étagère, Will ferme les yeux et inspire un grand coup. Ce n’est pas grave, ou du moins c’est ce dont il essaye de se convaincre. Il a réussi à vivre sans problème ces douze dernières années, aucune raison que ça change maintenant et le comportement d’Elias a au moins eu le mérite de lui faire oublier son inquiétude. Tout va très bien, ou en tout cas, tout ira de nouveau très bien d’ici quelques heures. Il passe quelques secondes à se rassurer et s’encourager tout seul, puis rouvre les yeux et fait un tour sur lui-même pour filer d’ici tant qu’il en a encore la force.

Hélas, le destin s’acharne à lui mettre des bâtons dans les roues. Elias est de nouveau là, à croire qu’il l’a suivi et Will n’a même pas le temps de dire un mot qu’il se prend déjà une nouvelle remarque en plein visage. Autant les précédentes étaient à la fois charmantes et incisives, autant celle-ci est complètement bizarre et mystérieuse, pour Will en tout cas. En plus d’être blessé, le jeune homme commence même à perdre sérieusement patience. “Mais qu’est-ce que tu racontes ?” Non, mais, sérieusement ? C’est certes assez hypocrite de la part de Will de prétendre qu’il n’a jamais pris qui que ce soit de haut, mais il ne voit pas tellement ce que cette attaque gratuite vient faire là, ni même pourquoi Elias s’acharne à lui prendre la tête alors qu’il n’a clairement aucune envie de le voir. Comme pour le prouver, il en va même jusqu’à exiger que Will quitte les lieux, comme s’il était soudainement devenu le propriétaire des lieux.

Ce serait sûrement la meilleure chose à faire, mais il est allé beaucoup trop loin, la frustration et la colère sont telles que le Sang-Pur n’est plus du tout motivé à calmer le jeu et agir de façon mature. Déjà qu’il l’est très rarement. “Que je sache, j’ai le droit d’être ici. Je partirai quand j’en aurais envie.” informe-t-il tout d’abord, même s’il sait qu’il ne fera pas très long feu dès que cette conversation aura pris fin. “C’est quoi ton problème, Elias ?” demande-t-il ensuite, même s’il est rapidement clair qu’il n’a pas l’intention de laisser Elias s’expliquer avant d’avoir eu l’occasion de vider son sac à son tour. “Depuis quand t’es devenu aussi amère ?” Il est presque sûr de connaître la réponse à cette question tout seul et pour cette raison, il continue sur sa lancée. “Si ce que tu veux, c’est te venger parce que je t’ai fait du mal y a douze ans, alors tu perds ton temps, t’as pas besoin de t’en prendre à moi pour que je regrette ce que j’ai fait, ok ?” Non, en ce qui concerne les regrets et la douleur, il se débrouille très bien tout seul, vraiment. Le petit numéro que lui sort l’ancien Poufsouffle en ce moment est seulement agaçant. Ok, peut-être blessant aussi, mais vraiment pas nécessaire.

“Ça risque de te faire un choc, mais t’es pas le seul à avoir des sentiments, figure-toi. Si ça t’amuse, ne me pardonne pas, mais ne viens pas me coller ton mépris sous le nez.” Sans réaliser, il s’est de nouveau approché et ne s’en rend compte que quand il arrête de parler et que la proximité entre eux lui arrache un frisson. Il a du mal à croire que tous ces années passées ensemble n’ont plus aucune valeur pour Elias et pour preuve, la façon dont il se comporte ne caractérise en rien quelqu’un qui a tourné la page, mais… Comment est-ce qu’ils ont pu en arriver là ?
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Oui, j’aurais voulu agir normalement, ne pas l’attaquer car dans le fond il n’avait rien demandé, car cette histoire, cette colère, je l’avais déjà évacué, je l’avais pardonné. Mais ça, comment il pourrait l’admettre sans discussion ? Will commençait à s’énerver, c’était assez évident, et plus ça montait, moins j’étais capable de le gérer, pas avec ce qu’on avait vécu. Alors quel était le problème ? J’étais sûr qu’il le savait, j’étais sûr qu’il n’était pas dans le floue face à ça. Il avait refusé de me suivre, ca serait la meilleure des raisons, sauf que la réalité était différente, qu’il était question de ne pas le faire souffrir, question de ne pas l’étouffer avec une réalité douloureuse. C’était tellement plus complexe et il n’aurait pas le droit de savoir avant longtemps je le crains. Il parla lui même de ce qui avait pu se passer il y a douze ans, sauf qu’il refusait que je m’en prenne à lui pour qu’il regrette car c’était de toute évidence déjà le cas. Je savais, il y avait bien trop de chose que je savais. Qui rendaient ça encore plus douloureux. De nouveau il s’approcha, de nouveau il imposa une proximité dangereuse qui m'empêchait de réfléchir pleinement, qui m’empêchait de réellement faire la part des choses. D’autant qu’il fit par avouer quelque chose - du moins pour lui - qui serra mon coeur. Y avait-il quelque chose de plus cruel que ça ? Que tout savoir ? Qu’avoir des sentiments si fort qu’on devait se sacrifier pour avoir une chance de les sauver ? Fermant les yeux, j’essayais de retrouver mon calme, j’essayais de ne plus me noyer dans mes sentiments, en vain. Il était là, je l’aimais au point d’en souffrir, il n’y avait rien de plus à ajouter.

« Si on était parti il y a douze ans, je n’aurais pas besoin d’être aussi exécrable pour nous protéger tous les deux. » finis-je par avouer. Faire appel à son bon sens n’avait guère fonctionné la dernière fois, mais avec une nuit de moins ensemble, ça pourrait peut-être fonctionner, enfin c’est à ça que je me raccrochais. « Je t’en veux toujours, je suis toujours en colère, mais aujourd’hui c’est plus que jamais le cas. » continuais-je à voix basse, « Savoir que je suis ici, c’est aussi dangereux pour toi que pour moi, si on apprends, si on te vois avec moi… Tu sais comment ça se terminera et je sais aussi que s’il arrive quelque chose, tu auras beau convaincre les autres du contraire, mais tu n’iras pas bien. », je ne faisais pas l’erreur de l'accuser ou de dire qu’il était capable de faire une telle chose. Je parlais bien du hasard qui pourrait jouer contre nous, le blesser, me faire tuer. Quand cette guerre sera fini, on passera tout le temps qu’on veut ensemble, mais d’ici là, il devait garder ses distances.

