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It's a kind of magic

Rainbow D.Ashe


Rainbow D.Ashe

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Le ton avait été donné très rapidement, il n’y aurait pas de temps pour l’amusement, on était bien là pour devenir de véritable sorcier. Ainsi le temps passer en salle commune pour étudier et à la bibliothèque pour essayer d’apprendre beaucoup trop de chose en peu de temps devint mes principales préoccupations. Il n’y avait pas de place pour les gens dans la moyenne, pas plus que pour la médiocrité. Est-ce que j’avais bien fait de continuer alors ? De croire que j’aurais les épaules ? Je n’en savais rien, je savais juste que je gagnais un peu de temps avant que cette idylle d’adolescent ne cesse. On n’avait aucun avenir non ? L’on ne pouvait pas vivre ensemble, l’on n’avait aucune chance, il ne voulait déjà pas que les gens sachent ici, ce n’était pas pour que ça change…

J’arrivais un peu tard à la bibliothèque ce soir là, j’avais eu un entrainement un peu plus rude qui m’avait privé de ma fin de journée. Il faut dire que l’année commençait, que tout devait se mettre en place, dont les nouveaux recrutement. On ne pouvait pas se laisser distraire. C’était un peu contradictoire de se dire qu’étudier pouvait-être un frein à la réussite de notre équipe, tout comme ça l’était de se dire que le Quidditch était une perte de temps. Qu’importe, ce n’était pas après deux semaines que j’allais abandonner, j’avais déjà suffisamment peu d’ambition comme ça. De toute façon, mes pensées furent automatiquement capturé par lui quand - dès mon arrivée - je reconnus sa carrure, ses larges épaules et ces cheveux noir courbé sur l’un des tables. Il n’était pas seul, il était comme bien souvent avec d’autres petits péteux qui me faisait détester parfois cette maison avant de me souvenir que tous n’étaient pas comme ça. Ils avaient de l’ambition, ils étaient brillant, c’était normal d’attirer les jalousies. Quoi qu’il en soit je ne fis aucun geste, ni mouvement vers lui, c’était inutile, je trouvais simplement une place au fond où je pourrais le regarder pendant que j’essayais de comprendre ce manuelle plus qu'avancer sur l’art des potions. Ça non plus je n’aimais pas, mais je devais m’y plier, quand bien même je ne voyais pas en quoi ça me servirait. Certes je ne savais pas encore quoi faire de ma vie, mais je doutais qu’être un cérébrale soit au programme.

À mesure que l’heure passait, la pièce finit toutefois par se vider, certes c’était pour se retrouver dans la grande salle pour manger, mais c’était aussi et surtout pour s’adonner à d’autres activités. Pour ma part, c’était surtout l’occasion de me retrouver seul avec lui, sans aucun autre élèves pour me priver d’enfin pouvoir passer un peu de temps avec lui. Rangeant donc mon livre à sa place, j’avançais lentement vers sa table pour m’y asseoir, « Tu pourrais au moins essayer de t’isoler plus souvent... », Will était populaire, du moins dans sa maison, pour les autres, je pense que personne ne se faisait d’illusion, il était doué, il était au dessus de nous tous et parfaitement flippant. « Tu me manques. » avouais-je tout simplement. On ne se voyait presque jamais, c’était toujours quand cela l’arrangeait, mais ça m’allait, sans doute car j’étais beaucoup trop amoureux de lui et beaucoup trop conciliant pour chercher le conflit. C’était notre dernière année, je voulais au moins que ce soit la meilleur.

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L’année commençait à peine et Will s’amusait déjà à observer la panique dans les yeux de ses camarades de classe. La même comédie que la cinquième année recommençait pour leurs ultimes moments à Poudlard : il fallait étudier, se mettre la pression et exceller pour espérer sortir de l’école de Magie avec ses ASPICs et une chance d’avoir un avenir. C’était le cas, du moins, quand on ne s’appelait pas William Burbank. Le jeune homme de dix-sept ans était pourtant tout aussi concerné que les autres par les examens de fin d’année, mais il était de notoriété publique à Poudlard qu’il ne révisait jamais - il entretenait d’ailleurs cette rumeur lui-même - sans que ça ne l’empêche d’être le premier de la classe. Il était aussi le petit fils d’un Sang-pur très haut placé au Ministère de la Magie et le seul héritier de l’une des rares familles de Sang-pur dont la réputation n’ait pas été entachée par un quelconque lien avec Vous-Savez-Qui. Autant dire que le jeune homme mettait un point d’honneur à ne surtout pas s’en faire pour son avenir. Et si on osait lui poser la question, il répondait, avec le plus de nonchalance possible, qu’il savait déjà qu’il finirait par travailler au Ministère l’an prochain et qu’il sortirait Major de leur promotion comme chaque année. Personne n’avait l’audace de le contredire, tout comme personne ne savait non plus qu’il passait souvent ses nuits d’insomnie à faire ses devoirs et plus encore. Bien qu’il soit un élève plutôt populaire et particulièrement dans la lumière, il y avait finalement beaucoup de choses que tout le monde ignorait au sujet de Will.

L’une d’entre elles venait d’ailleurs de passer la porte de la bibliothèque de l’école, où Will était installé depuis un moment avec ses amis de Serpentard, sous la forme d’un élève du même âge que lui, mais d’une autre maison. Il interrompit sa lecture minutieuse de la Gazette du Sorcier pour regarder Elias traverser la pièce et s’installer seul à une table, en ignorant superbement le regard pesant d’Andy posé sur lui. Il replongea le nez dans son journal comme si de rien était, alors que les conversations et les piètres tentatives d’étudier de la part de ses camarades suivaient leur cours sans que sa brève inattention n’ait perturbé personne d’autre que son meilleur ami. Qu’importe, personne n’oserait jamais lui en parler directement, de toute façon. Alors, pendant l’heure qui suivit, Will fit simplement semblant de lire son journal et s’amusa un moment avec sa baguette magique quand il n’eut plus cette excuse. Si son regard se relevait un peu plus régulièrement que nécessaire vers le Poufsouffle, qui pouvait le dire ?

Ce qu’il put dire, en tout cas, ce fut l’instant exact auquel Elias vint s’asseoir auprès de lui, alors que tous les autres avaient abandonné la bibliothèque pour aller manger dans la Grande Salle. Will se força malgré tout à continuer de faire semblant de s’intéresser à son livre d’étude des moldus, sans prendre la peine de relever les yeux vers le jeune homme. “Tu ne crois pas qu’on se poserait des questions, si je disparaissais sans raison pendant des heures ?” répondit-il malgré tout, de sa voix traînante, alors qu’il se décidait à fermer son livre. Il voulut regarder enfin Elias, mais se ravisa aussitôt que le garçon lui avoua qu’il lui avait manqué, mordant sa lèvre pour retenir une grimace ou un mot. Il ne lui retourna pas la politesse, sans se soucier vraiment de blesser le jeune homme et se contenta plutôt de voler le livre de potions qu’Elias avait ramené avec lui, le feuilletant quelques secondes avec un semblant d’intérêt avant de le poser sur ses genoux dans l’unique but d’empêcher son propriétaire de le récupérer. “La Tour d’Astronomie, ça te tente ?” demanda-t-il, terriblement indifférent. Il n’avait pourtant aucune véritable envie de se comporter comme ça, mais ils étaient dans un lieu bien trop public, où n’importe qui pouvait les voir ensemble à tout moment et ça le rendait toujours nerveux. Elias savait pourquoi qu’il n’aimait pas qu’on puisse les voir ensemble, mais ça lui était visiblement trop souvent égal. “À moins que tu ne veuilles aller manger, mais… ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus.” Ce serait certainement le plus proche d’un aveu que le sentiment de manque était partagé qu’Elias arriverait à obtenir pour l’instant.

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Est-ce que quelqu’un en aurait vraiment quelque chose à faire si il disparaissait ? Il pouvait passer des heures ici, l’on penserait très certainement qu’il était en train d’étudier. Enfin j’étais peut-être utopiste, mais c’était ainsi que je voyais les choses, sauf si vraiment son gang ne pouvait pas se passer de lui, mais j’en doutais… Quoi que… Sans les connaitre, je pense qu’il était assez évident qu’ils voulaient tous bien se faire voir par le sang pur et sa famille, après tout, comment pouvait-on grimper facilement dans les échelons sans passer par un des siens ? Très sincèrement je ne voyais pas. Mon livre disparu bien rapidement de mes mains pour finir sur ses genoux et sincèrement, ce n’était pas l’envie qui manquait de venir le récupérer moi-même, mais si jamais quelqu’un rentrait… Il ne me le pardonnerait pas. Il ne serait d’ailleurs pas de bonne augure que moi-même je cesse de toujours être là ? J’avais l’impression d’être une chouette recevant un peu d’attention qu’au besoin. Mais je l’aimais, aussi stupidement et douloureusement que possible. Il proposa alors la tour d’Astronomie et presque aussitôt mon sourire revient, il n’allait donc pas me laisser en plan, j’aurais le droit à un peu plus qu’un regard. J’avais même le droit à beaucoup plus lorsqu’il ajouta que ça faisait longtemps qu’on s’était pas vu. Longtemps ? Une éternité oui !

Me relevant je dépassais la table pour lui faire signe de me suivre sans en rajouter. Le but de l’opération était bien de rejoindre un endroit tellement éloigné de la salle commune que personne ne viendrait jamais nous trouver. Mais il fallait surtout le faire de façon à ce que personne ne se doute de quoi que ce soit. Comme toujours, nous étions de deux maison différentes, du même monde, mais pas du même rang. Il n’avait rien à faire avec moi, je n’avais rien à faire avec lui, pourtant c’était plus fort que moi, c’était lui et personne d’autre. Pourtant ce n’était pas l’envie qui manquait de tourner la page, de chercher d’autres options, mais il était d’une façon différente quand nous n’étions que nous deux et qu’il acceptait d’apparaitre sur un jour différent. Je ne pouvais vraiment pas l’ignorer. Alors je me mis à marcher, tête baisser, un peu plus rapidement que lui même pour pas que les rares trainant dans les couloirs puissent penser quoi que ce soit, ralentissant au milieu de la tour, j’entendis finalement qu’il me rejoigne, gardant toujours une distance jusqu’à ce que finalement nous soyons le plus haut possible, là ou personne ne pourrait arriver sans qu’on le sache.

M’arrêtant alors, je fis la première chose qui me passa par la tête, la chose la plus importante aussi, l’embrasser. Il y avait toujours un manque brutale de lui, de sa présence, du fait que l’on ne puisse clairement pas être nous sans risque. Lui rendant son souffle faute d’air, je lâchais son pull que j’avais agrippé sans même m’en rendre compte. Il devait sincèrement y avoir une Vélane dans sa famille, j’étais beaucoup trop attiré par lui pour mon propre bien. « Va falloir qu’on trouve d’autres moyens, crois moi, je vais devenir fou à te regarder de loin… », la preuve, j'étais incapable de le lâcher maintenant, j'avais besoin de son contact, trop pour mon propre bien. « Ça été la rentrée ? Les nouveaux sont bien ? », demandais-je finalement. On ne pouvait même pas parler de chose banale, on devait attendre ces moments et encore, c’était sous le coup d’une envie bien moins contrôlé de passer du temps avec lui, contre lui. « Tu penseras à me rendre mon livre de potion, sinon je sens qu’on va pas me louper demain… », ce pourquoi j’étais là, en plus de le voir, se trouvait dans ce livre qu’il m’avait volé. La solution s’y trouvait clairement d’ailleurs, « Je vais finir par faire du Polynectar et assomer un Serpentard je crois… », soufflais-je pensif avant de baisser les yeux vers lui. Oui, j’étais très clairement dans l’attente, dans l’autorisation de m’éprendre un peu plus de lui. Après tout c’était lui qui menait la danse.

