Alexander Wilson (Game of Blood)
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Date d'inscription : 05/04/2014
DOSSIER MINISTÉRIEL N° XXXX
Le nom de ma famille est WILSON et mes parents ont décidé de me nommer ALEXANDER. Je suis né le 15 OCTOBRE 1992 dans cette belle ville qu'est FAIR HAVEN (NY), ce qui fait que je suis aujourd'hui âgé de 28 ANS. Je suis un(e) sorcier(e) et de ce fait le sang qui coule dans mes veines fait de moi un CRACMOL. Lorsque j'étais enfant, je ne suis jamais allé à l'école de sorcellerie, ce qui m'a permis de devenir aujourd'hui SANS EMPLOI. Cette situation me permet également de gagner ma vie de manière DÉMUNIE et de vivre à LONDRES. Je suis CÉLIBATAIRE et d'ailleurs, j'ai une préférence pour LES HOMMES ET LES FEMMES. Je ne me suis jamais procuré de baguette magique. Je n’ai jamais pu sentir une potion d'amortentia, ni voir dans le miroir du rised. Il se trouve que je n'ai pas de particularité magique. Et pour finir je prête mon allégeance AU BLOOD CIRCLE.
QUELLE EST VOTRE ALLÉGEANCE ?
DÉVELOPPER QUEL CAMP VOTRE PERSONNAGE A CHOISI DE REJOINDRE : QUE PENSE-T-IL DE CETTE BATAILLE EN SOUS-MAIN ? A-T-IL UN AVIS SUR LES MOLDUS, LES SORCIERS ? QUE PENSEZ-VOUS DE LA PURETÉ DU SANG ? ETES-VOUS INVESTI, IMPLIQUÉ ?Dans cette guerre qui fait rage, on a choisi le camp d’Alexander pour lui il y a bien longtemps. Né différent, inapte, dans une famille de Sang-Purs, il a essayé de toutes ses forces d’ignorer le monde des sorciers, mais le monde des sorciers n’a jamais voulu le laisser mener sa propre vie loin d’eux. Aujourd’hui, il voue une haine sans borne aux sorciers, quels qu’ils soient et puisqu’ils refusent de le laisser tranquille, s’est donné comme mission personnelle de tous les éradiquer. Il est un membre convaincu et zélé du Blood Circle qui n’hésite devant rien pour mener à bien leurs actions contre ce monde qui doit disparaître au plus vite.
CARACTÈRE
Essayer de comprendre Alexander, c’est comme lancer une pièce. On ne sait pas ce qu’on aura avant qu’il soit trop tard. Il n’a pas deux facettes, pas vraiment. Plutôt deux vies. Avant ou après. Pile ou face. Elles s’entrelacent langoureusement alors que la pièce vole dans l’air, et puis… Le métal touche le sol et le résultat apparaît. On ne peut plus rien y faire.
Pile. Le jeune homme joyeux d’autrefois. Certains s’en souviennent peut-être, de cette époque où Alexander souriait malgré les épreuves que la vie a décidé de mettre sur son chemin. Son optimisme, sa résilience. Il n’est pas naïf, non, seulement décidé à prendre les choses en mains, à se battre pour lui-même, puisque personne d’autre ne veut le faire. Il refuse de croire que tout est écrit d’avance, refuse de laisser la vie le malmener sans répondre. Ses propres parents l’ont rejeté, mais quelle importance ? Le sang n’a plus la moindre valeur pour lui depuis bien longtemps. Sa famille, il l’a trouvée tout seul. Auprès d’eux, il se montre combatif, loyal et même attentionné, à sa manière silencieuse qui place les actes au-dessus des mots, transforme les larmes de ses amis en rires et en petites vendettas secrètes qu’il prend plaisir à exécuter contre ceux qui blessent les siens. Téméraire, désespéré de vivre, il est ivre de justice, déterminé à prouver qu’il vaut la peine d’être aimé, qu’il est à la hauteur. Être auprès de lui, c’est s’attendre sans arrêt à des plaisanteries, des aventures, du bonheur. Il évite soigneusement les sujets fâcheux et se borne à n’être que lui, l’homme qu’il veut être.
Face. Ce sont d’abord des cauchemars, qui hantent ses nuits et le réveillent en sursaut bien avant l’aube. Des souvenirs de ces quelques mois de captivité polluent sans arrêt son esprit. Les sourires se font rares, jusqu’à disparaître complètement, pour laisser la place à des rictus effrayants. Le vide, la haine, le désespoir. Dans cette prison qui continue de le suivre partout, ces monstres ont pris tout ce qu’il était et l’ont déformé, perverti. Sa soif de justice devient un profond désir de vengeance. C’est son moteur, quand il parvient encore à réunir assez d’énergie pour avancer. Le reste du temps… Le vide vertigineux qui l’habite lui donne le tournis. Pour le chasser, l’humour et l’optimisme ne suffisent plus, alors il essaye autre chose. L’alcool. La drogue. Tout y passe et parvient le petit miracle de lui faire ressentir autre chose. Ça ne dure jamais, mais c’est mieux que rien. Autrefois taciturne, il est désormais silencieux, renfermé. Ses propres amis ne le reconnaissent plus. Fuyant, colérique, il faut s’armer de courage pour effleurer l’homme sous la carapace. Quelques débris de ce qu’il était autrefois jonchent encore le sol de la petite cellule dans son crâne où il garde le vrai Alexander captif. Sa confiance, déjà difficilement accordée, est jalousement gardée. Sa témérité frôle souvent les limites de l’autodestruction. Et la haine… La haine coule dans ses veines comme du poison. Par deux fois, Alexander a fait confiance à la vie. C’est une erreur qu’il refuse de commettre à nouveau.
Dans de rares cas, la pièce tombe sur la tranche. Derrière les ombres dans son regard, on croit apercevoir la silhouette de l’homme qu’il pourrait être. Il méprise ces quelques moments de faiblesse, qui lui rappellent que malgré tout ce qu’on lui a déjà pris, il a encore tellement à perdre.
PENSINE
C’est le grand jour. Pour la première fois depuis des années, Alexander est réveillé le premier. Il est trop nerveux et excité pour rester en place et, surtout, il ne veut pas perdre une seule seconde de cette journée pour un truc aussi banale et inutile que dormir. Son sac est fait depuis deux ou trois jours déjà, mais il le pose quand même au pied de son lit et l'ouvre une dernière fois pour s’assurer que tout est là. Ses maigres possessions au monde : quelques vêtements, quelques livres, de stupides petits objets sans aucune valeur qu’il accumule depuis des années. Une seule photo, usée, abîmée, de deux jeunes garçons qui posent devant la grille du foyer avec de grands sourires. Alors qu’il l'observe scrupuleusement, un sourire du même acabit s’installe sur ses lèvres. Il reste là, à sourire à la photo comme un crétin, presque une minute entière, puis la remet à sa place et referme le sac.