Conseil que j’aurais peut-être dû appliquer aussi, mais tout était bon à présent pour respecter sa décision à lui. Alors je posais ma main sur son bras, continuant un aveux qui était bien plus réel que je ne l’aurais voulu, « J’aurais vraiment voulu te revoir, t’en vouloir, te gueuler dessus, mais passer à autre chose en pouvant continuer à te revoir, en oubliant toute cette rancoeur et en arrêtant de me voiler la face concernant ce que j’ai toujours ressentis, mais je peux pas ok ? Je peux pas car admettre que j’ai encore des sentiments pour toi c’est dangereux et que je suis plus toléré dans ton monde. », baissant les yeux, j’avais le coeur lourd, vraiment, mais je devais de nouveau l’éloigner de moi, « Alors excuses moi de pas être courtois, ou civilisé, j’aime pas être comme ça, mais crois le ou non, tu me remercieras un jour d’avoir voulu garder mes distances avec toi. », tu l’avais demandé de toute façon, alors que faire ? Je lui serais fidèle, je respecterais son voeux, le Will devant moi ne saurait jamais.
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— Rien de tout ça n’a le moindre sens et pourtant, ça semble en même temps très cohérent. Les explications d’Elias sont aussi floues et incompréhensibles que parfaitement claires. Ce que Will ne comprend pas, surtout, c’est pourquoi il a la très nette impression de manquer toute une partie de cette conversation, alors qu’il aurait juré être là à chaque petite seconde. Ni pourquoi l’homme pense lui faire une fleur en se montrant à ce point désagréable. Le protéger, d’accord, mais le protéger de quoi au juste ? Il n’a rien demandé et ne voit vraiment pas pourquoi le fait de se montrer un tant soit peu courtois lorsqu’ils se rencontrent par hasard peut leur attirer le moindre problème. “Ce que tu racontes n’a aucun sens.” fait-il donc remarquer, désagréable lui aussi, puisque c’est visiblement la façon dont ils doivent communiquer désormais. “Je ne t’ai jamais demandé d’admettre quoi que ce soit. Seulement d’être un peu poli. On a quand même passé trois ans de notre vie ensemble. Je peux comprendre que tu m’en veuilles, mais ça n’a vraiment pas assez de valeur à tes yeux pour mériter un minimum de respect quand on se croise deux minutes ? Ne pas renouveler ton amour éternel chaque fois qu’on a le malheur de se tomber dessus ne te donne pas le droit de t’en prendre à moi gratuitement.” Il n’en demande tout de même pas trop, si ?

Et surtout, ça l’énerve prodigieusement de ne pas comprendre pour quelle obscure raison Elias se sent obligé de parler de ce qu’il ressent. Ils ne sont plus ensemble depuis douze ans. Ce n’est pas comme si Will s’était mis à lui courir après depuis peu et qu’il se devait d’être traité comme un prétendant éconduit. “Je ne suis pas en train de te supplier pour qu’on se remette ensemble, j’avais juste envie de te parler parce que je ne t’ai pas vu depuis douze ans et que tu as compté pour moi, figure-toi. J’espérais seulement qu’on puisse agir comme deux adultes après toutes ces années, mais j’ai eu tort, de toute évidence.” Ca n’explique vraiment pas ce qui fait croire à Elias qu’un jour ou l’autre, Will voudrait le remercier d’être à ce point exécrable, mais il n’est pas sûr d’avoir vraiment envie de le savoir.

“Et je ne sais pas trop pour qui tu me prends, mais je n’irai jamais dire à personne que je t’ai vu ici.” précise-t-il puisque de toute évidence, l’homme craint pour sa vie au point qu’il ne peut même pas supporter l’idée qu’ils se trouvent dans la même pièce, alors qu’ils sont en plein milieu d’un lieu moldu où personne de leur monde ne viendra jamais les chercher. “Même si tu te comportes comme un enfoiré en ce moment, je ne suis pas stupide au point de vouloir mettre ta vie en danger pour soulager mon ego blessé.” D’un pas, il s’éloigne et secoue la tête, plus désabusé qu’énervé finalement. “J’arrive pas à croire que tu sois devenu aussi aigri.” souffle-t-il.
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Bien évidemment que ça n’avait aucun sens, qu’il ne pouvait pas comprendre car ça reposait sur une conversation qu’il avait oublié et que j’étais le seul à porter. Il voulait simplement que je sois poli, pas une déclaration d’amour. De même il ne me suppliait pas, il voulait qu’on agisse en adulte, quant à ne jamais dire à personne qu’il m’avait vu… C’était lui-même qui m’avait dit de lui faire oublier car il y avait un risque. C’était douloureux, vraiment douloureux, mais je n’avais pas vraiment le choix, enfin lui aurait sans doute trouvé une solution, une autre façon de faire, mais si ce n’est l’aimer, j’étais incapable d’agir autrement. Soupirant, je me repose sur le chariot, clairement désabusé par cette situation qui m’obligeait à être tous sauf moi. Comment agir ? Quoi dire ? Quoi faire ? « Ca doit pas être facile pour toi, mais moi… Il me reste plus rien, si je la perds elle... », regardant le sol, je continuais, « C’est pas que j’ai pas confiance en toi… J’ai pas confiance dans le ministère, ni dans ce qu’ils peuvent faire pour avoir ce qu’ils veulent, pas plus que j’ai confiance en ce qu’un ancien Auror à comme valeur pour eux. », alors imagine ce que ça fait si l’Auror est un membre de l’Ordre ? Ca aurait été bien qu’il parte en me pensant si con, mais je ne pouvais pas, j’avais eu trop longtemps de la colère pour lui pour pouvoir encore en ressentir. J’aimais Will et par amour j’avais accepté de souffrir seul.