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Sans grande surprise, Elias ne répondit rien, mais il accepta silencieusement les conditions de Will, comme il le faisait toujours. Depuis combien de temps jouaient-ils à ce petit jeu exactement ? Plus d’un an, maintenant, et pourtant Elias continuait de se laisser faire, tout pour un moment ensemble. La culpabilité empêchait souvent Will de trouver le repos, mais pour l’heure il fut seulement soulagé de voir le jeune homme se lever pour rejoindre un lieu plus reculé, exactement comme il l’avait voulu. Il patienta quelques secondes, prenant bien plus de temps que nécessaire pour rassembler les livres sous son bras et ramasser sa baguette magique. Juste assez pour donner un peu d’avance à Elias et que, quand il traversa le couloir à son tour, ils donnent seulement l’impression d’aller dans la même direction sans qu’on ne puisse avoir à chercher plus loin. Contrôler le rythme de son pas sur autant d’étages fut un véritable calvaire, mais au bout de ce périple, Will eut au moins le droit à un baiser qu’il attendait depuis des jours. Il glissa sa main libre sur la taille d’Elias, mais même ce geste pourtant intime manquait terriblement de chaleur. Encore quelques minutes et il serait assez calmé pour se laisser aller, pour redevenir un peu plus lui même et profiter réellement de ce moment. Il l’espérait, en tout cas, mais les paroles d’Elias quand le baiser prit fin eurent l’effet de le refroidir encore un peu plus. Il se força à rester de marbre, car il était un Burbank, il n’avait pas le droit de baisser les yeux, pas le droit de se laisser abattre. Alors il accusa le coup, la culpabilité et les reproches, même si rien dans le ton d’Elias n’était réellement agressif ou désagréable.

Il s’éloigna d’un pas et jeta les livres sur le sol sans aucun soin, avant de revenir enlacer le jeune homme de ses deux bras. “Laisse-moi ton livre de potions, alors.” souffla-t-il de son ton supérieur qui n’avait aucune raison d’être en ce moment. “Peut-être que pour te punir, le prof t’obligera à travailler en binôme avec moi toute l’année. Même si ce serait plutôt te rendre service.” Il aurait tout donné pour que ce soit aussi facile que ça, mais il ne l’admettrait jamais à voix haute. Il détestait que les choses se passent comme ça entre eux, malheureusement il ne voyait aucune autre solution et le fait qu’Elias soit si facile à convaincre ne le motivait pas à se creuser les méninges. “Les nouveaux sont nouveaux et paumés, comme d’habitude. La seule différence, c’est que cette année, je n’ai pas besoin de faire semblant de me soucier de leur existence.” continua-t-il, peu désireux de s’attarder trop longtemps sur des fantasmes qui ne se réaliseraient jamais. “Le temps que je retienne un seul de leurs prénoms, ce sera la fin de l’année et j’aurais mieux à faire que de penser à eux.” Peut-être que le sujet qu’il abordait là n’était pas beaucoup mieux, finalement. L’une de ses mains se détacha tranquillement de la taille du Poufsouffle et il effleura son visage du bout des doigts, s’attardant un instant sur sa mâchoire carrée et sa pomme d’Adam parfaites. “Oublie le Polynectar, je te préfère comme ça.” admit-il et malgré son ton presque froid, indifférent, la réalité filtrait dans son regard. Il pouvait contrôler sa voix, son corps, mais jamais ses yeux toujours accrochés à Elias comme un naufragé aux débris de sa barque.

Sa main termina sa course sur l’épaule du batteur, la pressant légèrement dans le seul but de s’électriser brièvement de ce corps ferme, parfait, qu’il ne pouvait réclamer sien que dans l’ombre. “Peut-être que c’est moi, qui devrais utiliser le coup du Polynectar…” souffla-t-il en mettant un point d’honneur à éviter le regard d’Elias au profit de ses propres doigts jouant avec le col bordé de jaune du pull que portait le jeune homme. “Je pourrais prendre un cheveux de ce type avec qui tu traînais l’autre jour… Ezra, c’est ça ? Vous semblez proches.” C’était assez difficile, de se montrer jaloux et possessif quand on était celui qui refusait de s’exposer au grand jour, mais rien n’était jamais impossible pour Will, jamais. Il masquait sa colère avec sa froideur habituelle, mais savait aussi qu’Elias ne serait pas dupe et ça avait le don de l’agacer. Et bien avant que sa mauvaise foi ne devienne visible même pour lui, il se pencha vers le Poufsouffle, embrassant sa mâchoire lentement, jusqu’à trouver son oreille. “Ça te plairait, que je vienne me glisser dans ton dortoir en portant son visage ?” demanda-t-il à voix basse, tandis que sa main jusqu’alors toujours accroché à la taille d’Elias glissait doucement sous les épaisseurs de vêtements.

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Regardant les livres tomber au sol sans douceur, je reportais bien rapidement mon attention sur lui qui venait me reprendre dans ses bras en sous entendant que je ne pourrais sans doute pas mieux m’en tirer avec ce livre. Sincèrement, si il n’y avait ne serais-ce qu’une seule chance que cela arrive alors oui, peut-être que je ne travaillerais plus, que je n’apprendrais plus, mais c’était pas un peu risquer de baser tout juste sur ça. Mon avenir ne pouvait pas reposer uniquement sur lui car soyons honnête, à l’entendre parler, je n’étais pas vraiment sûr d’avoir un avenir avec lui. Pour nous aussi, une fois l’année finit il oublierait mon prénom ? J’avouais que ça m’angoissait réellement, mais pour le moment il était là contre moi, ses doigts glissant sur la peau de mon visage, sa voix avouant que je reste comme ça. Souriant doucement, j’essayais de rester optimiste, de rejeter mes craintes au loin pour ne penser qu’à lui, à cet instant, pourtant lui n’était pas là, pas réellement. Si j’étais sûr de ses mots en me plongeant dans ses yeux, je sentais quand même la déception de le voir si… Figé dans une image différente de ce qu’il pouvait-être avec moi. Nous n’étions pas dans l’instant, j’en avais la certitude, d’autant plus maintenant. Si l’idée qu’il puisse lui prendre du Polynectar était intéressant, le fait qu’il parle d’Ezra, du fait qu’on soit proche me fit comprendre que c’était loin d’être ça. Il ne l’aimait pas, il n’aimait pas notre relation et même si il essayait de s’en cacher, je voyais la vérité.

« Will… », murmurais-je dans l’idée de le rassurer avant qu’il ne commence à m’embrasser, à se faire plus proche si seulement c’était possible. Me glisser dans mon dortoir en portant son visage ? Je ne dis pas que ça me ferait le même effet qu’un Épouvantard ou un Gobelin, mais pas loin. Posant mes mains sur ses bras, je le forçais à reculer un peu, à prendre de la distance pour qu’il puisse me voir, pour qu’il puisse imprimer ce que j’allais dire, « Non, c’est pas avec une image de lui que je veux passer une nuit… Même si c’est toi, c’est juste pas possible. » continuais-je, «  Oui c’est peut-être superficiel, mais je m’en fous. », un premier point de poser, maintenant il était peut-être tant de passer au vrai coeur du problème. « Il n’est qu’un ami et c’est pas parce qu’on ne passe pas beaucoup de temps ensemble et que je t’embête avec ça que j’irais voir le premier mec qui passe. », j’étais peut-être encore jeune, mais j’étais loyale, vraiment pas manipulateur, ni menteur. Je ne remplacerais pas l’homme d’un coup de baguette magique si c’était ce qu’il croyait. « J’ai pas envie d’un autre et je n’ai pas fini dans cette maison pour rien… Y’a Loyauté et Sincérité dans nos qualités, c’est pas pour rien non plus. », je n’étais pas sûr de l’atteindre encore moins avec les maisons, mais j’aurais essayé.

Glissant finalement mes mains sur ses joues, je me dressais sur la pointe des pieds pour retrouver ses lèvres dans un baiser qui en dirait plus que n’importe quels mots, je l’aimais, je l’attendais, au point que ça devait être ridicule, mais pourtant je m’en fichais. Si mon temps avec lui était compté, je ne voulais pas en perdre plus de temps pour des choses qui n’arriveraient jamais. Je n’étais pas joueur, encore moins avec lui. Il devait me croire, il ne devait pas se laisser consumer.

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Contre son gré, Will se laissa repousser pour affronter le regard d’Elias. Il n’aima pas tellement les premiers mots qui sortirent de la bouche du jeune homme, mais il en comprenait pourtant parfaitement le véritable sens. Il voulut quand même prétendre le contraire, continuer d’être insupportable sans aucune raison valable, si ce n’est qu’il se sentait d’humeur à tout foutre en l’air, plus que jamais, mais Elias ne lui en laissa pas vraiment le temps. Il devait bien être le seul de toute cette école à pouvoir se vanter de disposer du pouvoir de clouer le bec du Serpentard. D’autant que ça n’était même pas par des sarcasmes ou quoi que ce soit de ce genre, mais juste cette façon qu’il avait d’être toujours tellement honnête, même quand il s’agissait de partager ses sentiments et plus encore avec quelqu’un qui n’en méritait pas tant. Will l’enviait pour ça, lui qui se retrouva une fois de plus incapable de dire quoi que ce soit, malgré son coeur qui s’emballait aux mots du Poufsouffle. Il laissa Elias l’embrasser, essayant de mettre autant de ce qu’il ne savait pas dire que possible dans ce baiser. Après tout, un geste valait plus que des mots, n’est-ce pas ? C’était une précieuse leçon en politique, que Will appliquait également à sa vie quotidienne.

“Pardonne-moi de vouloir mettre un peu de piment dans notre relation.” lança-t-il, faussement léger, quand il retrouva sa liberté. Il jouait son rôle, encore, mais plus pour très longtemps. Et pour preuve, il perdit presque immédiatement son air indifférent et son sourire en coin, prenant la main d’Elias dans la sienne alors qu’il s’approchait du point d’observation le plus proche. Tout, ici, était fait pour offrir une vue imprenable sur le ciel et bien qu’il n’ait aucune attirance particulière pour l’astrologie, c’était un spectacle dont Will ne parvenait à se lasser. Il s’assit à même le sol, invitant Elias dans son sillage en refusant de lâcher sa main et attendit simplement que le jeune homme soit à sa hauteur pour se déplacer encore et poser sa tête sur ses genoux. De là, il avait une vue imprenable sur les deux plus belles choses qu’il ait jamais vu, les deux grandes énigmes de sa vie et qu’il aimait le plus dans ce monde : Elias et le ciel parsemé d’étoiles. Un sourire bien différent s’installa sur ses lèvres. Il prit la main du Poufsouffle dans la sienne pour l’approche de son visage et embrasser sa paume. “Et ta rentrée à toi ?” demanda-t-il, finalement adoucit, déposant la main du jeune homme sur son ventre et entrelaçant leurs doigts. “Vous avez commencé à recruter de nouveaux joueurs pour l’équipe ?” Lui n’avait que des intérêts très superficiels pour le Quidditch, mais s’il fallait en parler quelques minutes pour prouver à Elias qu’il tenait réellement à lui, il acceptait de s’y plier de temps en temps. “Est-ce qu’ils ont au moins pris la peine de te nommer capitaine, cette année ?” Il était au moins un loyal supporter de l’équipe de Poufsouffle, quoique ce soit un autre de ses secrets bien gardés.