Pas de temps à perdre en nostalgie aujourd’hui. En vingt minutes, montre en main, Alexander prend une douche rapide - chaude, Dieu merci, les autres garçons endormis n’ont pas encore eu l’occasion d’utiliser toute l’eau chaude - et enfile le jeans et la chemise suspendus dans son armoire, au milieu de cintres vides. Il les a choisi avec soin pour l’occasion, ce sont les seuls de ses vêtements qui ne paraissent pas usés ou mal taillés pour lui. Pour le petit-déjeuner, il avale des toasts si vite qu’il manque de s’étouffer sur la fin. Quand il quitte la salle à manger, les vrais lève-tôts commencent seulement à pointer le bout de leurs nez. On lui offre quelques saluts, quelques mots, mais il n’a pas la patience de s’engager dans la moindre conversation qui dure plus de quelques secondes. De son pas pressé, il remonte dans sa chambre, récupère son sac et… N’a plus rien à faire pour au moins une heure.
Pour la première fois de la matinée, il prend le temps de respirer et de se calmer. Il s’asseoit sur le bord de son lit et observe soigneusement la chambre qui a été la sienne pendant sept longues années. Il a longtemps cru qu’il détestait cet endroit, ses murs blancs passés, le mobilier réduit au strict minimum et, surtout, les lits de ses camarades de dortoir. Fut un temps où l’un de ces lits avait été tiré pour venir se coller au sien et tout semblait un peu moins austère. Ce n’est plus comme ça aujourd’hui, pourtant il est pris d’une soudaine bouffée d’angoisse quand il réalise qu’il ne dormira plus jamais dans cette chambre. C’est le seul foyer qu’il ait connu depuis… Depuis avant. Ça va lui manquer. Il ne s’en doutait pas avant maintenant, mais ça va vraiment lui manquer. C’est ici qu’il a rencontré Keith. Ici qu’il est devenu quelqu’un. Alexander Wilson, fils de personne, mais heureux et aimé malgré tout.
Il a encore une heure à perdre, alors même si ça n’était pas prévu dans son programme de la journée, Alexander se lève et, son sac vissé sur l’épaule, sort dans le couloir. Tranquillement, il visite tous les recoins de l’immense bâtisse. La remise dans laquelle il a embrassé un garçon pour la première fois. La salle d’étude dans laquelle il s’est battu avec ce crétin qui se moquait sans arrêt de lui après l’avoir entendu parler de magie avec Keith. La rampe d’escalier contre laquelle il s’est fendu le front en chahutant avec un autre, pour s’amuser cette fois. Le pommier dans le jardin, au pied duquel il a enterré la voiture préféré d’un abruti qui s’en prennait à gamin à peine arrivé au foyer, pour lui faire payer. Les grilles devant lesquelles il a rencontré Keith pour la toute première fois. Il voit encore son sourire idiot, entend encore son bienvenue enjoué, comme s’il ne savait pas qu’il accueillait Alexander dans l’Enfer des laissés pour compte.
C’est drôle, mais comme une apparition, Keith se matérialise presque derrière les grilles au moment même où Alexander repense à cette journée. L’heure est venue. Aujourd’hui, Alexander fête ses dix-huit ans et est officiellement autorisé à quitter Greenwood. Comme convenu, Keith est venu le chercher, comme convenu, aujourd’hui commence leur nouvelle vie ensemble. Ce n’est qu’en croisant son regard que Xander réalise qu’il s’attendait un peu à ce que le jeune homme ne vienne pas. Ils se parlent tout le temps, pourtant, se voient souvent, mais… Peu importe le temps qui passe, les liens qu’on crée, on ne cesse jamais vraiment d’être un enfant abandonné, pas vrai ?
Timide malgré son sourire, il approche des grilles et de son meilleur ami. “Joyeux anniversaire, Alexander.” Pour toute réponse, le sourire de ce dernier s’agrandit un peu plus. Il ouvre les grilles pour laisser entrer son ami. Ils ont encore quelques considérations administratives à régler, mais bientôt ils pourront sortir d’ici. Ensemble, cette fois.
HISTOIRE
Cracmol. Pour la plupart des gens, c’est tout juste un mot, un enchaînement de son qui n’a aucun sens. Pour les familles de Sang-Pur les plus traditionnelles de ce monde, c’est une menace, une insulte, une malédiction. La première fois qu’Alexander entend ce mot, il n’a que dix ans. Longtemps après l’heure du dîner, l’excitation d’avoir passé toute la journée avec ses cousins refuse de l’abandonner aux bras de Morphée. Il pense déjà à la journée du lendemain quand il quitte son lit sur la pointe des pieds et descend au rez-de-chaussé, avec la ferme intention de passer encore un peu de temps avec les plus âgés réunis au salon. Sa main vient à peine de se refermer sur la poignée de la porte quand il l’entend. “Alexander est sûrement un cracmol !” Une salve de rires suit cette remarque de Tyler, le plus vieux de ses cousins. Il ne comprend pas vraiment pourquoi c’est drôle, ni même ce que c’est censé vouloir dire. En tout cas, les rires cessent complètement quand il entre dans le salon et observe Tyler de ses grands yeux brillants. Le jeune homme lui hurle de retourner au lit et il ne comprend peut-être pas ce qu’est un cracmol, mais à la façon dont Tyler le regarde, le dégoût dans ses yeux, il sait que c’est mal, très mal.
Cracmol. C’est un mot qu’on ne prononce pas dans sa famille. Quand il demande à sa mère, puis à son père, quelques jours après le départ de leurs proches, Alexander n’obtient aucune explication. Ses parents se disputent souvent après ça. Ils ne le font pas d’habitude, mais tout à coup Xander entend sans arrêt leurs murmures qui se stoppent net dès qu’il entre dans la pièce, voit les larmes dans les yeux de sa mère, la mâchoire crispée de son père quand il se met en colère. Il ne pose plus de question, dans l’espoir que tout rentre dans l’ordre, mais il continue de chercher. Tous les livres de la bibliothèque familiale y passent un à un, jusqu’à ce qu’enfin le mot mystérieux prenne tout son sens. Pourtant… C’est impossible, n’est-ce pas ? Alexander est né pour accomplir de grandes choses. C’est un sorcier. Toute sa famille ne contient que des sorciers. Pourtant… Plusieurs détails le frappent soudainement. Des murmures, des regards tantôt plein d’espoir, tantôt déçus. Il y a un malaise dans cette famille, installé depuis bien longtemps dont Alexander commence seulement à comprendre vraiment la teneur.