« Je suppose que ça doit pas non plus être la joie pour toi ? Enfin je suppose que t’es pas un Mangemort, mais tu travaille toujours avec ces fous ? » je savais parfaitement dans quelle position il était, tout comme je savais pourquoi lui et son grand père avaient accepté de courber l’échine. La survie était un bon plan non ? Une bonne raison de se plier à des fous ? « Ca rend aigri de plus avoir d’amis, ni de travail, ni même de pouvoir regarder un match de Quidditch. » je ne relevais toujours pas les yeux, je n’assumais pas ce qu’il se passait, pas plus que je le supportais, « Je suppose que si les choses étaient différente, je t’aurais invité à boire un verre après t’avoir accusé de tous mes malheurs alors que c’est moi qui suis partis… Mais les choses sont comme elles sont et j’ai appris à me méfier de tout le monde, même de ceux en qui j’avais une confiance aveugle. », ceux qui en venait à oublier pour vous protéger…

Relevant les yeux vers lui, je continuais, « On est plus à Poudlard, c’est le vrai monde ici et ce monde… Enfin tu vois. », tournant alors la tête, je prenais un livre pour le remettre à sa place, je continuais jusqu’à avoir rangé tout ce que je pouvais ici, « De Auror à bibliothécaire… C’est presque ironique. », soufflais-je tendu, mais moins… Incisif. Je devais composer, trouver un juste milieux qui ne soit pas si… Douloureux.
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— Will se demande sérieusement ce que l’homme imagine de ce à quoi ressemble sa vie. Elle doit être merveilleuse, en tout cas, dommage que la réalité ne colle pas vraiment. “Tu crois que ça me plaît de vivre comme ça ?” s’étonne-t-il, quoi que ça ressemble plutôt pas mal à une autre façon d’exprimer sa colère. “Je pensais que tu me connaissais un peu mieux que ça.” Will a des défauts, ça personne ne peut le nier, mais de là à oublier toute forme d’estime qu’il pourrait avoir pour Elias… Ce serait peut-être mieux si c’était le cas, cela dit. Plus simple pour lui, pour tous les deux. Plus dangereux aussi, de quoi justifier la crainte pour le moins étonnante que ressent Elias à son égard, et qu’il cherche désormais à expliquer. Will l’observe, dépité, alors qu’il l’informe que son manque de confiance ne lui est pas réservé exclusivement. “Je ne suis pas sûr de saisir l’ironie.” souffle-t-il quand l’ex-Auror en a terminé. Et c’est vrai qu’il ne comprend pas vraiment. Peut-être même qu’il envie un peu Elias, comme il l’a toujours fait d’une certaine façon. Son courage, sa force et sa capacité à assumer ce qu’il est, entièrement. Il est convaincu que si le monde avait été autrement, il aurait pu être comme ça lui aussi, mais hélas il n’a pas cette chance. “Parfois je me dis que je donnerais tout ce que j’ai pour avoir droit à ne serait-ce qu’une journée où je peux être moi-même sans la moindre conséquence derrière.” Il sait qu’il n’en fera pourtant rien, jamais. Qu’il ne survivrait pas deux jours sans la magie, son style de vie, ses habitudes. Qu’il est beaucoup trop lâche pour faire plus qu’en rêver.

Il regarde le sol un petit moment, tellement silencieux qu’il semble bien qu’il ne va plus rien ajouter. Quand il relève son regard vers Elias, un soupir lui échappe et ses épaules s’affaissent doucement. “Je te demande pardon, Elias.” Que l’homme accepte ou non de lui pardonner n’a même plus tellement d’importance. Ce qu’il a fait, il ne peut plus le réparer maintenant. Mais Elias a raison sur un point, s’il n’avait pas changé d’avis au dernier moment, ils seraient loin à l’heure actuelle et absolument pas concernés par cette guerre qui a tout pris à l’ancien Poufsouffle. “Je sais que je suis en partie responsable de ce que ta vie est devenue et crois-moi, je n’ai jamais voulu que ça se passe comme ça. Ni pour toi, ni pour nous.” Il avait seulement besoin de plus temps, ou à défaut, une chance de passer à autre chose. Il n’a eu rien de tout ça au final et visiblement, Elias non plus. “Je regrette de ne jamais avoir eu ton courage.”

Dommage que ça ne change plus rien aujourd’hui. C’est ce qu’il pense, mais pas ce qu’il dit pour autant. Quel intérêt ? Ressasser le passé n’a jamais aidé personne et les regrets ne servent à rien. Malgré tout, il y a un détail dans tout ça qu’il est difficile, pour ne pas dire impossible, d’oublier. Des sentiments dont Will aurait voulu ne rien savoir, car maintenant, il ne peut s’empêcher de se demander : et si ? Et s’il y avait une chance, une toute petite chance… “Viens dîner chez moi ce soir.” lâche-t-il, avant qu’il ne change encore d’avis. C’est une erreur, même lui le sait, mais il ne peut pas s’en empêcher. “Personne ne le saura. On pourra… Discuter.” Le pire, c’est bien qu’il n’a aucune autre idée derrière la tête. Il veut seulement parler, s’assurer qu’Elias lui pardonne peut-être. PAs qu’ils puissent recoller les morceaux, mais qu’il arrive à tourner la page, à l’oublier.
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Bien évidemment que je savais, tout comme je ne pouvais rien dire sur ce que je connaissais de lui. Ce que j’ignorais sans doute plus, c’était qu’il pouvait avoir ce désire de vivre comme un moldus pour être lui-même. Bon en même temps je voyais vraiment mal Will vivre sans magie, comme ça, devoir tout faire, ne pas claquer des doigts pour avoir quelque chose n’était définitivement pas dans son habitude. Même moi j’avais du mal, enfin c’était plus des habitudes à reprendre au début, c’était compliqué, mais on finissait par s’y faire, par y arriver, enfin pour un sang de bourbe comme moi. Pour quelqu’un qui n’avait jamais eu à ranger une chambre ou à porter ses courses ça pouvait être compliqué. Le plus compliqué au final c’était de garder un balais à bonne distance, ne plus pouvoir revivre la passion d’un match, ne plus risquer sa vie pour la beauté d’un sport… Bref ce n’était pas le moment d’y repenser, de toute façon ce monde n’était plus pour moi et Will aussi, enfin pour le moment. J’allais mettre gentiment fin à la conversation quand il demanda pardon. Fronçant les sourcils, j’avais un peu de mal à le suivre et ça du se voir car il précisa qu’il était en partie responsable de ce que ma vie était devenu et qu’il n’avait jamais voulu que ça se passe comme ça pour moi, pour nous. Fermant les yeux lorsqu’il fut question de courage, j’avouais que j’aurais voulu qu’il en ai avant de tout oublier, qu’il ne me laisse pas seul à affronter ça. « Will… » murmurais-je avant qu’il ne me prenne de nouveau de cours.