Malheureusement, il venait d’atteindre la limite de ce que son coeur pouvait supporter de discussions sportives et quoiqu’il veuille réellement faire plaisir à son petit-ami, il ne put s’empêcher bien longtemps de changer de sujet. “Qu’est-ce que t’as choisi, comme cours ?” Ils n’avaient jamais réellement parlé d’avenir et pour cause, ils étaient bien trop jeunes pour s’encombrer d’une telle chose. Mais cette année semblait déjà différente, alors qu’elle commençait à peine. Ce serait la dernière et à plus d’un égard, Will ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui l’attendait ensuite. Ce qui les attendait. Cependant, il n’en parlerait jamais le premier alors, à la place… Il en était réduit à ça : s’intéresser à l’emploi du temps d’Elias, dans l’espoir peut-être, de deviner en fonction de ses cours, ce qu’il envisageait de faire l’an prochain.

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Je n’étais pas spécialement sûr qu’on est besoin d’avoir du piment dans notre relation, nous étions déjà dans une situation compliqué, pour ne pas dire épuisante. Ajouter de la jalousie ne serait qu’alourdir nos réalités. Ne disant rien, je me laissais simplement guider dans l’endroit avant qu’il ne nous trouve une place pour s’asseoir et contempler le ciel. Laissant le Sepentard jouer avec ma main, j’abandonnais ma contemplation des étoiles pour celle tout aussi magnifique de son visage. Il posait des questions, il essayait, alors après un sourire doux, je lui répondis, « Ça a été, même si cette année est étrange… », ou douloureuse, car il faudrait partir et peut-être oublier jusqu’à chaque souvenir ici. « Et non, dans un sens je préfère, j’aimerais éviter un Troll à mes Aspic, déjà qu’on a pas des nouveaux pas supers doué… ». Et puis il y eut la question, qu’est-ce que j’avais choisi comme cours, qu’est ce que j’avais décidé de faire de mon avenir ? J’étais resté en Potion uniquement pour passer du temps avec lui, pour gagner un peu plus d’instant, même si ce n’était que des regards en biais, alors est-ce que c’était vraiment important ? Non, je finirais Poudlard sans lui et sans aucune idée de ce que je souhaiterais faire.

Alors après un dernier regard, je posais ma tête contre une poutre de la structure avant de serrer un peu plus ses doigts dans les miens, « Pas grand chose qui ai du sens. », avouais-je alors. Cette année me faisait peur, peut-être même que je ne l’aurais jamais faite, que je me serais arrêté à mes Buses, mais il était arrivé dans ma vie et c’était devenu impossible. Je ne pouvait pas lui tourner le dos après à peine six moins ensembles. C’était stupide non ? Personne ne devait ou ne pouvait batir son avenir sur des espérances stupides et des amourettes d’adolescent et pourtant, j’étais bien plus moldus à cet instant que n’importe qui d’autres. « Je sais pas ce que je veux faire en réalité… » lui avouais-je bien trop sérieux, « Mon père aimerait que je vienne travailler avec lui au Ministère, mais… J’arrive pas à m’y voir et je suis pas sur d’avoir ce qu’il faut pour être Auror. », ça ça aurait pu me plaire, mais même si j’étais un élève assidu, j’avais de sérieux problème pour obtenir de vrai bonnes notes, du moins je ne pourrais jamais avoir de E dans toutes les matières. Il ne fallait pas rêver.

Alors j’allais faire quoi ? Vendre des livres à des étudiants ? Vendre des balais ? Non pas que c’était dégradant, mais juste… Je ne savais pas. Si j’avais la moindre idée de ce que je voulais faire, ça irait encore, mais là, j’étais dans le flou totale. « Déjà tu n’auras pas à t’en faire pour tes notes toi ! », repris-je en baissant les yeux vers le Serpentard qui avait tout d’un génie, « Tu vas avoir le choix, mais t’as déjà une idée de ce que tu veux faire après ? », je le voyais mal m’avouer qu’il abandonnerait tout pour vivre d’amour et d’eau fraîche avec moi, mais j’avais quand même envie de savoir, juste pour avoir une idée de combien un avenir nous était impossible. J’étais presque sûr qu’il existait un livre Moldus sur ce genre de configuration, on en avait parlé une fois en cours, mais impossible de me rappeler du titre. Il faut dire quand même que les Moldus étaient particulièrement fort pour créer des histoires sans deux ni tête. Comme nous, mais c’était une simple question de maison non ? Si j’avais été un Serdaigle, ou si j’avais eu l’ambition d’un Serpentard, peut-être que notre histoire aurait été moins compliqué… Tu me fatigues Elias.

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Cette année n’était pas seulement étrange, elle était la plus importante de toute leur vie, plus que le jour où ils avaient reçu leurs lettres d’inscription à Poudlard, la plus excitante et la plus effrayante aussi. Chaque étudiant de leur âge devrait prendre des décisions pour leur avenir professionnel et pour eux, même s’ils s’évertuaient à ne pas en parler, une bien plus personnelle finirait par s’ajouter à la liste. Pour cette raison, Will Burbank, celui-là même qui ne pouvait s’empêcher d’avoir toujours le dernier mot, d’avoir toujours raison, ne corrigea pas Elias lorsque ce dernier eut l’incroyable audace de minimiser cette étape tellement cruciale dans leur vie. Ils auraient droit à encore dix mois avant qu’il ne leur reste plus d’autre choix que de laisser Poudlard derrière eux et il refusait d’en passer une seule seconde à se priver de l’amour qu’Elias avait à lui offrir et sachant qu’il devrait certainement y renoncer bien trop tôt. Alors, il le laissa parler, sans grand enthousiasme, de sa rentrée. Jusqu’à ce que la curiosité mal placée dont il était affublé ne l’emporte et qu’il ne puisse s’empêcher de prendre le risque de se faire du mal en s’offrant un aperçu de l’avenir qu’Elias essayait de se construire. Là non plus, le Poufsouffle ne fut pas très expressif. L’ambiance semblait même tellement plus lourde, tout à coup. Inconsciemment, Will se mit à caresser la main du Poufsouffle du pouce, comme si ce geste pouvait effacer sa peine, quand il savait parfaitement ce qu’il avait à faire pour ça.

“Une place m’attend tranquillement au Ministère.” admit-il quand Elias lui demanda ce que lui comptait faire. Il baissa les yeux, en grande partie pour fuir le regard du jeune homme, fixant son attention sur un point invisible sur le mur. “Mais je ne suis pas très sûr d’avoir envie d’y aller tout de suite.” C’était pourtant inévitable, presque inscrit dans son patrimoine génétique. Un jour ou l’autre, son grand-père deviendrait Ministre de la Magie et Will, quant à lui, aurait à suivre ses traces et à se montrer deux fois plus digne de porter son nom. Il n’y parviendrait qu’en travaillant pour le Ministère toute sa vie, aucune autre carrière ne suffirait. C’était tellement sûr et certain qu’il ne s’était même jamais donné la peine de réfléchir à ce qu’il voudrait faire d’autre, s’il avait eu le choix. Jusqu’à cet été, quand la réalité l’avait rattrapé, ses sentiments pour Elias aussi. Il s’était mis à rêver d’autre chose, alors, mais ça n’était que des rêves. S’il y avait bien une personne avec qui il pouvait s’offrir le luxe de rêver, cela dit, c’était bien Elias. “J’aimerais pouvoir débarquer à King’s Cross en Juin et monter dans le premier train que je trouverais,” souffla-t-il, un timide sourire au coin des lèvres, “et faire le tour de l’Europe !” Il croyait avoir encore tant de choses à apprendre. Et ailleurs, loin de l’Angleterre, qui aurait su si Elias était avec lui ou pas ? “Mais mon grand-père ne le permettra jamais.”

Cela concluait toute la conversation pour lui, mais n’effaçait hélas pas le sentiment de morosité dans lequel il nageait depuis la rentrée. Heureusement, il lui restait encore un espoir de se changer un peu les idées ce soir. Il se redressa lentement et s’imposa sur les genoux d’Elias, ses bras passant bien vite autour du cou du Poufsouffle, ses genoux de chaque côté de son corps. “Tu pourrais venir avec moi.” lança-t-il en cherchant le regard du jeune homme. Pour n’importe qui, son ton aurait semblé joyeux, léger, comme aurait dû l’être celui de n’importe quel adolescent amoureux faisant des projets ridicules avec le garçon qu’il aimait. Pour ceux qui connaissaient réellement Will, on entendait encore un peu d’amertume dans sa voix, la preuve tangible que, s’il voulait vraiment de tout ça, il n’oserait jamais le proposer sérieusement. “On vivrait comme des moldus pendant des mois, à Paris, à Vienne, à Dublin, à Madrid…” continua-t-il, ses mains glissant sur le visage du Poufsouffle pour le relever vers lui. Il cacha la légère pointe d'espoir sur ses traits derrière un baiser d’une surprenante intensité. “Toutes les semaines, une ville différente, un pays différent, pour échapper aux hiboux de nos familles.” reprit-il contre les lèvres du jeune homme. “Peut-être que je peux apprendre quelques sortilèges pour effacer nos traces, nous préparer toute une réserve de Polynectar pour tenir toute une année… Et on vivrait notre vie en paix, loin de tout, en se moquant des avis de recherche publiés à notre égard dans la Gazette du Sorcier !” Un rire clair, sincère, lui échappa. C’était un très joli rêve, vraiment. Bien plus excitant que l’optique d’une vie entière d’ennui au Ministère. Mais un rêve seulement.

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Le ministère… Cet avenir me faisait froid dans le dos et pourtant, à la suite de ses mots, j’eus un espoir stupide, celui que ce ne soit qu’un désir de ses parents et non le sien. Seulement jusqu’à présent, qu’avait été notre relation ? Rien d’autre d’un espoir stupide dans lequel je serais toujours de trop. Je n’étais pas de son rang, je n’étais rien de plus qu’un petit ami inexistant qui aurait sans doute mieux fait de se résigner plutôt qu’espérer être avec l’homme qu’il aime sur le quai d’une gare à attendre un train vers un avenir moins sombre. Mais sa famille, non son grand père ne le permettrait jamais, alors pourquoi fantasmer cette vie ? Pourquoi ? Le regard bas, je fixais le sol dans l’espoir d’y trouver une réponse en vain. Je serais toujours de trop, quoi qu’il arrive. Alors je ne réagis pas vraiment en sentant Will bouger, mes mains retrouvant ses hanches que par simple réflexe, du moins jusqu’à ce qu’il ne brise de nouveau le silence, jusqu’à ce qu’il ne parle de ce voyage avec moi. Relevant les yeux, j’avouais avoir toutes les peines du monde à y croire et pourtant, c’était bien ce qu’il venait de dire, c’était bien ce qu’il venait de faire. Oui, c’était sans doute rien, que des paroles en l’air, mais mon coeur s’emballa de lui même au point d’en devenir douloureux et pourtant, je voulais continuer à l’écouter.