Disgrâce. Alexander a onze ans. Dans moins de deux semaines, il doit entrer à Ilvermorny. Ou du moins, ce sera le cas s’il reçoit enfin sa lettre d’admission. Le temps file à toute vitesse et la tension dans la maison est à son comble. Au fond d’eux, les trois membres de la petite famille savent tous que cette lettre n’arrivera jamais, que c’est terminé. Ce sont les deux semaines les plus bizarres de toute la vie du petit garçon, mais rien ne peut battre le jour de la rentrée. Sa mère ne sort pas de la chambre avant une heure avancée de l’après-midi, quant à son père il fait les cent pas dans son bureau une bonne partie de la journée. Xander, lui, reste caché sous les escaliers dans le hall d’entrée. Il n’en sort pas jusqu’au soir, quand son oncle arrive et qu’après une courte conversation avec son père, lui ordonne de monter chercher sa valise. Elle attend, toute prête, au pied de son lit. Sûrement l’œuvre d’un elfe de maison. Aucun de ses parents n’ose le regarder en face, alors que l’enfant se tient debout dans le hall, une main crispée sur la poignée de sa valise, l’autre fermement agrippée par la poigne de son oncle. Naïvement, l’enfant s’imagine que peut-être, ses parents ont trouvé une solution et qu’on l’emmène à l’école de sorcellerie. Il lui faut plusieurs heures pour comprendre son erreur.
Abandon. La chambre d’hôtel ne contient qu’un seul lit, qu’une seule fenêtre aussi. Alexander doit attendre que son oncle sorte et le laisse seul dans la petite pièce pour pouvoir regarder au travers sans se faire réprimander. Ils y passent trois jours, sans que le petit garçon ne voit rien d’autre que cette petite ruelle toujours vide, toujours sombre, à l’arrière de l’hôtel. Il a inventé un jeu qui consiste à murmurer des formules tout droit sorties de son imagination pour attirer des moldus dans la ruelle. Ça fonctionne parfois, il en est sûr, mais son oncle ne lui répond même pas quand il le lui explique, surexcité. Le matin du quatrième jour, ils sortent tous les deux de la chambre d’hôtel et marchent toute la journée dans les rues de Londres. Le soir venu, ils s’installent à une petite table dans le fond d’un restaurant presque aussi miteux que la chambre d’hôtel. Alexander avale quelques bouchées d’un repas écoeurant et s’endort, épuisé, sur la banquette. Quand il ouvre les yeux, quelques heures plus tard, ils se posent sur le visage inquiet de la serveuse, prête à finir son service et à fermer le restaurant. Son oncle n’est visible nul part. Il essaye de ne pas pleurer, il essaye vraiment. De s’expliquer aussi, d’assurer qu’on viendra le chercher bientôt, qu’il doit aller à l’école de magie. Des dizaines de visages différents passent devant ses yeux, ce soir-là. Tous semblent terriblement désolés. Et bien sûr, personne ne croit à ses histoires de magie. Des policiers l’accompagnent à l’hôpital, où il passe la nuit à pleurer, hurler et se laisser bercer par les calmants qu’on injecte dans ses veines pour faire cesser ses cris.
Renaissance. Greenwood. Le mot mystérieux se dresse au sommet de la grille en fer forgé. C’est l’une des premières choses que remarque Alexander, replié sur lui-même sur la banquette arrière du taxi qui le dépose devant son nouveau foyer. Ça lui rappelle un peu l’immense portail à l’entrée de sa maison à Fair Haven. Il n’a aucune envie d’entrer. Depuis des semaines, on le balade d’un endroit à l’autre, tandis que les services sociaux et la police tentent de retrouver sa famille. Une chose étrange s’est produite : quand on lui a demandé son nom, il a su dire qu’il s’appelle Alexander, mais… La suite lui échappe. Tout le monde dit qu’il y a une suite. Un nom de famille. Il se souvient de sa famille : son père, sa mère, son oncle et sa tante et leurs enfants. Il a une famille. Peut-être qu’ils n’ont simplement pas de nom rien qu’à eux ? Il a essayé de leur expliquer la magie, Ilvermorny, les balais volants, les baguettes et les Cracmols. Il a passé de longues semaines dans un hôpital aux fenêtres protégées par des barreaux, après ça. Et maintenant, il est là. Greenwood. La seconde chose qu’il remarque, c’est le garçon qui se tient, tout sourire, près de la porte du taxi, mais ne fait aucun geste pour l’ouvrir. Comme pour ne pas le presser, lui laisser le temps de venir de lui-même quand il sera prêt. L’homme derrière le volant de la voiture, lui, ne se montre pas aussi patient. Si Alexander se décide finalement à sortir, ce n’est que pour échapper à sa voix nasillarde. Il lève ses grands yeux tristes sur le garçon, d’ores et déjà effrayé. “Bienvenue ! Je m'appelle Keith et toi?” Il hésite un moment, puis lui dit, presque honteux. “Alexander.” Juste Alexander. Pas de famille pour lui. Le garçon lui sourit encore et, pour la première fois depuis longtemps, Alexander se sent juste un peu moins triste.
Famille. Se faire à Greenwood est difficile. La nuit, cauchemars et larmes. Le jour, honte et désespoir. Comment s’habitue-t-on à l’idée de ne pas être assez bien pour mériter l’amour de ses propres parents ? Heureusement, il y a Keith. Parfois, Alexander l’envie. Au moins, ses parents à lui sont morts, ils ne l’ont pas envoyé en exil parce qu’il n’était pas à la hauteur. Keith mérite qu’on l’aime, mérite d’exister. La nuit, il pousse son lit près de celui du Cracmol et lui parle, encore et encore, jusqu’à ce que les larmes sèchent. Alors, la jalousie s’envole pour laisser la place à quelque chose d’autre. L’amour. C’est un sentiment étrange. Effrayant. Et si, un jour, Keith réalisait qu’Alexander n’est rien, même pas assez bien pour avoir un nom rien qu’à lui ? L’amour. Il transforme la colère qu’Alexander ressent pour lui-même en haine envers ceux qui l’ont abandonné, ceux qui menacent de lui prendre Keith aussi à force de craindre de le décevoir. Un soir, le ventre serré par la peur, Alexander lui raconte tout. Toute son histoire, son univers fait de magie et de haine. Et Keith le croit. Il fait plus que ça, vraiment, continue de dormir près de lui, d’essuyer ses larmes, de tenir sa main. Continue de l’aimer. Pourquoi, comment, Alexander n’en sait rien, mais il goûte timidement à la saveur de l’espoir. Le terrible traumatisme d’avoir été rejeté par son propre sang ne le quitte jamais vraiment, mais à Greenwood, Alexander engage sa métamorphose. Peu à peu, il retrouve le sourire et le plaisir de vivre. Et c’est exactement ce qu’il choisit de faire. Vivre. Être heureux. Comme pour se venger, provoquer, ceux qui l’ont oublié. Après quelques semaines à Greenwood, l’administration de Grande-Bretagne lui fait un cadeau qui n’a pas de prix : un nom de famille rien que pour lui. Wilson. Il ne connaît aucun sorcier célèbre qui l’a déjà porté et ça le transporte de joie. C’est son nom, celui qu’il offrira à sa famille, celle qu’il choisira tout seul et que jamais, jamais, il n’abandonnera. Quand Keith quitte le foyer, deux ans avant lui, Alexander n’a pas le sentiment d’être abandonné et il en est le premier surpris. Ils ont des projets, des rêves à réaliser ensemble. Il sait que, quand il pourra sortir à son tour, Keith sera là.