Il voulait que je vienne diner chez lui ce soir, il m’assurait que personne ne le saurait, qu’on pourrait discuter, mais l’hésitation qu’il avait eu un peu plus tôt me laissait entrevoir une fin de soirée que je connaissais déjà. « Tu sais faire à manger toi ? » demandais-je dans un sourire timide. M’approchant de lui, je posais une main sur sa joue le temps d’une caresse, le temps de lui voler encore un peu de temps, de souvenir pour tenir le coup jusqu’à la fin de cette guerre, « Si nous on le saura… » commençais-je en essayant le plus d’être juste, ce qui était difficile en cet instant, « On ne fera pas que discuter, enfin pour ma part je serais pas capable de faire autre chose que te parler, c’est faible, je sais, désolé, mais… Enfin tu dois comprendre. », on avait déjà dérapé et même si l’alcool avait joué, on avait dérapé, on avait fait une erreur et ça avait fini par arriver à ça, à ce degré de souffrance pour moi. « Et y’aura un après et va pas me dire que tu crois sincèrement qu’on saura reprendre nos vies après une soirée. Ça sera juste un enfer de devoir de nouveau prendre de vrai distance, alors autant éviter. » reculant d’un pas, je détournais les yeux pour éviter de trahir ce sentiment déjà bien réel.

« Mais tu pourrais repasser de temps en temps… Même si c’est uniquement pour conseiller des livres, ça sera courtois et moins dangereux pour nous deux… », la seule porte que je pourrais laisser ouverte sans me bruler, sans souffrir, sans me détruire pour lui. « Et c’est pas une question de confiance, juste je nous connais et je sais ce que ça fait de devoir arrêter… », il m’avait fallu douze ans pour pardonner, douze ans pour replonger et ressouffrir autant que le premier jour. Je savais aussi ce qu’il en était pour lui et même si il était question d’autre chose, d’une autre révélation… Il avait souffert dès mon retour.
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— D’une seule question, Elias parvient presque à donner un peu plus de légèreté à cette conversation qui en manque cruellement. C’est dommage que juste après, il soit celui qui approche. Sa main est à peine posée sur le visage de Will que ce dernier se tend brusquement. Il ferme les yeux le temps que le frisson passe, mais regrette de les avoir rouvert presque aussitôt que c’est le cas. C’est étonnamment difficile de rester là à regarder Elias dans les yeux pendant qu’il le rejette. Ça n’a pourtant rien d’une surprise, c’est ce qu’il fait depuis la seconde où ils ont commencé à se parler. Cette fois-là fait simplement un peu plus mal, en partie parce qu’il semble que ce n’est pas vraiment ce que veut Elias non plus. Et pour preuve, il a tout juste refusé l’invitation qu’il en lance une autre, sans doute bien plus raisonnable, mais tout aussi dangereuse. Will s’imagine déjà passer tout son temps dans cette foutue bibliothèque à le harceler jusqu’à ce qu’il accepte de lui laisser une autre chance. En quoi serait-ce mieux, au juste ? Peut-être que ça vient seulement de cette sale habitude qu’a Will à toujours obtenir ce qu’il veut, son refus qu’on lui dise non quand il a décidé qu’une chose devait se passer de telle ou telle façon. Peu importe les raisons, il ne veut pas accepter ce non.

Alors il s’approche à nouveau et referme sa main sur le poignet d’Elias, tire doucement mais fermement pour l’obliger à lui faire face. “C’est déjà trop tard.” souffle-t-il un peu durement. Mais c’est vrai, non ? Il y aura un après maintenant, aussi, même avec l’idée de revenir le lendemain ou le jour d’après. “Je peux rester à errer dans cette bibliothèque jusqu’à ce que tu acceptes, si ça peut te faire plaisir, mais tu sais aussi bien que moi que c’est ce qui finira par arriver.” Elias a rarement su lui dire non et malgré les efforts qu’il fait pour se montrer distant aujourd’hui, il n’a pas réussi à conserver son masque très longtemps. Rien que le fait qu’il soit encore là à répondre à Will, la façon dont il l’a touché, sa certitude qu’il ne saura pas se contenter d’une conversation… “Quel intérêt de nous faire perdre du temps à tous les deux pour le même résultat ?” Si l’un d’eux peut décider de ce qui se passera, c’est Will, ça a toujours été Will. Il impose son rythme et ne trouve le repos que quand il obtient exactement ce qu’il veut.