Vivre comme des moldus, ça semblait si peu réel dans sa bouche et pourtant, je voulais de cette vie ou seul notre amour compterait, seul nous. Alors je répondis à ses lèvres comme si ma propre vie en dépendait. Je volais son souffle à mesure qu’il volait mon âme et ce fut complètement essoufflé qu’il me laissa. Tout ce qu’il disait, c’était ce que j’avais voulu et pourtant il n’y croyait pas, comment pourrait-il ? Personne ne nous laisserait faire. « J’ai pas envie que l’année s’achève Will… » commençais-je, soufflais-je contre ses lèvres avant qu’une de mes mains glisse sur sa joue, « J’ai pas envie qu’à la fin de l’année on soit obligé de se dire au revoir… », continuais-je conscient que peut-être j’étais le plus pathétique des deux. « C’est déjà assez dur comme ça, je peux pas, je ne veux pas passer une année à redouter mon départ de Poudlard qui me coutera toi, nous… ». Ma main glissa de son visage à son torse pour s’arrêter là où devait se trouver son coeur. « Ca fait un an et demi que je me cache, que je fais comme si tu n’étais rien d’autre qu’un énième Serpentard agaçant… Je peux continuer, même si ça implique fuir, je peux le faire si c’est pour toi et avec toi. », mais c’était ridicule non ? Qui voudrait de ça ? Sincèrement ? Quand on avait un empire à ses pieds comme lui, on s’embêtait pas avec ce genre de chose.

« C’est peut-être de l’ordre de l’impossible, mais si je te dis oui, si je veux ça, est-ce que toi tu pourras le vouloir aussi ? », ma main se resserra sur son haut, s’agrippant à lui comme à la dernière branche avant un ravin, « J’ai peut-être dix sept ans, mais je sais reconnaitre ce qui est important dans ma vie et c’est toi ! », repris-je avec un sourire triste, « J’ai repris Potion juste pour être avec toi ! », c’était trop profond pour que je ne fasse pas preuve d’humour, pour que je n’essaie pas de sortir un petit peu la tête de l’eau. Pourtant je ne mentais pas, j’avais bel et bien besoin de lui, quelque soit la distance officielle que je devrais tenir avec lui. J’étais désespérément et irrémédiablement amoureux de lui.

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Un très, très joli rêve auquel Will s’accrochait malgré lui. S’il devait passer le reste de sa vie à regretter de ne pas avoir eu le cran d’affronter son grand-père pour une vie heureuse, il voulait au moins emporter avec lui un fantasme auquel se livrer une fois la nuit tombée. Tout se jouait toujours dans le noir entre Elias et lui, après tout. Et pourtant, une petite part de Will ne voulait qu’une chose : que le Poufsouffle l’encourage, qui lui donne un peu plus qu’un espoir perdu d’avance. Son coeur manqua un battement, quand le baiser prit fin et que la voix d’Elias osa dire les mots que lui se refusait à admettre. Il plongea son regard dans celui du Poufsouffle, se mordant les lèvres nerveusement, alors que ses mains aux coudes du jeune homme. Il ne voulait pas que cette année ne prenne fin, lui non plus. Il ne voulait pas sortir d’ici et marcher en pleine lumière, où il n’aurait jamais le droit au plaisir de l’obscurité à nouveau. Mais Elias était-il sérieux ? Envisageait-il réellement cette idée stupide de prendre la fuite, de renoncer à leurs familles, à leur avenir, juste pour ça, pour eux ? C’était impensable et la plaisanterie sur les cours de potions ne parvint à amuser Will, dont la gorge était bien trop nouée pour laisser échapper un rire, le coeur trop près du bord de ses lèvres pour oser les ouvrir. Il inspira profondément par le nez, alors que ses doigts serraient un peu plus fort les bras d’Elias. Ça n’était pas plus mal que sa gorge soit à ce point bloquée, après tout, car elle retenait au moins le hurlement qu’il voulait pousser : un oui, fort, assourdissant. Bien sûr, qu’il en avait envie. Mais il n’en avait pas le courage, pas vraiment. C’était bien ça, le problème entre eux, depuis le début : il n’avait jamais le courage de rien.

“Nos familles seraient folles de rage.” souffla-t-il, prenant sur lui pour ne pas laisser Elias sans réponse. Il ne connaissait même pas la famille d’Elias, mais il savait que son grand-père lui en voudrait terriblement. Will était tout ce qui lui restait, maintenant, il ne pouvait pas l’abandonner comme ça. Mais pour la première fois depuis plus d’un an, le Serpentard se surprit à se poser la question autrement : et lui, alors ? Est-ce qu’il n’en voudrait pas à son grand-père de le priver d’une vie heureuse parce qu’il fallait qu’il remplace son père mort dans le coeur et dans la vie de l’homme ? Sa rancoeur cachée ne finirait-elle pas pour empoisonner leur relation plus que tout autre chose ? “On ne sait même pas à quoi ressemble la vie d’un moldu.” arguait-il, désormais. “Comment on pourrait vivre sans nos baguettes magiques, nos sortilèges ?” Il n’attendait pas de réponse, malgré le doute évident dans sa voix, il n’y avait pas assez de place pour qu’Elias puisse dire quoi que ce soit. “Comment on saurait où aller ?” C’était simple, pourtant : n’importe où sauf à Londres. N’importe où, tant qu’ils y allaient ensemble. “Et qu’est-ce qu’on fera, si on nous retrouve ? Je préférerais finir à Azkaban avec les Détraqueurs que d’affronter mon grand-père après avoir fugué avec toi…”  Mais rester, dire adieu à Elias à la fin de cette année et passer le reste de sa vie à mentir, ça ressemblait tout autant à une vie sans joie qu’un séjour à la prison pour sorciers. “Il nous faudra de l’argent, trouver comment acheter des billets de train moldus, nous débrouiller pour tout faire sans elfes de maison…”

Des arguments, il en avait à revendre. Il n’effleurait que la surface, là. Mais à cet instant, avec la naïveté d’un adolescent amoureux, rien de tout cela ne comptait vraiment. C’était Elias, il n’y aurait jamais personne d’autre. Il n’y avait jamais eu personne d’autre, en fait, même s’il s’entêtait à prétendre le contraire. Elias hier et aujourd’hui. Elias demain. Jusqu’à la fin. Il n’imaginait pas sa vie autrement. “J’en ai envie.” admit-il dans un murmure, effrayé à l’idée que quelqu’un d’autre que le Poufsouffle ne puisse entendre cet aveu. Effrayé que le jeune homme lui-même l’entende, quelque part. “Je veux qu’on parte d’ici, ensemble.” Fuir, parce qu’il était et serait toujours lâche. Mais fuir pour l’être un peu moins, peut-être ? Il l’avait dit comme ça, sur un coup de tête et la décision n’était pas plus réfléchie maintenant. Mais il se voyait très bien marcher dans les rues d’une ville étrangère en tenant la main d’Elias dans la sienne, le visage haut et fier, comme il ne pourrait jamais se le permettre ici. “On le fait, alors ?” demanda-t-il, incrédule. Il n’arrivait pas à sourire totalement, mais une certaine joie commençait à se faire entendre dans sa voix. “On le fait vraiment ? On part à la fin de l’année, toi et moi ?” La joie, finalement, tenait un peu plus de la surprise. Un rire un peu hystérique lui échappa. Il n’arrivait pas à l’envisager, c’était trop fou pour être vrai. Il baissa la tête, maintenant, mais pas par honte, juste pour embrasser le Poufsouffle une fois de plus, plus bref. “Dis-le moi !” exigea-t-il, encore secoué. “Dis-moi qu’on va vraiment le faire. Dis-moi que tu viendras avec moi !” Il préférait ce genre de choses dans la bouche d’Elias, tout sonnait mieux aux lèvres du Poufsouffle, avec ses yeux débordants d’adoration et que sa voix tremblante d’émotion. Il avait cette façon unique de s’adresser à Will, entre humilité et courage, que personne d’autre n’usait jamais avec lui et qui ne manquait jamais de faire chavirer le coeur du Serpentard.  

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Folle de rage ? C’était peu dire, on allait clairement faire face à quelque chose qui finirait mal pour nous et d’ailleurs, Will était en train d’un penser. On ne savait rien de ce monde, on n’était rien aussi sans baguette, sans magie, sans tout ça, mais les moldus s’en sortaient non ? Ça ne devait donc pas être si compliqué que ça. Posant mes mains sur ses bras, je voulais le calmer, mais ça semblait impossible, du moins jusqu’à ce qu’il ralentisse, qu’il affirme en avoir envie, qu’il réclame en avoir besoin de l’entendre de ma bouche, il en avait besoin. Glissant ma main sur sa joue, je finissais dans la nuque pour l’attirer à moi, pour l’embrasser jusqu’à en perdre mon souffle. Ce n’était pas des mots, ce n’était pas ce dont il avait besoin, mais il devait se calmer, il devait croire que les choses irait bien et il avait besoin de se taire, de me laisser parler. « Oui, on va le faire, je viendrais avec toi, je te suivrais où tu veux… » soufflais-je contre ses lèvres avant de reculer la tête et de poser mes mains sur ses hanches. Je ne voulais pas que cette promesse soit en l’air, je voulais vraiment ne pas le quitter, je voulais vraiment vivre avec lui, ne pas avoir peur de demain, ne pas avoir peur d’être seul. J’étais bel et bien un adolescent, mais un adolescent étant persuadé d’avoir trouvé l’unique amour de sa vie. Alors je m’en fichais pas mal si ces déclarations pouvaient paraitre ridicule, simplette, sans avenir. Elles en avait pour moi.

« Il y a beaucoup de né moldu à Poudlard, j’en connais même quelques uns qui sont à Poufsouffle et avec qui je m’entends bien. Je n’aurais qu’à leurs poser des questions sur comment ils vivaient avant et puis il y a des livres à la bibliothèque, on est pas sans informations. », commençais-je avec un sourire rassurant alors que clairement, je n’en menais pas large. Je n’avais jamais vécu avec des Moldus, je n’avais jamais passé le moindre instant de ma vie sans une baguette magique. J’avais peur, mais pour lui, je pense que j’étais prêt à prendre le risque. « Je ferais les recherches, comme ça personne ne trouvera ça bizarre… » continuais-je conscient qu’on ne pouvait pas mettre sa réputation ni son image en jeu. « Et je te donnerais des cours du soir quand on se verra. », murmurais-je contre ses lèvres avant de l’embrasser à nouveau un peu plus chastement.

« On y arrivera Will, on a apprit des choses toutes notre vie, on ne fera que continuer. » je voulais le rassurer, même si je n’avais en réalité pas la moindre idée de ce que l’on devrait faire. Je savais juste qu’à deux on saurait le faire, quoi qu’on puisse nous dire, quoi qu’il puisse arriver. « Et si on nous retrouve, on s’échappera, t’es le meilleur sorcier de l’école, et moi je suis pas mauvais sur un balais. », mais on était juste des adolescents, pas des adultes. Il pouvait contrer tout ça comme il le voudrait, mais je m’en fichais, je me disais qu’il fallait y croire et pour ça, on ne pouvait pas se laisser démonter. Tout irait bien. « On va rester ensemble quoi qu’il arrive… » soufflais-je en le regardant avec tout l’amour que je pouvais lui porter. On n’allait pas devoir rompre, on serait à jamais tous les deux. Nous aurons enfin le droit d’exister, d’être nous.