Enfer. Pendant presque dix ans, tout est parfait ou presque. Keith et Alexander vivent pleinement chacune des promesses qu’ils se faisaient à la nuit tombée, impatients de découvrir autre chose que Greenwood. Ils ont leur bar, leur appartement, leurs aventures et leurs conquêtes. Il y a des moments difficiles, des disputes, mais quelle famille n’en connaît pas ? Et puis, un soir, sans crier garre, l’Enfer s’abat sur Terre. Pour le reste de sa vie, Alexander se remémorera cette soirée, se torturant sans cesse avec cette question : est-ce que j’aurais pu éviter ça ? Il marche dans une rue mal éclairée, insouciant, quand le sort le frappe et le plonge dans les ténèbres. Il aurait voulu que le sort ne se dissipe jamais, qu’il puisse passer le reste de sa vie enlacé par l’inconscience. Il aurait préféré mourir, plutôt que d’ouvrir les yeux dans cette petite cellule austère où on le gardera captif pendant quatre mois. Toutes les théories possibles et imaginables lui traversent l’esprit pendant les premiers jours, quand il ne se passe rien ou presque, qu’on le laisse enfermé là avec deux autres prisonniers sans leur expliquer ce qui se passe, ce qu’ils ont fait pour mériter ça ou ce qui les attend. Le pourquoi lui importe assez peu, de toute façon, mais ça lui permet de penser à autre chose que Keith, tout seul là dehors, à se demander pourquoi Alexander l’a abandonné à son tour. Ça l’empêche de s’attarder trop longtemps sur la possibilité de ne jamais le revoir. Finalement, on vient les chercher, l’un après l’autre. Alexander termine dans une autre cellule, tout seul. Et le véritable Enfer commence alors. Il est enragé, mais pas tellement surpris, quand il pose les yeux sur son tortionnaire pour la toute première fois et voit la baguette magique dans sa main. Une fois de plus, la magie vient à lui pour le détruire, il aurait dû s’y attendre. Son bourreau est un monstre au visage d’ange, dont les sourires charmeurs précèdent les pires tortures. Physiques, psychologiques, magiques ou non. L’homme a de l’imagination et élève la torture au rang d’art. Difficile de dire s’il vient à intervalle régulier, ou seulement au hasard de ses désirs pervers, le temps n’est plus qu’un concept flou que le cracmol peine à capter. Parfois, ses deux co-détenus sont présents et de nouvelles et inventives tortures sont déployées sur eux trois. Le plus souvent, ce n’est que lui et cet homme. Cette créature, car un être comme lui ne mérite pas le nom d’homme. La combativité met des semaines à se réveiller. Les premiers temps, Alexander rêve seulement d’abandonner, chaque fois que la douleur devient insoutenable et que les bras des Ténèbres se tendent vers lui pour l’enlacer, il les supplie de le garder. Malheureusement, son bourreau sait ce qu’il fait et ça n’arrive jamais. Si la Mort en personne le rejette, que lui reste-t-il ?
Désespoir. Ils parviennent à s’enfuir. Ou peut-être qu’on les laisse partir ? Le doute persiste longtemps après leur fuite, tant ça a semblé presque trop facile. Il ne s’est écoulé que quatre mois. Alexander refuse d’y croire totalement. Seulement quatre mois. Ça lui a semblé tellement plus long. Une bonne partie de l’homme qu’il était reste dans cette cellule et n’en sortira probablement jamais. Ce qu’il reste, la coquille remplie de haine et de vide, retourne prendre la place vacante qu’il a laissé dans son autre vie, sa vraie vie, aux côtés de Keith. Malheureusement où qu’il aille, il emporte ses blessures avec lui. Pour la toute première fois depuis qu’ils se connaissent, Alexander ne dit pas tout à son meilleur ami. Il ne sait pas trop pourquoi. Pour l’épargner ? Parce que c’est trop difficile d’en parler ? Quelques explications, vagues, insuffisantes, c'est tout ce qu'il parvient à donner pour s'expliquer. Le silence pèse sur leur relation comme une épée de Damoclès dont la pointe tranchante menace de les séparer à tout moment. L’existence qu’Alexander s’était difficilement forgé ne lui suffit plus, alors que le visage de son bourreau continue de le hanter chaque fois qu’il n’est pas concentré, de jour comme de nuit, que le moindre petit détail le replonge inévitablement dans cet Enfer. Un peu de saleté, un ustensile de cuisine, l’obscurité ou des notes de musique, … Le nombre de petites choses qui le rendent fou est impressionnant. Ses seuls moments de répit, il les trouve dans l’euphorie factice apportée par l’alcool, les drogues, le sexe. Le trouver sobre tient vite du miracle et Keith n’en peut plus. Qui pourrait le lui reprocher ? Aucune parole réconfortante, aucune menace en l’air, ne suffisent à ramener Alexander sur Terre. Alors, tout naturellement, quand le cracmol se pointe au travail complètement ivre et défoncé une énième fois, Keith laisse tomber les menaces et le renvoie réellement. Humilié, fou de rage et honteux, Alexander profite que l’homme doive rester au bar pour rentrer chez eux, rassembler ses affaires et disparaître.
Vengeance. Quelques temps, il reste avec Ange et Garnet, les deux autres survivants qui souffrent comme lui de ces terribles tourments. Un lien étroit et spécial les unit, alimenté par la haine qu’ils nourrissent pour leurs ravisseurs. Avec personne pour les raisonner, leur soif de vengeance n’a plus de limite et quand il est question d’agir pour l’étancher, rejoindre les rangs du Blood Circle apparaît comme une évidence. Toute sa vie, Alexander s’est laissé malmener par les Sorciers. Désormais, il compte bien leur faire payer à tous et ne trouvera le repos que quand ils auront tous disparu de la surface de la Terre. Le marquage et l’entraînement sont deux moments douloureux, qu’il accepte pourtant docilement. Il a vécu tellement pire, une brûlure et quelques courbatures ne lui font pas peur. Dans ses rares moments de lucidité, il regrette pourtant profondément le tour que prend sa vie. Keith lui manque cruellement, mais plus il avance dans sa quête de vengeance, plus il se dit que l’homme est mieux sans lui. En sécurité. Il l’a déçu, il le sait, mais il peut au moins se tenir loin pour s’assurer de le garder en vie. Cette excuse l’aide parfois à trouver un semblant de repos. Et au désir de se venger s’ajoute bientôt la promesse que, quand il sera venu à bout de cette guerre, il sera libre de retrouver son ami et sa vie. Hélas, Alexander joue à un jeu dangereux et combat des ennemis dont les ressources dépassent l’entendement. En un coup de baguette, le faible espoir de protéger Keith vole en fumée.