“Juste un dîner.” demande-t-il une fois encore. Il ne supplie pas tout à fait, mais c’est évident qu’il compte insister jusqu’à ce qu’Elias accepte. Sa main est toujours fermement accrochée à son poignet, il est évident aussi qu’il ne compte pas lâcher. Il n’approche pas davantage, cela dit, respecte au moins assez Elias pour ne pas le manipuler complètement. Parce qu’il pourrait, maintenant qu’il sait comment, que l’homme lui a avoué que la tentation est encore si forte. Il n’aurait même pas à se forcer et ne manquerait pas d’être convaincant. C’est un peu effrayant, quelque part, que l’attirance soit toujours là, toujours aussi forte, après toutes ces années. C’est presque comme s’ils s’étaient quittés la veille. “Je veux seulement qu’on parle. Je te promets que je ne tenterai rien et que je te laisserais partir si ça commence à mal tourner quand même.” Il ne promet pas de résister lui-même, mais il doit bien pouvoir y arriver. Ça ne peut pas être aussi difficile, ils ne sont pas des animaux. “Et je ne cuisinerai pas. Les elfes de maison peuvent s’en charger.” Ce qui n’est peut-être pas le meilleur argument pour convaincre Elias à première vue, mais c’est toujours plus rassurant que d’imaginer Will mettre un pied dans une cuisine, non ? “Ou alors, tu peux apporter quelque chose d’un restaurant moldu, ça m’est bien égal. Mon grand-père est en déplacement à l’étranger pour encore quelques semaines, on n’a pas de voisin. Personne ne saura jamais que tu es venu, ce sera toujours moins risqué que de parler ici.” Où, bien qu’il n’y croit pas tellement, le danger existe qu’un autre sorcier les voit ensemble.
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Un contact, un simple contact et déjà je fissonnais. Il était bel et bien trop tard, mais il ignorait à quel point. Je savais très bien qu’il ne lacherait pas, enfin même si j’essayais de me convaincre du contraire, je savais qu’il ne partirait pas. Soupirant face à cet aveux, j’eus envie de lui dire que nos envies n’avaient que très peu de poids ici comparativement à la raison, mais il insista de nouveau, réclamant juste un diné, m’assurant même qu’on ne ferait que parler et qu’il ne tenterait rien d’autre. J’avais même le droit de partir si jamais ça commençait à mal tourner. La dernière fois que c’était arrivé, nous avions fini dans un lit, alors je n’avais que très peu confiance en nous. En notre capacité à rester loin l’un de l’autre, en notre capacité à rester correcte, fort. Il assura alors qu’il ne ferait pas à manger, les Elfes étaient là pour ça, mais sincèrement, je n’avais pas spécialement confiance en eux, ni même était à l’aise avec l’idée de faire travailler d’autres créatures pour soi. Je préférais donc l’autre solution, elle était moins risqué et elle collait peut-être mieux à ce que je voulais faire. En fait elle ne collait à rien, mais comme bien souvent et avec toute la bonne volonté du monde, je n’arrivais pas à résister à Will. « Je ramènerais quelque chose. » répondis-je donc complètement résigné à l’idée de le garder loin de moi. Au pire, je serais celui qui partirait en premier non ? Même si j’étais incapable de lui résister je pouvais au moins être le plus raisonnable une fois sur place. On resterait sage, calme, on saurait se contrôler. Tout du moins moi. J’avais bien su me contenir 12 ans, c’est pas deux semaines qui allaient être compliqué non ?

Je pouvais tenir. « Je finis à 19h. C’est quoi ton adresse ? Avec les bus ça peut prendre du temps. », en réalité je savais que j’en aurais pour 45 minutes, mais je n’étais pas censé savoir exactement où il habitait non ? Ou du moins j’étais pas censé connaître le quartier, alors je ne pouvais pas m’avancer, ni même oublier cette question, « Et pas d’alcool. » ajoutais-je en sachant bien que la dernière fois, en plus de m’avoir fait craquer, j’étais aussi devenu locasse. Je ne pouvais pas non plus me permettre ça aujourd’hui. Je connaissais Will, en pas grand chose il pouvait deviner une montagne de réalité, ou de problème. C’était frustrant et douloureux de devoir lui tenir tête, de devoir lui mentir, mais c’était nécessaire. Je devais nous protéger jusqu’à ce qu’on gagne, ce jour là… Ce jour là serait différent.

« Et juste parler, j’ai pas envie de devoir te dire non, alors promets moi que tu ne tenteras vraiment rien ? », même si en toute franchise, si il se passait quelque chose, ça serait mémorable. Pour l’avoir vécu, si on était pas mauvais à l’époque, à présent c’était exceptionnel. Certes le manque de lui avait sans doute joué, mais bien au delà de ça il y avait une maturité et un gain d’expérience bien plus significatif. « Ca te vas ? » demandais-je un peu nerveux. Il n’avait pas vraiment le choix en soit, soit c’était comme ça, soit d’une manière ou d’un autre j’allais devoir prendre des distances pour nous éviter un nouveau crash en plein vol.
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— Si Will tire une certaine satisfaction à convaincre Elias si facilement, il n’en montre rien. Est-ce vraiment une victoire, de toute façon ? Seul l’avenir le dira. Pour l’heure, il se contente de préciser les termes de leur rencontre et s’empresse de quitter la bibliothèque avant que sa présence ne finisse par convaincre l’homme de changer d’avis. Il n’y a vraiment rien à préparer puisqu’Elias s’occupe du repas, mais Will rentre quand même immédiatement au Manoir dès qu’il est assez éloigné de la foule pour que personne ne le voit disparaître brusquement. Sa nervosité déjà palpable ne fait qu’empirer à mesure que l’après-midi s’étire en longueur et qu’il le passe seul à tourner en rond dans la maison bien trop grande pour seulement deux personnes. Au moins, quand l’heure du rendez-vous se présente enfin, il est plus que prêt : les elfes ont interdiction de le déranger à moins d’une urgence et bien qu’il ait assuré plusieurs fois à Elias qu’il ne voulait rien d’autre que discuter, on voit clairement qu’il a fait un effort pour être présentable. Il ne cherche pourtant toujours rien de plus, mais il fallait bien qu’il occupe toutes ces heures qu’il a dû passer ici à faire autre chose que tourner en rond dans une pièce ou une autre.