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Avant que les mots ne soient prononcés à voix haute, le baiser échangé suffit à donner la réponse que Will attendait. Ce fut quand même incroyablement agréable et rassurant de se l’entendre dire de vive voix. Un sourire d’une rare intensité étirait les lèvres de Will, lui donnant l’air d’un enfant, insouciant et simplement heureux, comme il se permettait si rarement de l’être. C’était comme le jour et la nuit, la façon dont il était maintenant et celle dont il se comportait devant les autres. Ce sourire, cette rare candeur dont il arrivait à faire preuve quand il n’y avait qu’Elias et lui, c’était peut-être la seule véritable source de lumière entre eux. L’idée, le projet plutôt, n’en restait pas moins fou. Partir tous les deux, tout abandonner derrière eux pour être ensemble… Qu’importe combien Will avait envie d’y croire, il flottait sur un petit nuage au point que ça ne lui semblait même pas vraiment réel. C’était le genre de projet qu’on faisait quand on tombait amoureux, des promesses d’éternité et d’absolu qu’on finissait inévitablement par ne pas tenir. Car le premier amour ne durait jamais, n’est-ce pas ? Mais alors qu’Elias s’évertuait à assassiner chacun de ses arguments par une dose létale de logique, Will l’observait tranquillement et se demandait sincèrement comment il pourrait un jour cesser d’aimer ce garçon. Il se laissa convaincre par les premiers arguments, mais surtout par le fait que le Poufsouffle veuille vraiment de ça avec lui et n’écouta pas tellement la suite. Passer un certain niveau d’excitation, rien n’avait plus vraiment d’importance.

“D’accord.” souffla-t-il doucement, son sourire un peu moins large, mais pas moins heureux. Ils le feraient réellement et de toute évidence, Elias avait déjà une bonne idée de la marche à suivre pour trouver les informations qu’il leur manquait encore. “Je peux préparer l’itinéraire ?” demanda-t-il, tout à coup. Ça n’était probablement pas le point le plus important, le plus urgent à régler, mais il avait rêvé de ce petit tour du monde presque tout l’été et bien avant les sortilèges et le mode de vie des moldus, avoir une ligne à suivre lui semblait important. Il n’aimait pas l’idée, angoissante, d’avancer sans savoir dans quelle direction, sans connaître au moins une partie de la destination. “Je n’y connais rien en train et autres moyens de transport moldus, mais je suis persuadé que je ferai un excellent touriste !” Il avait surtout la tête pleine de descriptions de ville partout en Europe, retracées certainement de manière peu réaliste dans les nombreux livres qu’il lisait sans arrêt, qu’ils soient écrits par des sorciers ou des moldus. Dans les livres, chaque grande ville d’Europe semblait incroyable et magnifique, même le Londres victorien dont il savait pourtant qu’il n’avait plus grand chose à voir avec le Londres qu’il connaissait. “Je dois bien pouvoir trouver une grande carte de l’Europe quelque part dans un livre de la Bibliothèque !”

“De toute façon, on a encore un peu plus de neuf mois pour tout préparer !” conclut-il finalement. Ça semblait presque trop long, dit comme ça. Il se connaissait trop bien et il avait un peu peur de finir par ne plus supporter la pression et changer d’avis. Il avait toujours été un peu égoïste et il était habitué à un certain niveau de vie. Ce soir, rien ne comptait d’autre qu’Elias, mais demain ? S’il n’avait pas le courage d’attendre jusqu’à la fin de l’année ? Son sourire s’effaça totalement alors que l’angoisse retrouvait la place. Il baissa les yeux, malgré une tentative pas très brillante de conserver un air neutre. “Eh, Elias ?” appela-t-il après quelques secondes à se mordre les lèvres. Il se força à relever le regard vers le jeune homme, laissant ses doigts glisser légèrement sur son visage. “T’es toujours d’accord pour qu’on garde tout ça secret pour le moment, pas vrai ?” Elias ne lui avait jamais dit non, pourtant, mais ça ne signifiait pas qu’il était d’accord pour autant, Will n’était pas stupide à ce point-là. “Quand on sortira d’ici, ça fera plus de deux ans…” fit-il remarquer, légèrement honteux et mal à l’aise tout à coup. Et il avait de quoi l’être, après tout. Tout allait dans son sens, toujours. Il se mordit de nouveau la lèvre, signe qui ne manquait jamais de révéler sa nervosité. “Peut-être qu’en Janvier, on pourrait profiter d’une sortie à Pré-Au-Lard pour fêter ça normalement, pour une fois ?” Ils n’auraient bientôt plus besoin de se cacher du tout, mais encore fallait-il qu’ils tiennent jusqu’à la fin de l’année et malgré toute la naïveté qu’il puisse rassembler, Will se disait peut-être que ça ne serait pas gagné d’avance s’il ne faisait pas un petit effort, comme s’il fallait qu’il s’excuse d’avance de toutes les erreurs qu’il commettrait inévitablement dans les prochains mois jusqu’à Juin.  

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Préparer l’itinéraire ? Ça m’arrachait un sourire tant c’était mignon, tant c’était secondaire aussi, mais pourtant si important. Hochant donc la tête, je n’arrivais pas à décrocher mon sourire de mes lèvres, pas plus que je ne cessais de le regarder avec amour. Je l’aimais, c’était parfois douloureux, mais je l’aimais, d’autant plus que j’avais à présent un avenir avec lui, que j’avais une chance de pouvoir aller un jour de l’avant avec lui. Je n’étais plus condamné à devoir lui dire au revoir, du moins je l’espérais. C’était peut-être stupide, ou une peur inutile d’adolescent, mais cette romance, je voulais qu’elle soit la dernière, quelque soit les illusions que je devrais me créer. Toutefois la magie finit par se dissiper, lentement, doucement, lorsqu’il réclama mon attention avec plus de sérieux. Garder tout ça secret ? Je suppose que si j’avais eu un minimum d’amour propre, j’aurais du refuser, lui demander le droit d’exister, mais si c’était le prix à payer pour obtenir un avenir avec lui, j’acceptais d’en payer le prix. Il valait beaucoup plus de sacrifice. C’était sans doute ça être un Poufsouffle non ? Accepter en toute loyauté les plus gros sacrifices.

Un sourire plus timide trouva le chemin de mes lèvres alors qu’une main glissait sur son visage, « J’aimerais bien qu’on fête ça normalement oui… », j’aimerais avoir le droit d’exister, un peu, juste sans me cacher une fois dans cette existence. Je voulais profiter de l’extérieur avec lui, même si cela voudrait dire se cacher, une nouvelle fois. « Et oui on continue de garder ça secret, ça fait plus que neuf mois avant d’avoir le droit de prendre ta main en public. », je continuais à sourire, tendrement, même si la douleur était présente, même si la peur était là. Celle de le perdre en route, celle d’avoir vécu tout ça pour rien. Adolescent, encore une fois, mais pourtant c’était bien ce qui m’animait, ce qui me gardait en vie.

« On aura tout le temps de s’aimer après ça ! » déclarais-je avec plus d’entrain, avec plus de motivation aussi. L’espoir d’une vie à deux, d’une vie avec lui était vraiment ce que j’avais attendu. C’était si loin de cette routine déprimante et désespérante qui avait été mienne. On ne se quitterait pas, on serait encore ensemble. C’était suffisant pour rester positif encore quelques mois non ?

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Entre culpabilité et soulagement, un sourire un peu plus timide s’installa sur les lèvres de Will. Il était encore effrayé qu’on les découvre, que son grand-père sache plus que tout autre chose. Mais ce soir, tout un monde de possibilités venait de s’esquisser sous leurs yeux et le Serpentard appréhendait soudainement beaucoup moins cette année encore à venir. Dans quelques mois, il ne serait plus jamais l’enfoiré qui brisait le cœur du garçon qu’il aimait par lâcheté et par fierté. Il avait hâte que ce jour arrive. Pour l’heure, il se contenta d’un dernier baiser sur les lèvres du Poufsouffle avant de s’éloigner pour se remettre debout. Il tendit une main au jeune homme pour l’aider à se relever, toujours un peu plus joyeux que nécessaire. “Allez viens, il est temps que je retourne à ma salle commune avant qu’Andrea ne se mette à ma recherche.” Quelques élèves devaient déjà quitter la Grande Salle après le dîner et bientôt, Will brillerait d’autant plus par son absence, à moins qu’on ne le trouve installé dans un fauteuil dans la salle commune des Serpentards. Il ramassa les livres qu’il avait abandonné au sol, oubliant totalement que le manuel de Potions n’était même pas le sien, alors qu’il les glissait tous deux sous son bras et reprenait la main d’Elias dans la sienne pour se diriger vers la sortie. Juste avant de poser le pied dans le couloir, il se laissa aller à la tentation d’un autre baiser encore, soufflant à l’oreille du Poufsouffle en s’éloignant : “On se voit bientôt.” C’était dit sur un ton assez enjoué pour sembler sincère, ça l’était même quelque part, mais il disait toujours ça au moment où les deux adolescents prenaient des chemins différents et la réalité se révélait bien souvent différente. Mais peut-être que cette fois…

Il était déjà tard et pourtant, la salle commune des Serpentards grouillait d’élèves surexcités, tous occupés à de bruyantes conversations animées, chacun redoublant d’octaves pour se faire entendre par dessus le brouhaha ambiant, désireux de donner son opinion forcément plus intéressante et plus importante que celle du voisin. Aujourd’hui avait été un jour important à Poudlard, presque autant que la rentrée et pour certains, bien plus excitante encore. La saison de Quidditch avait commencé cet après-midi. Gryffondor ouvrait les hostilités contre Poufsouffle. Ça n’était définitivement pas un match d’importance pour les Serpentards et pourtant, c’était bel et bien le sujet de toutes les conversations dans leur sanctuaire ce soir. Toutes, ou presque. Dans son fauteuil attitré près de la cheminée, Will Burbank était le seul et unique élève plongé dans un profond mutisme et le nez dans un manuel de Potions dont il caressait distraitement la page de garde d’un geste du pouce. Son regard vide ne déchiffrait aucun mot. Quelque part dans les environs, il entendait vaguement la voix d’Andrea, incertain de la personne à qui s’adressaient les paroles de son meilleur ami.

Entre les moqueries, les cris aiguës et surexcités, les expressions de choc ou d’incrédulité, Will savait seulement que la voix de son camarade sonnait presque morose. Ou peut-être concernée ? Non, bien sûr que non, il n’avait aucune raison de l’être. Que l’un des batteurs de Poufsouffle ait été frappé de plein fouet par un cognard n’avait aucun intérêt pour le jeune Reed, n’est-ce pas ? Au contraire, il aurait dû s’en réjouir : avec leur meilleur joueur hors jeu, Poufsouffle n’avait aucune chance de battre Serpentard dans deux semaines. Pourtant, aussi lointaine soit sa voix, Will aurait juré qu’elle était plus préoccupée que suffisante. Il réalisa au bout d’un moment que cela venait certainement du fait que, depuis quelques secondes, Andrea cherchait à obtenir son attention, répétant son nom encore et encore d’un ton de plus en plus insistant et inquiet. Le jeune homme secoua la tête alors qu’il revenait à lui et croisa brièvement le regard intrigué et soucieux de son ami. Il semblait attendre une réponse, mais Will n’ayant aucune idée de la question, il resta muet quelques secondes encore. “J’ai besoin d’air.” grogna-t-il assez brusquement, alors qu’il refermait le livre sur ses genoux d’un geste brusque et l’abandonnait sur son fauteuil en se levant.