Le nom de ma famille est WILSON et mes parents ont décidé de me nommer ALEXANDER. Je suis né le 15 OCTOBRE 1992 dans cette belle ville qu'est FAIR HAVEN (NY), ce qui fait que je suis aujourd'hui âgé de 28 ANS. Je suis un(e) sorcier(e) et de ce fait le sang qui coule dans mes veines fait de moi un CRACMOL. Lorsque j'étais enfant, je ne suis jamais allé à l'école de sorcellerie, ce qui m'a permis de devenir aujourd'hui SANS EMPLOI. Cette situation me permet également de gagner ma vie de manière DÉMUNIE et de vivre à LONDRES. Je suis CÉLIBATAIRE et d'ailleurs, j'ai une préférence pour LES HOMMES ET LES FEMMES. Je ne me suis jamais procuré de baguette magique. Je n’ai jamais pu sentir une potion d'amortentia, ni voir dans le miroir du rised. Il se trouve que je n'ai pas de particularité magique. Et pour finir je prête mon allégeance AU BLOOD CIRCLE.
QUELLE EST VOTRE ALLÉGEANCE ?
DÉVELOPPER QUEL CAMP VOTRE PERSONNAGE A CHOISI DE REJOINDRE : QUE PENSE-T-IL DE CETTE BATAILLE EN SOUS-MAIN ? A-T-IL UN AVIS SUR LES MOLDUS, LES SORCIERS ? QUE PENSEZ-VOUS DE LA PURETÉ DU SANG ? ETES-VOUS INVESTI, IMPLIQUÉ ?Dans cette guerre qui fait rage, on a choisi le camp d’Alexander pour lui il y a bien longtemps. Né différent, inapte, dans une famille de Sang-Purs, il a essayé de toutes ses forces d’ignorer le monde des sorciers, mais le monde des sorciers n’a jamais voulu le laisser mener sa propre vie loin d’eux. Aujourd’hui, il voue une haine sans borne aux sorciers, quels qu’ils soient et puisqu’ils refusent de le laisser tranquille, s’est donné comme mission personnelle de tous les éradiquer. Il est un membre convaincu et zélé du Blood Circle qui n’hésite devant rien pour mener à bien leurs actions contre ce monde qui doit disparaître au plus vite.
CARACTÈRE
Essayer de comprendre Alexander, c’est comme lancer une pièce. On ne sait pas ce qu’on aura avant qu’il soit trop tard. Il n’a pas deux facettes, pas vraiment. Plutôt deux vies. Avant ou après. Pile ou face. Elles s’entrelacent langoureusement alors que la pièce vole dans l’air, et puis… Le métal touche le sol et le résultat apparaît. On ne peut plus rien y faire.
Pile. Le jeune homme joyeux d’autrefois. Certains s’en souviennent peut-être, de cette époque où Alexander souriait malgré les épreuves que la vie a décidé de mettre sur son chemin. Son optimisme, sa résilience. Il n’est pas naïf, non, seulement décidé à prendre les choses en mains, à se battre pour lui-même, puisque personne d’autre ne veut le faire. Il refuse de croire que tout est écrit d’avance, refuse de laisser la vie le malmener sans répondre. Ses propres parents l’ont rejeté, mais quelle importance ? Le sang n’a plus la moindre valeur pour lui depuis bien longtemps. Sa famille, il l’a trouvée tout seul. Auprès d’eux, il se montre combatif, loyal et même attentionné, à sa manière silencieuse qui place les actes au-dessus des mots, transforme les larmes de ses amis en rires et en petites vendettas secrètes qu’il prend plaisir à exécuter contre ceux qui blessent les siens. Téméraire, désespéré de vivre, il est ivre de justice, déterminé à prouver qu’il vaut la peine d’être aimé, qu’il est à la hauteur. Être auprès de lui, c’est s’attendre sans arrêt à des plaisanteries, des aventures, du bonheur. Il évite soigneusement les sujets fâcheux et se borne à n’être que lui, l’homme qu’il veut être.
Face. Ce sont d’abord des cauchemars, qui hantent ses nuits et le réveillent en sursaut bien avant l’aube. Des souvenirs de ces quelques mois de captivité polluent sans arrêt son esprit. Les sourires se font rares, jusqu’à disparaître complètement, pour laisser la place à des rictus effrayants. Le vide, la haine, le désespoir. Dans cette prison qui continue de le suivre partout, ces monstres ont pris tout ce qu’il était et l’ont déformé, perverti. Sa soif de justice devient un profond désir de vengeance. C’est son moteur, quand il parvient encore à réunir assez d’énergie pour avancer. Le reste du temps… Le vide vertigineux qui l’habite lui donne le tournis. Pour le chasser, l’humour et l’optimisme ne suffisent plus, alors il essaye autre chose. L’alcool. La drogue. Tout y passe et parvient le petit miracle de lui faire ressentir autre chose. Ça ne dure jamais, mais c’est mieux que rien. Autrefois taciturne, il est désormais silencieux, renfermé. Ses propres amis ne le reconnaissent plus. Fuyant, colérique, il faut s’armer de courage pour effleurer l’homme sous la carapace. Quelques débris de ce qu’il était autrefois jonchent encore le sol de la petite cellule dans son crâne où il garde le vrai Alexander captif. Sa confiance, déjà difficilement accordée, est jalousement gardée. Sa témérité frôle souvent les limites de l’autodestruction. Et la haine… La haine coule dans ses veines comme du poison. Par deux fois, Alexander a fait confiance à la vie. C’est une erreur qu’il refuse de commettre à nouveau.
Dans de rares cas, la pièce tombe sur la tranche. Derrière les ombres dans son regard, on croit apercevoir la silhouette de l’homme qu’il pourrait être. Il méprise ces quelques moments de faiblesse, qui lui rappellent que malgré tout ce qu’on lui a déjà pris, il a encore tellement à perdre.
PENSINE
C’est le grand jour. Pour la première fois depuis des années, Alexander est réveillé le premier. Il est trop nerveux et excité pour rester en place et, surtout, il ne veut pas perdre une seule seconde de cette journée pour un truc aussi banale et inutile que dormir. Son sac est fait depuis deux ou trois jours déjà, mais il le pose quand même au pied de son lit et l'ouvre une dernière fois pour s’assurer que tout est là. Ses maigres possessions au monde : quelques vêtements, quelques livres, de stupides petits objets sans aucune valeur qu’il accumule depuis des années. Une seule photo, usée, abîmée, de deux jeunes garçons qui posent devant la grille du foyer avec de grands sourires. Alors qu’il l'observe scrupuleusement, un sourire du même acabit s’installe sur ses lèvres. Il reste là, à sourire à la photo comme un crétin, presque une minute entière, puis la remet à sa place et referme le sac.