Son état de nerf crève toujours le plafond quand, enfin, la sonnette annonce la présence d’Elias à la porte. Ça ne s’arrange pas vraiment quand Will va lui ouvrir et un bref instant, ils se retrouvent tous les deux plantés là, Elias sur le perron et lui sur le pas de la porte, à se regarder sans rien dire. C’est presque gênant. Ça le devient totalement quand Will se décide enfin à bouger et qu’il ne trouve rien de mieux à faire que d’avancer d’un pas pour prendre Elias dans ses bras. Il le serre dans ses bras un instant, probablement pas plus de quelques secondes, et s’éloigne quand il semble enfin se rendre compte que c’était une idée vraiment stupide. Plutôt que de l’admettre, cela dit, il se contente de se racler la gorge et de libérer l’entrée. “Entre, je t’en prie.” invite-t-il en accompagnant ses mots d’un geste de la main. Il referme la porte derrière Elias et le dépasse pour ouvrir la marche jusqu’à l’un des nombreux salons de cette maison, celui dans lequel il a ses habitudes depuis longtemps. Les couverts et assiettes sont déjà disposées sur la table basse, la cheminée est allumée, de même que des dizaines de bougies pour éclairer un tant soit peu la pièce. Tout a l’air prêt, sauf Will qui lui, donne plutôt l’impression d’être sur le point d’exploser.

Il s’asseoit sur le tapis, directement au sol, dans l’espoir que d’être posé l’empêche de se remettre à faire les cent pas, mais ne peut s’empêcher de triturer nerveusement ses couverts alors qu’il met un soin assez admirable à ne surtout pas regarder vers Elias. “Tu travailles dans cette bibliothèque, alors…” souffle-t-il finalement, décidant que quelques banalités ne peuvent pas faire de mal. “Je ne t’imaginais pas capable de faire un travail aussi… tranquille.” Le Elias qu’il a connu n’a jamais su tenir en place très longtemps et il voit mal comment se retrouver bibliothécaire peut lui offrir toute l’adrénaline dont il a besoin au quotidien, mais il préfère cent fois le savoir à s’ennuyer dans une bibliothèque plutôt qu’Auror risquant sa vie à tout moment. “Les choses ont un peu changé pour moi aussi, tu sais.” reprend-t-il, alors qu’il ose enfin lever un peu les yeux vers Elias, mais pas encore le regarder tout à fait en face. “Mon grand-père est au courant pour moi et, même s’il n’a pas spécialement envie que ça se sache, il… me soutient à sa façon.” Il dit ça avec de telles précautions qu’il devient assez évident que ce n’est pas juste pour faire la conversation. “Est-ce que t’es vraiment encore en colère après moi ?” La conversation qu’ils ont eu tout à l’heure ne fait toujours pas beaucoup de sens pour Will, mais il a bien du mal à s’empêcher d’espérer et d’imaginer bien des choses.
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J’avoue que j’avais été surpris qu’il m’invite au manoir, je pensais qu’il nous aurait emmené à son appartement, mais pour une raison que j’ignorais il préférait qu’on retourne au théâtre de notre séparation. Ne disant donc rien, j’avais attendu nerveusement là fin de mon travail pour sortir chercher à manger sans trop me prendre la tête. Il n’y avait rien de plus simple que de l’Italien et puis j’étais trop inquiet par ce qui allait se passer après pour réellement me prendre davantage la tête. J’avais donc fini par quitter Londres pour rejoindre sa banlieue et le Manoir qui était loin d’être entouré. J’avais eu vaguement l’idée qu’il puisse tendre un piège, mais il ne se souvenait plus, il n’y avait aucun risque, enfin je préférais le croire. Sonnant donc, je n’attendis pas bien longtemps derrière la porte avant de le voir pointer le bout de son nez. Il était… Bien habillé, bien plus que moi qui ne m’était même pas changé et qui avait ce même pantalon beaucoup trop sérieux, cette même chemise, ce même veston. Entrant donc je me laissais guider sans pouvoir retenir mon regard se levant vers l’étage où le drame c’était produit. Là où il avait tout oublié.

Arrivant dans un des salons, je découvre la table basse qui en dit plus, d’autant que l’ambiance laissait présager autre chose que quelque chose de sérieux. Autre chose qu’une discussion. Déposant mes affaires sur la table basse, je m’assois à mon tour sur le sol, à bonne distance de lui alors qu’il commence la conversation. C’est banale pour commencer, mais c’est presque bien si on en reste là. Sauf qu’il dévie sur lui, sur le fait que son grand père sait, qu’il ne voulait pas que ça se sache, mais qu’il le soutenait. En soit c’était une bonne chose, mais dans ce monde actuel, être soutenu ou pas ne devait pas changer grand chose car son monde le refuserait, pire, il pourrait le sanctionner. Mais cette déclaration, précédait sa véritable question. Est-ce que j’étais encore en colère contre lui ? La réponse était non, je lui avais pardonné, comme si je pouvais vraiment lui en vouloir longtemps, mais là… Aucune autre discussion ne devait avoir eu lieu, on devait-être au même stade lui et moi. « Faut être tranquille pour qu’on t’oublies. » répondis-je donc concernant mon travaille à la bibliothèque. Je voulais me donner plus de temps, je voulais éviter de répondre trop sèchement, trop rapidement. Pourtant ce n’est pas plus positif ici, c’était juste plus… Différent.