Il quitta la salle commune et les cachots en quelques secondes, ignorant les gens qu’il bousculait sur son chemin et les quelques élèves essayant de l’arrêter en route, pour lui demander son avis sur l’impressionnante chute de balai dont avait été victime Kaneki. Et bien qu’il prit la direction du hall, il n’approcha jamais des grandes portes menant au parc, mais bifurqua plutôt pour s’approcher de celle de l’infirmerie. À travers le mince vide laissé par la porte entrouverte, il ne filtrait que le silence et la lumière ténue de quelques bougies encore allumées dans la pièce. Will s’arrêta là quelques instants, sa main tendue vers la poignée, mais incapable de la saisir vraiment. Ses épaules s’étaient délestées d’un poids immense, au cours du mois écoulé depuis qu’Elias et lui avaient pris la décision de fuguer ensemble à la fin de l’année scolaire. Mais ils se cachaient toujours, quand bien même certaines personnes soupçonnaient quelque chose malgré les recadrages parfois virulents de Will. Il avait un peu peur que quelqu’un le voit entrer ou le surprenne au chevet d’Elias. Il était plus inquiet encore de ne pas avoir eu de nouvelles concrètes du Poufsouffle depuis l’incident sur le terrain de Quidditch… Encore une fois, on en revenait à ce dilemme cornélien qui hantait la vie de Will depuis un an et demi.

Il n’y avait qu’un seul lit occupé dans la grande infirmerie. La porte qu’il referma avec précautions dans son dos, puis le son de ses pas sur la pierre résonnèrent presque trop fort alors qu’il s’en approchait. Il lança un regard en arrière quand il arriva au chevet du lit occupé, même s’il aurait entendu n’importe qui entrant derrière lui, mais rassuré de se savoir seul, il se décida et se glissa dans le lit au côté du jeune homme blessé. C’était trop petit et vraiment inconfortable, mais qu’importe : prenant soin de ne pas lui faire de mal, Will s’installa dans le dos d’Elias, passant un bras autour de sa taille alors qu’il cachait son visage contre son épaule. Il se sentit tout de suite mieux et laissa même passer quelques secondes d’un silence réconfortant après le capharnaüm de la salle commune, avant d’oser demander doucement : “Elias ? Tu dors ?” Il n’avait pas envie de le réveiller si c’était le cas, raison pour laquelle il se permit tout juste un murmure. Il sentait son cœur battre contre la paume de sa main, de toute façon et son souffle régulier sur ses doigts. Alors peu importe, il avait au moins une partie de la réponse qu’il était venu chercher ici.  
Rainbow D.Ashe


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Premier match, début des hostilités dans un combat qui n’avait pas été si compliqué. Notre équipe était soudée, les nouveaux savaient quoi faire et ils avaient été entrainé pour ça. On était clairement l’équipe à abattre et ça… Les autres n’avaient pas vraiment eu l’air d’apprécier. Ce n’était pas rare qu’une raclée se solde par un jeu agressif, mais lorsqu’un cognard fut envoyé avec violence sur notre attraper dans le seul but de le faire tomber, le ton avaient été donnés. C’était ridicule, du moi c’était ce que mon arrogance avait fini par me faire croire, mais après un duel des plus physiques, un cognard avait été envoyé avec force dans mon épaule au point de me projeter hors de mon balais pour une chute douloureuse et assommante dans les fondation du stade. Les draperies n’étaient clairement pas suffisante pour éviter tout blessure, surtout à cette vitesse et à cette hauteur. Trente ? Quarante mètres ? Je n’en savais rien, j’étais à peine conscient lorsqu’on me porta les premiers soins, un Articulationem Remitte des plus douloureux avait à peine su me ramener sur ce monde alors le reste… J’avais eu vaguement l’impression de recevoir un Curatum Volubis, mais c’est tout. L’apaisement m’avait simplement fait sombré dans un sommeil sans songes, sans repos, j’étais brisé et épuisé.

Seulement, après des heures d’inconscience, une chaleur rassurante vint irradier mon dos, un souffle régulier chatouillant mon oreille avant que la douleur ne se réveille à son tour et me sorte de cet espèce de coma. J’étais allongé, dans l’infirmerie, certains bandages semblant enserrer mon corps jusqu’à ce que ce soit son contact à lui qui n’attire mon attention, « Will ? », soufflais-je d’une voix rauque, douloureuse avant de tenter de bouger pour m’assurer que c’était bien lui, sans succès. Seul un gémissement de douleur avait réussi à percer la barrière de mes lèvres. J’espérais sincèrement que je n’avais rien de grave, non pas que j’avais peur de souffrir, mais une des choses qui me serait le plus douloureux à la fin de l’année, c’était bien de laisser mon équipe et tous ces bons moment derrière moi. Certes, j’aurais enfin Will à mes côtés, mais je ne serais plus jamais le batteur d’une équipe… Alors hors de question que je manque le moindre match, je voulais finir cette année vainqueur, rien de plus. « On a gagné ? » demandais-je alors. J’espérais sincèrement que ce soit le cas, si l’on pouvait conserver notre avance… Ça galvaniserait les autres, ça serait… On devait avoir gagner ! On ne pouvait pas perdre.

Cherchant à me redresser un peu plus, j’abandonnais de nouveau l’idée avant de me laisser retomber sur le lit, le corps meurtri, mais sa présence faisant office du meilleur anti-douleur au monde. Je glissais donc une main sur son bras, fermant de nouveau les yeux, me contentant de murmurer, « Merci d’être venu… », même si je supposais que je devais être seul pour qu’il s’expose ainsi, il aurait aussi pu ne même pas chercher à venir, or, pour être là, c’était bien qu’il était descendu jusqu’ici non ?

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Le silence ne dura pas longtemps avant que la voix d’Elias ne vienne le briser faiblement. Will commença par sourire, mais le gémissement de douleur qui suivit lui arracha une grimace. “Je suis là.” souffla-t-il, comme si sa présence pouvait changer quoi que ce soit à la douleur du batteur. Il était légèrement crispé, désormais, essayant tant bien que mal de ne pas faire peser trop de poids sur le corps endolori d’Elias. De toute évidence, les différents sortilèges de soin infligés au jeune homme pour limiter les dégâts n’avaient pas suffit à le guérir complètement, mais surtout, l’avait laissé un peu dans les vapes. Un léger rire secoua Will quand le jeune homme lui demanda le résultat du match. Il n’y avait que le Poufsouffle pour s’intéresser au score alors qu’il était visiblement au plus mal. Doucement, le Serpentard l’embrassa dans la nuque brièvement, avant de reposer son visage contre sa peau, fermant les yeux au passage. “Je n’en sais rien du tout,” admit-il, “je ne suis pas resté jusqu’à la fin du match.” Pourquoi serait-il resté, après tout ? Ça n’était pas sa maison et son petit-ami n’était même plus sur le terrain. Il ne voyait aucune raison de s’attarder et il n’en avait eu aucune envie de toute façon, beaucoup trop inquiété par les blessures d’Elias pour se concentrer sur autre chose. “Je doute qu’on te laisse retourner sur le terrain avant un moment, de toute façon. Donc tu peux d’ores et déjà considérer Serpentard comme les gagnants pour cette année.”

Il doutait que sa tentative d’humour soit très convaincante, qu’elle ait même un autre effet que d’agacer encore plus Elias. Savoir, surtout, qu’il ne pourrait pas remonter sur un balai avant un moment allait, au mieux, le déprimer. Au pire… Mieux valait ne pas penser à ça pour le moment. Il ne dit rien un court instant, mais ça l’angoissait trop. Parler Quidditch, ou plutôt de son absence, devoir remonter le moral d’Elias à ce sujet… Ça n’était pas vraiment dans ses cordes. À bien y réfléchir, être le petit-ami de quelqu’un n’était vraiment pas une tâche dont il se montrait à la hauteur. Avant que le jeune homme ne veuille ajouter quoi que ce soit à ce sujet, Will se décida donc à changer la conversation. “J’ai eu tellement peur pour toi.” souffla-t-il, sa voix si basse et étouffée par l’épaule d’Elias qu’on l’entendait à peine. Parler de ses sentiments, voilà encore un autre exemple de ce qu’il ne savait pas faire. Dire qu’il se croyait si intelligent, tellement mieux que les autres… Il parvenait très bien à jouer la comédie de la supériorité, en tout cas.

“Comment tu te sens ?” Il parla plus intelligiblement, cette fois. Encore une tentative ridicule de vite changer de sujet pour cacher combien il était ridicule et loin de mériter Elias. Il l’aimait, pourtant. Réellement. Pourquoi ne l’avoir jamais dit, alors ? Se cacher parce qu’il craignait que son grand-père ne lui pardonne jamais cette trahison était une chose, mais ce qui se passait entre le Poufsouffle et lui dans l’ombre, ça n’allait jamais jusqu’aux oreilles de personne. Il n’avait pas d’excuse pour ça et aujourd’hui, il le réalisait amèrement. Depuis l’incident, son cerveau perturbé continuait de se rejouer la scène encore et encore. Sans la magie, les conséquences auraient pu être désastreuses. L’an prochain, quand ils partiraient, il n’y aurait plus de potions ni de sortilèges pour les aider et au moindre problème… Non, il n’avait aucune envie de penser à ça. Tout irait bien pour eux, ils auraient toute la vie devant eux pour que Will apprenne à ne plus avoir peur.

Mais peut-être que juste au cas où… Il se redressa sur un coude et baissa les yeux sur le peu qu’il parvenait à voir du visage du Poufsouffle. C’était stupide et pourtant… Il avait envie de voir ce que ça ferait. Même pas vraiment au jeune homme, mais à lui aussi. La sensation des mots échappant à ses lèvres pour la première fois, le silence angoissant qu’il imaginait s’installer juste après… “Elias ?” Il faisait ça sans arrêt, réalisa-t-il avec tellement de recul que s’en était presque effrayant. L’appeler par son prénom quand il voulait lui dire quelque chose et attendre sagement de voir quelle lueur se cacherait dans ses yeux ou quelle intonation inonderait sa voix, avant de décider si ça valait la peine ou non de prendre le risque. Il ne savait pas trop ce qu’il trouverait cette fois, mais bien avant qu’Elias ne lui réponde ou ne fasse une tentative pour se tourner vers lui, une angoisse improbable le traversa et il réalisa qu’il n’avait pas envie de savoir, pas envie d’être déçu surtout. “Non, rien, oublie.” souffla-t-il précipitamment, déposant un baiser sur la tempe du blessé avant de se laisser retomber contre le matelas. Il se pressa un peu plus contre lui, à croire qu’il avait déjà oublié les précautions qu’il fallait mettre pour ne pas lui faire plus de mal encore. “Je suis seulement heureux que tu ailles bien.” concéda-t-il seulement pour que cette soudaine hésitation ne semble pas trop suspecte.