Pas de temps à perdre en nostalgie aujourd’hui. En vingt minutes, montre en main, Alexander prend une douche rapide - chaude, Dieu merci, les autres garçons endormis n’ont pas encore eu l’occasion d’utiliser toute l’eau chaude - et enfile le jeans et la chemise suspendus dans son armoire, au milieu de cintres vides. Il les a choisi avec soin pour l’occasion, ce sont les seuls de ses vêtements qui ne paraissent pas usés ou mal taillés pour lui. Pour le petit-déjeuner, il avale des toasts si vite qu’il manque de s’étouffer sur la fin. Quand il quitte la salle à manger, les vrais lève-tôts commencent seulement à pointer le bout de leurs nez. On lui offre quelques saluts, quelques mots, mais il n’a pas la patience de s’engager dans la moindre conversation qui dure plus de quelques secondes. De son pas pressé, il remonte dans sa chambre, récupère son sac et… N’a plus rien à faire pour au moins une heure.
Pour la première fois de la matinée, il prend le temps de respirer et de se calmer. Il s’asseoit sur le bord de son lit et observe soigneusement la chambre qui a été la sienne pendant sept longues années. Il a longtemps cru qu’il détestait cet endroit, ses murs blancs passés, le mobilier réduit au strict minimum et, surtout, les lits de ses camarades de dortoir. Fut un temps où l’un de ces lits avait été tiré pour venir se coller au sien et tout semblait un peu moins austère. Ce n’est plus comme ça aujourd’hui, pourtant il est pris d’une soudaine bouffée d’angoisse quand il réalise qu’il ne dormira plus jamais dans cette chambre. C’est le seul foyer qu’il ait connu depuis… Depuis avant. Ça va lui manquer. Il ne s’en doutait pas avant maintenant, mais ça va vraiment lui manquer. C’est ici qu’il a rencontré Keith. Ici qu’il est devenu quelqu’un. Alexander Wilson, fils de personne, mais heureux et aimé malgré tout.
Il a encore une heure à perdre, alors même si ça n’était pas prévu dans son programme de la journée, Alexander se lève et, son sac vissé sur l’épaule, sort dans le couloir. Tranquillement, il visite tous les recoins de l’immense bâtisse. La remise dans laquelle il a embrassé un garçon pour la première fois. La salle d’étude dans laquelle il s’est battu avec ce crétin qui se moquait sans arrêt de lui après l’avoir entendu parler de magie avec Keith. La rampe d’escalier contre laquelle il s’est fendu le front en chahutant avec un autre, pour s’amuser cette fois. Le pommier dans le jardin, au pied duquel il a enterré la voiture préféré d’un abruti qui s’en prennait à gamin à peine arrivé au foyer, pour lui faire payer. Les grilles devant lesquelles il a rencontré Keith pour la toute première fois. Il voit encore son sourire idiot, entend encore son bienvenue enjoué, comme s’il ne savait pas qu’il accueillait Alexander dans l’Enfer des laissés pour compte.
C’est drôle, mais comme une apparition, Keith se matérialise presque derrière les grilles au moment même où Alexander repense à cette journée. L’heure est venue. Aujourd’hui, Alexander fête ses dix-huit ans et est officiellement autorisé à quitter Greenwood. Comme convenu, Keith est venu le chercher, comme convenu, aujourd’hui commence leur nouvelle vie ensemble. Ce n’est qu’en croisant son regard que Xander réalise qu’il s’attendait un peu à ce que le jeune homme ne vienne pas. Ils se parlent tout le temps, pourtant, se voient souvent, mais… Peu importe le temps qui passe, les liens qu’on crée, on ne cesse jamais vraiment d’être un enfant abandonné, pas vrai ?
Timide malgré son sourire, il approche des grilles et de son meilleur ami. “Joyeux anniversaire, Alexander.” Pour toute réponse, le sourire de ce dernier s’agrandit un peu plus. Il ouvre les grilles pour laisser entrer son ami. Ils ont encore quelques considérations administratives à régler, mais bientôt ils pourront sortir d’ici. Ensemble, cette fois.
HISTOIRE
Cracmol. Pour la plupart des gens, c’est tout juste un mot, un enchaînement de son qui n’a aucun sens. Pour les familles de Sang-Pur les plus traditionnelles de ce monde, c’est une menace, une insulte, une malédiction. La première fois qu’Alexander entend ce mot, il n’a que dix ans. Longtemps après l’heure du dîner, l’excitation d’avoir passé toute la journée avec ses cousins refuse de l’abandonner aux bras de Morphée. Il pense déjà à la journée du lendemain quand il quitte son lit sur la pointe des pieds et descend au rez-de-chaussé, avec la ferme intention de passer encore un peu de temps avec les plus âgés réunis au salon. Sa main vient à peine de se refermer sur la poignée de la porte quand il l’entend. “Alexander est sûrement un cracmol !” Une salve de rires suit cette remarque de Tyler, le plus vieux de ses cousins. Il ne comprend pas vraiment pourquoi c’est drôle, ni même ce que c’est censé vouloir dire. En tout cas, les rires cessent complètement quand il entre dans le salon et observe Tyler de ses grands yeux brillants. Le jeune homme lui hurle de retourner au lit et il ne comprend peut-être pas ce qu’est un cracmol, mais à la façon dont Tyler le regarde, le dégoût dans ses yeux, il sait que c’est mal, très mal.
Cracmol. C’est un mot qu’on ne prononce pas dans sa famille. Quand il demande à sa mère, puis à son père, quelques jours après le départ de leurs proches, Alexander n’obtient aucune explication. Ses parents se disputent souvent après ça. Ils ne le font pas d’habitude, mais tout à coup Xander entend sans arrêt leurs murmures qui se stoppent net dès qu’il entre dans la pièce, voit les larmes dans les yeux de sa mère, la mâchoire crispée de son père quand il se met en colère. Il ne pose plus de question, dans l’espoir que tout rentre dans l’ordre, mais il continue de chercher. Tous les livres de la bibliothèque familiale y passent un à un, jusqu’à ce qu’enfin le mot mystérieux prenne tout son sens. Pourtant… C’est impossible, n’est-ce pas ? Alexander est né pour accomplir de grandes choses. C’est un sorcier. Toute sa famille ne contient que des sorciers. Pourtant… Plusieurs détails le frappent soudainement. Des murmures, des regards tantôt plein d’espoir, tantôt déçus. Il y a un malaise dans cette famille, installé depuis bien longtemps dont Alexander commence seulement à comprendre vraiment la teneur.