« Avec le temps c’est plus aussi fort, mais je t’en veux encore parfois. Quand je m’ennuie au travail, ou pour d’autres conneries du genre… Mais je suppose que je suis pas le seul a en souffrir alors je fais avec. », j’apprenais à prendre sur moi, je n’avais pas vraiment le choix. On était face à une réalité, celle où l’un comme l’autre étions en train de regarder le passé, sans grand succès. « Ton grand père te soutient comment du coup ? Il quitte le manoir pour te laisser ramener des mecs ?! », je savais ce qu’il avait fait, je le savais parfaitement, mais je mimais le contraire. Et puis cette pointe de jalousie était celle que je devais avoir non ? Même si je savais ce que je valais face à eux. « Pardon c’est déplacé, c’est juste que… », le regardant un instant avant de détourner le regard, je repris avec un sourire timide, « On va pas se mentir, quand on te voit comme ça c’est difficile de pas être jaloux des hypothétiques autres bénéficiant des faveurs de ton grand-père. », ça allait être compliqué, excessivement compliqué.
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— La conversation n’est pas évidente et l’ambiance loin d’être à la hauteur de ce que Will espérait. Ils n’ont pourtant échangé que quelques mots, presque rien au regard des douzes années qui viennent de s’écouler dans le silence, mais c’est déjà terriblement pesant. “Je n’invite pas d’hommes ici.” C’est tout ce qu’il dit pour expliquer à Elias comment son grand-père lui montre son soutien. Il ne parle pas de l’appartement, ne donne pas à l’homme le moindre détail sur sa vie amoureuse depuis qu’ils ne sont plus ensemble. C’est cruel et inutile, vraiment loin d’où il voulait en venir non seulement avec cette soirée, mais aussi avec cette remarque. “Et je ne vois pas trop l’intérêt de parler des personnes qu’on a fréquenté toi ou moi ces dernières années.” Sauf si le but est de blesser l’autre, en parler ne sert vraiment à rien et Will refuse de tomber aussi bas. “Tout ce que je peux te dire, c’est qu’il n’y a eu personne d’important. Je fréquente rarement des gens qui peuvent se permettre de prendre ce risque.” Il n’en a pas eu envie non plus, n’a jamais trouvé quelqu’un qui lui donne l’impression d’être à la hauteur d’Elias, mais ça non plus, ça n’a pas grand intérêt. “Il y a des choses qui ne changent malheureusement jamais.” Tandis qu’il fait cette remarque, son regard appuyé reste sur Elias. Il y a plus d’un sens à cette phrase et il ne doute pas que l’homme en comprendra toutes les implications. Certaines peuvent le surprendre, d’autres restent hélas terriblement décevantes.

“Qu’est-ce que je dois faire pour que tu me pardonnes, Elias ?” La question tombe un peu de nul part, mais pas tant que ça pour un observateur attentif. Will peut essayer de se persuader autant qu’il veut qu’il n’a pas de mauvaises intentions, aucune arrière-pensée, il n’en reste pas moins perturbé. Et c’est un euphémisme. Cette conversation qu’ils ont eu à la bibliothèque l’a touché plus qu’il ne l’aurait voulu, la réaction d’Elias, sa colère autant que ses aveux pas très bien cachés. “Je sais que ce que j’ai fait était… égoïste et je le regrette, crois-moi. Mais de l’eau a coulé sous les ponts, maintenant. Et la situation est différente pour nous deux, non ?” Aujourd’hui, ils n’auraient plus le choix que de se cacher, qu’ils le veuillent ou non. Ça ne change pas tout à fait le fond du problème, mais ce n’est plus la volonté de Will, bien loin de là. S’il avait le choix, il voudrait que tout le monde sache, pouvoir vivre heureux à la lumière du jour. “Je ne dis pas qu’on doit tout oublier, mais tourner la page… il est temps, tu ne crois pas ?”

Après ça, Will n’est pas encore tout à fait sûr de ce qu’il espère. Il sait où est Elias, maintenant, comment le trouver, comment le convaincre de lui succomber quoi qu’il demande. C’est un fait qu’il ne s’imagine pas capable d’oublier de si tôt. “Ça ne peut pas faire de mal d’en parler, de toute façon. C’est évident qu’on a encore tous les deux des choses à régler à ce sujet, alors faisons-le.” Il essaye de sourire, histoire de dédramatiser un peu la situation, car sa nervosité n’est pas prête de vouloir retomber. Maintenant que toute la soirée dépend en grande partie d’Elias, c’est encore pire. “Je sais qu’on avait dit pas d’alcool, mais si tu permets je vais quand même me servir un verre, j’en ai vraiment besoin.” Il lui demande son avis en grande partie par politesse et pour preuve, il n’attend pas d’avoir l’accord de l’homme pour se relever et aller chercher une bouteille de whisky dans le bar de son grand-père, à quelques pas de là.
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Cette version de Will était beaucoup moins prompt à en savoir sur ma vie sexuel et c’était pour le mieux, rejouer à ça ne me plaisait pas et le peu de sous entendu qu’il donna n’était pas pour me rassurer. Cette soirée ne finirait pas bien. Il demanda alors ce qu’il devait faire pour que je lui pardonnes. Rien, absolument rien, mais il ne comprendrait pas. Il avait été égoïste cette fois là, mais ici, il y a quelques jours de cela il l’avait été davantage. Seulement pouvais-je juger ? Non, si je n’avais pas fait le premier aveux tout aurait été mieux. Dans tous les cas il parlait de quelque chose d’assez… Dangereux pour nous. Les situations étaient différentes, quoi que l’on veuille vivre l’on ne pourrait y arriver, c’était trop dangereux. Fermant les yeux en le voyant se lever pour prendre de l’alcool, je savais dès à présent que la situation ne ferait que m’échapper, mais être là c’était pas un peu l’accepter ? « Tu devrais pas... », soufflais-je donc en le voyant prendre une bouteille de Whisky. Il ne devait vraiment pas. « On va parler, je vais finir par te pardonner, y’aura un truc dans l’air, tu vas t’approcher, je vais craquer, on va s’embrasser, coucher ensemble et demain on réalisera qu’on est dans une merde absolue au point que l’un de nous voudra tout oublier ce qui sera à la fois la meilleure solution, mais aussi la plus douloureuse. » déclarais-je en n’ayant pas à chercher bien loin. On avait merdé une fois, ça se reproduirait, quoi qu’il arrive et ça je ne pouvais pas me le permettre.