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Il ne savait pas qui avait gagné, il avait même quitté le match après ma chute, du moins c’était ce que j’avais supposé. Il n’avait déjà pas vraiment de raison de venir voir un match comme celui là à la base, alors pourquoi rester si le peu d’intérêt n’était plus là ? Aucune. Quant à la suite, j’avouais que l’optique de ne pas remonter sur un balai avant longtemps m’angoissait beaucoup, mais je ne fis rien pour l’exprimer, je suppose que je devais déjà m’estimer heureux d’être vivant et que ce n’était qu’un sport non ? J’aurais bien aimé que ce soit si simple, mais j’étais de toute évidence incapable de penser cela. Finalement ce fut l’inquiétude de Will qui reprit le dessus sur les miennes et sa peur réussi à me faire oublier la stupidité des miennes. Il avait eu peur, c’était compréhensible lorsque l’on voyait objectivement la chute que j’avais faite, quoi que j’avais encore eu de la chance. J’aurais pu tomber de plus haut et sans doute prendre le cognard à un endroit moins facilement soignable. J’avais eu de la chance. « J’ai mal, mais je suis en vie, alors c’est pas grave… » soufflais-je le plus rassurant possible. J’aurais bien aimé le prendre dans mes bras à cet instant, mais j’avais peur de me trahir en bougeant. Au final, le ton de ma voix serait la seule preuve que j’aurais à lui apporter, la seule chance que j’avais de le convaincre.

J’eus peur un instant que cela ne soit pas suffisant, disons que son mouvement, son redressement me fit douter, mais lorsque j’entendis sa voix, je fus en quelque sorte rassuré. Il voulait me demander quelque chose, mais je ne sus lui répondre que déjà il me demandait d’oublier, m’affirmant qu’il était simplement heureux pour moi. Il mentait. C’était peut-être un peu présomptueux de penser ça, mais je commençais à connaitre l’homme et je savais parfaitement quand il ne me disait pas la vérité, ou quand il la détournait. J’avais vécu suffisamment caché pour savoir le reconnaitre et c’était sans l’ombre d’un doute que je savais ce qu’il en était exactement. Alors je me redressais, douloureusement, la douleur perçant beaucoup trop facilement entre mes lèvres avant que je ne réussisse à me retourner pour lui faire face. C’était complètement stupide de me reposer sur mon épaule meurtri, mais soyons honnête, si je restais dans cet état végétatif, je n’aurais sans doute pas plus de réponse à mes questions. Je devais le regarder, lui faire face pour ne pas le laisser se cacher.

Accusant donc le coup de ce mouvement, il me fallut quelques secondes pour accepter la douleur et ne plus la laisser parler. Il avait eu peur, je n’avais pas réellement eu conscience de ça, je devais donc être là non ? Et puis il était venu ici, malgré la myriade de possibilité de me fuir par raison. Il était venu. « Je ne te crois pas vraiment… », murmurais-je en glissant une main tremblante sur son visage pour caresser sa peau. Bien que la douleur tire mes traits, je souriais, car quelque soit les douleurs et les épreuves, sa présence me rendrait toujours heureux. Rien n’était insurmontable avec lui. Rien. « Tu voulais me dire quoi que je ne sache déjà ? », repris-je donc avec douceur, « Car je pense le savoir que tu es heureux que j’aille bien… Ou du moins je l’espères… », continuais-je en abandonnant son visage pour glisser mes doigts entre les siens. Des gestes simples, empreint de douceur et d’amour. J’étais sans doute stupide, du moins l’on me jugerait ainsi si quelqu’un savait, mais je m’en fichais, je l’aimais trop pour m’arrêter à ce genre de considération, « Qu’est-ce qu’il se passe vraiment ? » demandais-je simplement avec douceur.

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Ce que Will cherchait à tout prix à éviter se produisit quand même : malgré l’évidente douleur que cela lui procurait, Elias s’échappa de ses bras pour se tourner vers lui. Will n’était pas connu pour son empathie, mais pour le coup, il eut à se mordre la lèvre pour retenir une grimace tout aussi douloureuse de s’installer sur ses traits. “Tu ne devrais pas bouger.” gronda-t-il, sa voix pleine de douceur pas très convaincante. Il perdait son temps, de toute façon, Elias n’allait pas abandonner maintenant qu’il s’était mis en tête de confronter Will à ses mensonges et puis, un simple regard au Poufsouffle et toute inquiétude s’envolait immédiatement, remplacé par un sourire absolument inévitable. Il s’approcha un peu plus du jeune homme, ajustant leur position maintenant qu’ils se faisaient face et pria pour que cette nouvelle proximité détourne assez l’attention d’Elias de sa piètre tentative d’un mensonge. C’était sans connaître le Poufsouffle, qui se révélait définitivement trop borné pour leur bien à tous les deux. Il n’y aurait aucun moyen d’échapper à la conversation et maintenant que Will avait une vue imprenable sur le visage de son petit-ami, il ne se sentait plus du tout la force de lui avouer la vérité. Que ferait-il si Elias ne répondait rien ou tirait une grimace ou détournait le regard ? Il ne voulait surtout pas le découvrir et vivre dans un monde où Elias le regardait comme il le faisait en ce moment, avec son léger sourire et cette douceur dans sa voix, même quand il accusait le Serpentard de lui mentir en soutenant son regard. Quand il n’y avait que ça, Will pouvait se convaincre facilement que, sans avoir besoin de dire quoi que ce soit, ils ressentaient la même chose l’un pour l’autre.

“Quoi ? Tu doutes que je sois heureux de te savoir en vie ?” rétorqua le jeune homme, dans une autre tentative de noyer le poisson. Son ton faussement vexé ne sonna pas exactement comme il l’aurait voulu et il avait beau essayé très fort, rien à faire, Elias insistait. Cela finit par le débarrasser de son sourire et même par lui faire baisser les yeux. Il prit la main du jeune homme dans la sienne, la soulevant jusqu’à son visage pour embrasser ses phalanges puis sa paume. “Tout va bien,” assura-t-il en se forçant à relever les yeux. “Je te le promets.” Il ne mentait même pas, mais là n’était clairement pas le problème et s’il voulait qu’Elias le laisse tranquille avec ça, il n’aurait d’autre choix que de lui donner quelque chose. “C’est juste…” Il essayait, vraiment, mais se révélait absolument incapable de soutenir le regard du Poufsouffle maintenant. “J’ai eu vraiment peur.” Ca résumait plutôt bien l’ensemble de ses pensées et sentiments plus compliqués les uns que les autres, non ? “Je sais que ça va paraître idiot, mais… Je n’avais jamais vraiment pensé au fait que… que je pourrais te perdre un jour.”

Ce qui était effectivement très ridicule, compte tenu qu’à peine un mois plus tôt, ils revenaient tous deux à Poudlard pour leur dernière année, avec la certitude qu’en Juin, ce serait la fin de leur petite amourette secrète. Et pourtant, même à ce moment-là, Will s’était convaincu qu’il pourrait trouver un moyen de continuer à voir Elias après leurs études ou tout simplement de tourner la page sans que ça ne l’affecte plus que ça. “Pas à cause d’une chute de balai, mais… Tu sais, juste parce que n’importe quoi peut arriver ou tout simplement parce que je suis le pire petit-ami du monde et que j’ai un peu de mal à comprendre pourquoi tu ne t’es pas encore lassé de tout ce que je te fais subir.” Il avait un peu l’impression d’aborder tous les sujets qu’ils évitaient soigneusement depuis le début, en une seule conversation et ça faisait beaucoup.

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J’avais surement raison, mais il ne me laissait pas en être sûre, il se cachait, il se détournait, il ne me faisait pas réellement face. Peut-être aussi que je me faisais des idées, après tout ses arguments étaient bon aussi. Il avait eu peur et il n’avait jamais passé devoir me perdre un jour. Fronçant légèrement les sourcils, j’eus besoin qu’il précise réellement de quoi il s’agissait pour qu’un sourire naisse à nouveau sur mon visage. Était-il le pire petit ami du monde ? Surement qu’il devait remplir beaucoup de point dans la longue liste de ce qu’un petit ami ne devrait jamais faire, mais en même temps, je le laissais faire, même si j’en souffrais souvent, jamais je n’avais rien dit, c’était bien pour une raison non ? C’était que quoi qu’il fasse, je serais sans doute toujours et irrémédiablement attiré par lui. Will était une sorte d’évidence douloureuse qui avait enfin un futur depuis cette année et ça changeait bien des perspectives. « Je crois que c’est parce que je t’aime que je suis encore là à t’attendre parfois désespérément… » soufflais-je avec ce même sourire niais qui se mua en rire avant que la douleur ne me rappelle à elle. Ne pas rire, ne surtout pas rire.

Glissant alors une main sur sa joue, je relevais son visage pour croiser son regard et reprendre, « Je pense que je suis indéniablement amoureux de toi depuis le premier jour Will Burbank. », Il y aurait du avoir quelque chose de cérémonieux à avouer ainsi ses sentiments au Préfet en chef, il y aurait du avoir plus de je sais pas, d’intensité ? Je n’en savais rien, mais je me disais qu’après avoir frôlé la mort et à l’aube d’une vie entière avec lui, il n’y avait pas de meilleur moment pour lui avouer. Je l’aimais, je n’allais pas en faire tout un cirque, ni lui mentir, je ne voulais pas non plus l’affoler, lui faire croire qu’il n’y avait aucune véritable raison à ma présence ici. J’étais là pour autre chose que son nom, son physique ou encore la gloire qu’il pourrait y avoir à sortir avec un mec comme lui, non j’étais là pour la seule vérité à cette histoire. Mes sentiments.

« Et puis je n’ai plus que quelques mois à tenir pour pouvoir être dans le même lit que toi sans avoir besoin de me prendre un cognard ! Ca donne de l’espoir ! » repris-je dans un sourire doux et sincère qui fut lui aussi brisé par un nouveau rire douloureux. Dieu que c’était compliqué d’être blessé à cet instant, de ne pas pouvoir pleinement profiter du moment, mais en même temps, n’y avait-il quelque chose de plaisant à ca ? Au fait d’être à deux, seuls ? Encore une fois, il ne serait pas venu me rejoindre dans ma chambre à juste titre, mais ici, aujourd’hui, c’était possible. Merci au Cognard de m’avoir prit pour cible finalement.

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Ce n’était pas l’aveu qu’il voulait faire ce soir, mais les quelques explications de Will suffirent à le rendre plus nerveux qu’il ne l’avait été depuis bien longtemps. Dans le silence qui suivit, il s’efforça de regarder loin du visage d’Elias et se mordit les lèvres jusqu’à sentir le goût du sang sur sa langue. Quelques secondes plus tard, les mots qui lui brûlaient les lèvres et qu’il retenait pourtant de toutes ses forces résonnèrent dans le silence pesant de l’infirmerie. Ça n’était pas sa voix qui osait les dire, mais bien celle d’Elias, forçant le Serpentard à relever les yeux vers lui, incrédule et secoué à la fois. Il enviait toujours autant le Poufsouffle d’être capable d’exprimer ses sentiments avec une telle simplicité, comme s’il n’y avait rien de grave à ça et c’était peut-être bien le cas, dans le fond, mais… Non, Will ne s’en sentait pas capable et il doutait sérieusement de l’être un jour. Il aurait sûrement mieux fait d’abréger les souffrances d’Elias et d’en finir avec cette histoire dès maintenant, rompre avant que son comportement infect ne blesse vraiment le jeune homme. Hélas, de cela non plus, il n’était pas capable. À la place, il ignora la pression dans sa poitrine et força un sourire qui était pourtant sincère, mais que la nervosité l’empêchait de laisser échapper naturellement.