Disgrâce. Alexander a onze ans. Dans moins de deux semaines, il doit entrer à Ilvermorny. Ou du moins, ce sera le cas s’il reçoit enfin sa lettre d’admission. Le temps file à toute vitesse et la tension dans la maison est à son comble. Au fond d’eux, les trois membres de la petite famille savent tous que cette lettre n’arrivera jamais, que c’est terminé. Ce sont les deux semaines les plus bizarres de toute la vie du petit garçon, mais rien ne peut battre le jour de la rentrée. Sa mère ne sort pas de la chambre avant une heure avancée de l’après-midi, quant à son père il fait les cent pas dans son bureau une bonne partie de la journée. Xander, lui, reste caché sous les escaliers dans le hall d’entrée. Il n’en sort pas jusqu’au soir, quand son oncle arrive et qu’après une courte conversation avec son père, lui ordonne de monter chercher sa valise. Elle attend, toute prête, au pied de son lit. Sûrement l’œuvre d’un elfe de maison. Aucun de ses parents n’ose le regarder en face, alors que l’enfant se tient debout dans le hall, une main crispée sur la poignée de sa valise, l’autre fermement agrippée par la poigne de son oncle. Naïvement, l’enfant s’imagine que peut-être, ses parents ont trouvé une solution et qu’on l’emmène à l’école de sorcellerie. Il lui faut plusieurs heures pour comprendre son erreur.
Abandon. La chambre d’hôtel ne contient qu’un seul lit, qu’une seule fenêtre aussi. Alexander doit attendre que son oncle sorte et le laisse seul dans la petite pièce pour pouvoir regarder au travers sans se faire réprimander. Ils y passent trois jours, sans que le petit garçon ne voit rien d’autre que cette petite ruelle toujours vide, toujours sombre, à l’arrière de l’hôtel. Il a inventé un jeu qui consiste à murmurer des formules tout droit sorties de son imagination pour attirer des moldus dans la ruelle. Ça fonctionne parfois, il en est sûr, mais son oncle ne lui répond même pas quand il le lui explique, surexcité. Le matin du quatrième jour, ils sortent tous les deux de la chambre d’hôtel et marchent toute la journée dans les rues de Londres. Le soir venu, ils s’installent à une petite table dans le fond d’un restaurant presque aussi miteux que la chambre d’hôtel. Alexander avale quelques bouchées d’un repas écoeurant et s’endort, épuisé, sur la banquette. Quand il ouvre les yeux, quelques heures plus tard, ils se posent sur le visage inquiet de la serveuse, prête à finir son service et à fermer le restaurant. Son oncle n’est visible nul part. Il essaye de ne pas pleurer, il essaye vraiment. De s’expliquer aussi, d’assurer qu’on viendra le chercher bientôt, qu’il doit aller à l’école de magie. Des dizaines de visages différents passent devant ses yeux, ce soir-là. Tous semblent terriblement désolés. Et bien sûr, personne ne croit à ses histoires de magie. Des policiers l’accompagnent à l’hôpital, où il passe la nuit à pleurer, hurler et se laisser bercer par les calmants qu’on injecte dans ses veines pour faire cesser ses cris.
Renaissance. Greenwood. Le mot mystérieux se dresse au sommet de la grille en fer forgé. C’est l’une des premières choses que remarque Alexander, replié sur lui-même sur la banquette arrière du taxi qui le dépose devant son nouveau foyer. Ça lui rappelle un peu l’immense portail à l’entrée de sa maison à Fair Haven. Il n’a aucune envie d’entrer. Depuis des semaines, on le balade d’un endroit à l’autre, tandis que les services sociaux et la police tentent de retrouver sa famille. Une chose étrange s’est produite : quand on lui a demandé son nom, il a su dire qu’il s’appelle Alexander, mais… La suite lui échappe. Tout le monde dit qu’il y a une suite. Un nom de famille. Il se souvient de sa famille : son père, sa mère, son oncle et sa tante et leurs enfants. Il a une famille. Peut-être qu’ils n’ont simplement pas de nom rien qu’à eux ? Il a essayé de leur expliquer la magie, Ilvermorny, les balais volants, les baguettes et les Cracmols. Il a passé de longues semaines dans un hôpital aux fenêtres protégées par des barreaux, après ça. Et maintenant, il est là. Greenwood. La seconde chose qu’il remarque, c’est le garçon qui se tient, tout sourire, près de la porte du taxi, mais ne fait aucun geste pour l’ouvrir. Comme pour ne pas le presser, lui laisser le temps de venir de lui-même quand il sera prêt. L’homme derrière le volant de la voiture, lui, ne se montre pas aussi patient. Si Alexander se décide finalement à sortir, ce n’est que pour échapper à sa voix nasillarde. Il lève ses grands yeux tristes sur le garçon, d’ores et déjà effrayé. “Bienvenue ! Je m'appelle Keith et toi?” Il hésite un moment, puis lui dit, presque honteux. “Alexander.” Juste Alexander. Pas de famille pour lui. Le garçon lui sourit encore et, pour la première fois depuis longtemps, Alexander se sent juste un peu moins triste.
Famille. Se faire à Greenwood est difficile. La nuit, cauchemars et larmes. Le jour, honte et désespoir. Comment s’habitue-t-on à l’idée de ne pas être assez bien pour mériter l’amour de ses propres parents ? Heureusement, il y a Keith. Parfois, Alexander l’envie. Au moins, ses parents à lui sont morts, ils ne l’ont pas envoyé en exil parce qu’il n’était pas à la hauteur. Keith mérite qu’on l’aime, mérite d’exister. La nuit, il pousse son lit près de celui du Cracmol et lui parle, encore et encore, jusqu’à ce que les larmes sèchent. Alors, la jalousie s’envole pour laisser la place à quelque chose d’autre. L’amour. C’est un sentiment étrange. Effrayant. Et si, un jour, Keith réalisait qu’Alexander n’est rien, même pas assez bien pour avoir un nom rien qu’à lui ? L’amour. Il transforme la colère qu’Alexander ressent pour lui-même en haine envers ceux qui l’ont abandonné, ceux qui menacent de lui prendre Keith aussi à force de craindre de le décevoir. Un soir, le ventre serré par la peur, Alexander lui raconte tout. Toute son histoire, son univers fait de magie et de haine. Et Keith le croit. Il fait plus que ça, vraiment, continue de dormir près de lui, d’essuyer ses larmes, de tenir sa main. Continue de l’aimer. Pourquoi, comment, Alexander n’en sait rien, mais il goûte timidement à la saveur de l’espoir. Le terrible traumatisme d’avoir été rejeté par son propre sang ne le quitte jamais vraiment, mais à Greenwood, Alexander engage sa métamorphose. Peu à peu, il retrouve le sourire et le plaisir de vivre. Et c’est exactement ce qu’il choisit de faire. Vivre. Être heureux. Comme pour se venger, provoquer, ceux qui l’ont oublié. Après quelques semaines à Greenwood, l’administration de Grande-Bretagne lui fait un cadeau qui n’a pas de prix : un nom de famille rien que pour lui. Wilson. Il ne connaît aucun sorcier célèbre qui l’a déjà porté et ça le transporte de joie. C’est son nom, celui qu’il offrira à sa famille, celle qu’il choisira tout seul et que jamais, jamais, il n’abandonnera. Quand Keith quitte le foyer, deux ans avant lui, Alexander n’a pas le sentiment d’être abandonné et il en est le premier surpris. Ils ont des projets, des rêves à réaliser ensemble. Il sait que, quand il pourra sortir à son tour, Keith sera là.