« T’as rien à faire pour que je te pardonne… Je suppose que c’est plus simple pour moi de t’en vouloir que de m’en vouloir à moi... », cette déclaration était simple et pourtant peu cohérente. « Si je n’étais pas parti, les choses seraient peut-être aussi différentes. », concédais-je donc à nouveau, « Dans une rupture y’a jamais qu’un fautif… C’est juste qu’après tout ce que j’avais accepté pour nous, j’avais cru pouvoir avoir ça, une vrai récompense… A savoir toi », mais je ne m’étais pas plus accroché que ça, j’avais abandonné. Regardant autour de moi, je voyais tout ce qu’il avait préparé, et un peu nerveusement, je brisais de nouveau ce silence, « Tu t’es donné quand même beaucoup de mal pour que ça ait l’air d’un rendez-vous galant. », à moins que ce soit juste la magie qui faisait ça, je ne savais plus à force.

Relevant les yeux vers lui, je prenais une grande inspiration, « Tournons la page. », ou parlons, l’un dans l’autre ça ne pourrait pas nous faire de mal. « Mais bois pas s’il te plait. », demandais-je à nouveau, bien qu’entre nous, le petit résumé de ce qui pourrait arriver pouvait-être assez alléchant, j’avais quand même souligné la complexité à se retrouver dans cette dernière. On se connaissait, il n’avait pas besoin de connaître la vérité pour savoir que c’était possible et bien au delà de ça, que c’était risqué. Les situations avaient changé, mais l’on ne pouvait rien se permettre.
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Bouteille à la main, Will revient près de la table basse, mais ne s’assoie pas tout de suite. Son sourire a disparu et son regard sérieux, un peu déçu, est posé sur l’homme assis au sol, avant de glisser lentement sur la bouteille dans sa main. Elias semble avoir longuement pensé à tout ça, finalement, leurs retrouvailles pourtant inespérées, les conséquences… L’histoire qu’il raconte, à la fois terriblement précise et très vague, n’est clairement pas le fruit d’une petite improvisation, mais le résultat d’une longue réflexion qui prend en compte chaque possibilité. Elle est bien loin d’effrayer Will, tout au contraire. Il n’a pas une vision aussi pessimiste qu’Elias de toute cette situation. “J’ai du mal à croire que je pourrais un jour regretter de passer une nuit avec toi.” souffle-t-il dans un sourire. Ça lui semble vraiment impossible, mais peut-être les souvenirs qu’il garde de leur relation se sont un peu embellis au fil du temps. Il n’a jamais rien regretté de ce qui est arrivé entre eux, en tout cas, si ce n’est que ça se soit terminé du fait de sa lâcheté. Il l’est toujours, mais c’est différent maintenant, non ? Il a de véritables raisons d’avoir peur, il n’est plus seulement question de ne pas décevoir son grand-père. “Elias, tu t’inquiètes beaucoup trop. Ce n’est pas un seul verre qui va me faire perdre le sens des réalités, je t'assure. Et si je tente quoi que ce soit, tu peux être sûr que l'alcool n'aura rien à voir là-dedans. Mais je te promets de me retenir autant que possible.” Il tient un peu mieux l’alcool que ça, tout de même et si ce n’était pas le cas, il n’a jamais insinué qu’Elias devait boire aussi.

Secouant la tête doucement, il se décide enfin à se réinstaller sur le tapis et verse un peu de whisky dans son verre avant d’abandonner la bouteille sur la table basse. Il n’en propose pas à Elias, évite même soigneusement son regard alors que l’homme admet finalement qu’il n’y a rien qu’il puisse faire pour qu’il accepte de lui pardonner. Sont-ils vraiment tous deux fautifs ? Will vient de passer douze ans à se convaincre que tout était sa faute et il peine à croire que ce ne soit finalement pas le cas. La décision prise par Elias ce jour-là… Il la comprend à défaut de l’accepter. Comme une provocation, quand l’homme le supplie une fois de plus de se passer d’alcool, Will lève son verre jusqu’à ses lèvres et avale une longue gorgée de whisky. Il inspire un grand coup ensuite et se force à relever les yeux vers l’homme. “Je t’ai fait une promesse et je ne l’ai pas tenue. Je me suis déjà excusé mille fois ce jour-là, mais je suis vraiment désolé, encore aujourd’hui.” dit-il très simplement. “Si la situation avait été inversée, je crois que j’aurais réagi comme toi. Je t’en ai voulu de ne pas comprendre sur le moment, mais… J’ai eu tort et je l’ai toujours su.” C’est plus facile à admettre qu’il ne l’aurait cru, peut-être parce qu’il sait bien que ça ne changera plus rien aujourd’hui. Même si Elias accepte de lui pardonner, même s’il semble assez évident qu’ils ont toujours des sentiments l’un pour l’autre, l’ancien Poufsouffle s’est montré assez clair sur le fait qu’il ne veut pas retomber dans ce piège et Will compte bien lui accorder au moins cela. C’est le moins qu’il puisse faire, après tout.

“Je comprends que tu ne veuilles pas qu’on retombe dans ce piège, mais… Ce qu’il y a eu entre nous, ça a vraiment compté pour moi, j’aimerais qu’on en garde tous les deux un meilleur souvenir.” avoue-t-il finalement, avant de forcer un sourire timide sur ses lèvres. Ça n’a probablement pas grande importance, dans le fond, mais ça l’est pour lui. Un soupir lui échappe, suite à quoi il vide son verre par une dernière gorgée et se prépare à affronter en face tous les reproches qu’Elias pourrait avoir à lui faire après toutes ces années. Il ne doute pas qu’il y en aura beaucoup, ça ne l’enchante pas tellement d’en avoir une liste détaillée, mais une fois que tout sera sorti, ils seront enfin libres de laisser tout ça derrière eux et c’est tout ce qu’il souhaite à Elias. Lui… Il n’est pas sûr de pouvoir un jour se remettre de cette histoire, mais il a toujours été très doué pour faire semblant et il sait depuis bien longtemps que le bonheur ne fera jamais vraiment partie de sa vie. C’est le prix à payer quand on aime un homme dans son monde, il a fait son deuil de cette réalité ou du moins, il cherche à s’en convaincre. “Si tu as envie de vider ton sac, fais-toi plaisir, je suis prêt.” offre-t-il, son ton faussement enjoué.
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