Enfer. Pendant presque dix ans, tout est parfait ou presque. Keith et Alexander vivent pleinement chacune des promesses qu’ils se faisaient à la nuit tombée, impatients de découvrir autre chose que Greenwood. Ils ont leur bar, leur appartement, leurs aventures et leurs conquêtes. Il y a des moments difficiles, des disputes, mais quelle famille n’en connaît pas ? Et puis, un soir, sans crier garre, l’Enfer s’abat sur Terre. Pour le reste de sa vie, Alexander se remémorera cette soirée, se torturant sans cesse avec cette question : est-ce que j’aurais pu éviter ça ? Il marche dans une rue mal éclairée, insouciant, quand le sort le frappe et le plonge dans les ténèbres. Il aurait voulu que le sort ne se dissipe jamais, qu’il puisse passer le reste de sa vie enlacé par l’inconscience. Il aurait préféré mourir, plutôt que d’ouvrir les yeux dans cette petite cellule austère où on le gardera captif pendant quatre mois. Toutes les théories possibles et imaginables lui traversent l’esprit pendant les premiers jours, quand il ne se passe rien ou presque, qu’on le laisse enfermé là avec deux autres prisonniers sans leur expliquer ce qui se passe, ce qu’ils ont fait pour mériter ça ou ce qui les attend. Le pourquoi lui importe assez peu, de toute façon, mais ça lui permet de penser à autre chose que Keith, tout seul là dehors, à se demander pourquoi Alexander l’a abandonné à son tour. Ça l’empêche de s’attarder trop longtemps sur la possibilité de ne jamais le revoir. Finalement, on vient les chercher, l’un après l’autre. Alexander termine dans une autre cellule, tout seul. Et le véritable Enfer commence alors. Il est enragé, mais pas tellement surpris, quand il pose les yeux sur son tortionnaire pour la toute première fois et voit la baguette magique dans sa main. Une fois de plus, la magie vient à lui pour le détruire, il aurait dû s’y attendre. Son bourreau est un monstre au visage d’ange, dont les sourires charmeurs précèdent les pires tortures. Physiques, psychologiques, magiques ou non. L’homme a de l’imagination et élève la torture au rang d’art. Difficile de dire s’il vient à intervalle régulier, ou seulement au hasard de ses désirs pervers, le temps n’est plus qu’un concept flou que le cracmol peine à capter. Parfois, ses deux co-détenus sont présents et de nouvelles et inventives tortures sont déployées sur eux trois. Le plus souvent, ce n’est que lui et cet homme. Cette créature, car un être comme lui ne mérite pas le nom d’homme. La combativité met des semaines à se réveiller. Les premiers temps, Alexander rêve seulement d’abandonner, chaque fois que la douleur devient insoutenable et que les bras des Ténèbres se tendent vers lui pour l’enlacer, il les supplie de le garder. Malheureusement, son bourreau sait ce qu’il fait et ça n’arrive jamais. Si la Mort en personne le rejette, que lui reste-t-il ?
Désespoir. Ils parviennent à s’enfuir. Ou peut-être qu’on les laisse partir ? Le doute persiste longtemps après leur fuite, tant ça a semblé presque trop facile. Il ne s’est écoulé que quatre mois. Alexander refuse d’y croire totalement. Seulement quatre mois. Ça lui a semblé tellement plus long. Une bonne partie de l’homme qu’il était reste dans cette cellule et n’en sortira probablement jamais. Ce qu’il reste, la coquille remplie de haine et de vide, retourne prendre la place vacante qu’il a laissé dans son autre vie, sa vraie vie, aux côtés de Keith. Malheureusement où qu’il aille, il emporte ses blessures avec lui. Pour la toute première fois depuis qu’ils se connaissent, Alexander ne dit pas tout à son meilleur ami. Il ne sait pas trop pourquoi. Pour l’épargner ? Parce que c’est trop difficile d’en parler ? Quelques explications, vagues, insuffisantes, c'est tout ce qu'il parvient à donner pour s'expliquer. Le silence pèse sur leur relation comme une épée de Damoclès dont la pointe tranchante menace de les séparer à tout moment. L’existence qu’Alexander s’était difficilement forgé ne lui suffit plus, alors que le visage de son bourreau continue de le hanter chaque fois qu’il n’est pas concentré, de jour comme de nuit, que le moindre petit détail le replonge inévitablement dans cet Enfer. Un peu de saleté, un ustensile de cuisine, l’obscurité ou des notes de musique, … Le nombre de petites choses qui le rendent fou est impressionnant. Ses seuls moments de répit, il les trouve dans l’euphorie factice apportée par l’alcool, les drogues, le sexe. Le trouver sobre tient vite du miracle et Keith n’en peut plus. Qui pourrait le lui reprocher ? Aucune parole réconfortante, aucune menace en l’air, ne suffisent à ramener Alexander sur Terre. Alors, tout naturellement, quand le cracmol se pointe au travail complètement ivre et défoncé une énième fois, Keith laisse tomber les menaces et le renvoie réellement. Humilié, fou de rage et honteux, Alexander profite que l’homme doive rester au bar pour rentrer chez eux, rassembler ses affaires et disparaître.
Vengeance. Quelques temps, il reste avec Ange et Garnet, les deux autres survivants qui souffrent comme lui de ces terribles tourments. Un lien étroit et spécial les unit, alimenté par la haine qu’ils nourrissent pour leurs ravisseurs. Avec personne pour les raisonner, leur soif de vengeance n’a plus de limite et quand il est question d’agir pour l’étancher, rejoindre les rangs du Blood Circle apparaît comme une évidence. Toute sa vie, Alexander s’est laissé malmener par les Sorciers. Désormais, il compte bien leur faire payer à tous et ne trouvera le repos que quand ils auront tous disparu de la surface de la Terre. Le marquage et l’entraînement sont deux moments douloureux, qu’il accepte pourtant docilement. Il a vécu tellement pire, une brûlure et quelques courbatures ne lui font pas peur. Dans ses rares moments de lucidité, il regrette pourtant profondément le tour que prend sa vie. Keith lui manque cruellement, mais plus il avance dans sa quête de vengeance, plus il se dit que l’homme est mieux sans lui. En sécurité. Il l’a déçu, il le sait, mais il peut au moins se tenir loin pour s’assurer de le garder en vie. Cette excuse l’aide parfois à trouver un semblant de repos. Et au désir de se venger s’ajoute bientôt la promesse que, quand il sera venu à bout de cette guerre, il sera libre de retrouver son ami et sa vie. Hélas, Alexander joue à un jeu dangereux et combat des ennemis dont les ressources dépassent l’entendement. En un coup de baguette, le faible espoir de protéger Keith vole en fumée.