Avant que le silence ne devienne définitivement gênant, le Préfet-en-Chef le combla par un baiser plutôt timide, sans qu’il ne sache dire si c’était par crainte de faire du mal au blessé ou tout autre chose. Quand il s’éloigna en tout cas, il était légèrement moins tendu et n’eut plus autant de mal à sourire. Mais il n’avait toujours rien dit et il en avait douloureusement conscience. Il savait parfaitement quels mots étaient attendus maintenant et chaque seconde qu’il passait sans les dire lui faisait un peu plus de mal. “Moi qui croyais que tu restais avec moi pour mon physique de rêve…” souffla-t-il, dans l’espoir qu’un peu d’humour suffise à calmer pour de bon la tension, “je suis très déçu que tu n’en aies pas parlé du tout.” Il ne se sentait pas très malin à cet instant, bien loin de là et sa piètre tentative de dédramatiser la situation ne lui semblait franchement pas efficace. “Tu crois que quelqu’un s’en rendrait compte, si je restais dormir ici avec toi ?” demanda-t-il, dans une nouvelle tentative de noyer le poisson. Après tout, c’était Elias, n’est-ce pas ? Il supportait Will depuis presque deux ans, chacun de ses caprices, chacune de ses erreurs, les secrets et pas un seul je t’aime depuis tout ce temps… Les choses ne semblaient plus aussi simples, ce soir, mais Will s’accrochait à l’espoir que le Poufsouffle accepterait de lui laisser encore un peu de temps pour sauter le pas.

“Si tu ne peux vraiment pas jouer au prochain match, on pourra toujours en profiter pour se retrouver quelque part pendant que toute l’école sera occupée ailleurs. Qu’est-ce que t’en penses ?” proposa-t-il. Avec la perspective de se retrouver seuls au monde sans la crainte qu’on les trouve ensemble, Will avait un peu de mal à se sentir vraiment désolé que le batteur ne puisse pas remonter sur un balai de si tôt, comme le prouvait le sourire plus du tout forcé qui étirait ses lèvres. “Mais ça implique que tu puisses sortir de ce lit bientôt, alors retourne-toi et essaye de dormir. Je reste aussi longtemps que possible.” promit-il. Il doutait de réussir à dormir avec l’angoisse constante que quelqu’un entre dans l’infirmerie, mais il n’y avait aucune raison que ça n’arrive avant le lever du jour, après tout.
Rainbow D.Ashe


Rainbow D.Ashe

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Il y eut un silence pesant, presque gênant même au cours duquel il ne dit rien. Je ne pouvais pas lui en demander autant, je n’en demandais même rien. Simplement, j’avais été honnête, d’autant plus quand je savais que prendre le risque de révéler aux autres une relation avec un Poufsouffle impliqué pour lui. Je fus simplement amusé par sa façon de repousser les choses, de changer presque de sujet avant de proposer de rester. Je ne savais pas si oui ou non on se rendrait compte de son absence, pas plus que je savais si on finirait par nous surprendre. J’aimais simplement l’idée de dormir avec lui. Nous étions des adolescent, de futur jeunes adultes qui n’avait jamais échangé rien d’autre que des baisers enflammés et quelques mains baladeuses. Nous étions resté chaste, nous n’avions jamais partagé le moindre lit, même innocemment. De l’intimité nous manquait dans notre couple, je ne demandais réellement rien de plus et je n’espérais rien de plus. « Tu peux toujours dire que tu ne te sens pas très bien si quelqu’un arrive… », soufflais-je alors pour justifier sa présence ici. Certes si l’on nous surprenait dans le même lit les choses ne seraient pas si facile, mais j’avais la simplicité d’esprit de croire que ça irait.

Il proposa alors qu’on se retrouve tout les deux lors du prochain match que je ne pourrais sans doute pas jouer et à cette idée, ma peine fut un peu moins grande. « Tu me proposes deux rendez-vous dans la même année ? Mais que nous arrivent-il ? » demandais-je dans un léger rire. Je ne voulais pas tant l’embêter, mais il était assez nouveau pour moi de me retrouver ainsi, avec de belles promesses. Je n’étais vraiment pas contre attention, mais je savais aussi que je devais me méfier, que je ne devais pas trop espérer. « J’en viendrais presque à ne pas vouloir me remettre à temps. » avouais-je même si le Quidditch restait et resterait l’une de mes plus grande passion. Il finit par me demander de me retourner pour me reposer, me promettant de rester avec moi le plus longtemps possible. Me tendant un peu douloureusement vers lui, je l’embrassais avec amour avant de m’exécuter. Ma peine était vive, mais il était en effet plus agréable de me reposer sur cette épaule. Elle au moins, elle n’essayait pas de me tuer à chaque respiration. Me torturant d’ailleurs encore un peu, j’allais chercher une de ses mains pour y glisser mes doigts et la ramener sur mon ventre. Ce n’était qu’une illusion de possession, mais même si cela ne devait durer que quelques minutes, ça serait toujours plus que ce que je pouvais rêver.

« T’es mignon quand tu es mal à l’aise… Ça change un peu de ton assurance habituelle. » confiais-je simplement. Je me moquais peut-être, mais c’était pour la bonne cause, « T’es pas obligé de répondre, ni de paniquer pour ça, ton physique de rêve me fera rester quoi qu’il arrive. », murmurais-je pas certain du résultat. Après plus je lui répétais, plus il accepterait cette réalité non ? Celle ou quoi qu’il se passe, je serais là. Je ne disais pas non plus que j’accepterais tous, je pense que j’avais quand même mes limites, mais son silence n’était pas une bonne raison pour vivre sans lui. Ca serait hypocrite de lui reprocher maintenant de toute façon, j’étais resté silencieux depuis beaucoup trop de temps pour me plaindre de quoi que ce soit à présent. Prenant donc une grande inspiration, je ferais les yeux, cherchant à retrouver ce qui m’avait fait tomber un peu plus tôt dans l’inconscience.

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Il était effectivement plutôt rare que Will soit aussi enclin à prévoir des rencards, le temps qu’il passait avec Elias dépendait très souvent de son humeur et de ce qu’il faisait au moment où l’envie lui prenait. Cette fois… Les choses étaient différentes. Sa relation avec le Poufsouffle prenait une tournure qu’il n’avait jamais réellement envisagé et, à défaut de trouver le courage de l’exprimer par des mots, il tentait tout simplement de faire quelques efforts pour prouver au jeune homme qu’il méritait réellement son attention et les sentiments qu’Elias avait à son égard. Il doutait que ce soit suffisant pour autant, mais se garda bien de répondre quoi que ce soit aux moqueries du Poufsouffle, de peur que sa gorge nouée ne le rende encore plus “mignon” comme celui-ci se plaisait à le dire. “Je ne panique pas. Dors, au lieu de m’embêter !” grogna-t-il seulement. Histoire de mettre un terme définitif à la conversation, il poussa même jusqu’à fermer les yeux, resserrant son emprise sur le corps d’Elias au passage. Un silence tranquille s’installa, venant peu à peu à bout de la nervosité de Will, au moins sur le sujet de conversation auquel il n’avait pas la force de répondre. Mais l’idée que quelqu’un puisse le trouver dans le lit du Poufsouffle s’il baissait la garde le maintint éveillé presque toute la nuit.

***

Les jours de match étaient toujours les plus calmes et les plus animés à la fois. Dès le réveil, tous les élèves laissaient libre cours à leur excitation, peu importe les équipes qui auraient à s’affronter. Avant le début du match, tout le monde ou presque désertait les couloirs de Poudlard pour rejoindre le terrain de Quidditch. Un silence inhabituel régnait dans toute l’école et donnait presque envie à Will de passer sa journée à se balader au hasard pour profiter des lieux sans avoir à prétendre comme il se forçait à le faire en général. Mais il avait d’autres plans pour aujourd’hui, probablement bien plus intéressants qu’une promenade de santé. L’école n’était presque jamais aussi vide, pas même lors des sorties à Pré-au-Lard auxquelles les premières et secondes années ne participaient pas, rendant les moments de solitude impossibles. En revanche, ils se pressaient toujours sur le terrain pour les matchs.

Le Préfet-en-chef prenait pourtant son temps pour arpenter les couloirs en direction de la bibliothèque, où il avait donné rendez-vous à Elias, quand bien même il n’était pas question d’avancer sur les préparatifs de leur voyage aujourd’hui. Il souriait déjà bien avant de passer la porte et d'apercevoir son petit-ami installé dans un coin reculé. Il contourna les étagères de façon à ne pas arriver de pleine face, s’asseyant sur la table quand il arriva près d’Elias. “J’espère que je ne te dérange pas.” lança-t-il en guise de salut. Il n’y avait personne pour les interrompre, normalement, mais il était tellement habitué à agir avec une certaine retenue proche de la froideur quand ils se trouvaient dans un lieu plus ou moins public que c’était devenu une seconde nature. Il ravala malgré tout ses remarques pas très sympathiques impliquant le Quidditch, jugeant que ça n’était pas très intelligent de sa part d’enfoncer le clou alors que le batteur était hors jeu pendant que le reste de son équipe essayait de battre les Serpentards sur le terrain. Il croisa les bras sur sa poitrine, prenant cet air hautain qui faisait sa réputation à Poudlard et continua, de son ton supérieur : “Tu penses rester là avec tes livres ou j’aurais le droit à un peu de ton attention aujourd’hui ? J’ai de grands projets, mais il faudra payer pour y participer, Kaneki.”

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Même si Will ne m’avait pas donné rendez-vous, je n’étais pas certain que j’aurais été voir ce match, non pas que je ne voulais pas, mais me rappeler que j’étais hors jeu, sans possibilité de les aider… C’était cruel dans un sens, aussi bien pour moi que pour les autres. Je voulais en être, mais j’avais encore mal aux entrainements et il était préférable que je ne sois pas là. Mon rôle était de protéger les autres, pas de ralentir l’équipe. Alors j’étais arrivé bien avant l’heure, profitant de de cette avance pour commencer à réviser certaines matières. Je n’étais pas mauvais élèves, mais j’étais loin d’être comme Will, j’étais loin d’être aussi brillant. J’étais donc plongé dans mon livre quand je vis quelqu’un s’asseoir sur ma table, pas besoin alors d’être devin pour savoir qu’il s’agissait du seul Serpentard qui en vaudrait la peine. « Jamais. » répondis-je donc à ses premiers mots. Je fermais d’ailleurs mon livre à ses premiers mots. Comme si il aurait autre chose que mon attention un jour. Me redressant alors, je souriais doucement, « Si je comprends bien tu veux mon attention pour tes grands projets auxquelles je vais quand même devoir payer ? T’es dur en affaire Burbank… », nous étions seul, mais il gardait ses distances, comme si quelqu’un pouvait nous surprendre. Ca faisait toujours un peu mal, surtout après la presque nuit que nous avions partagé à l’infirmerie. Personne ne nous avait surprit, personne ne le ferait jamais de toute façon, car il était prudent, il le serait toujours.

Avançant une main pour effleurer sa cuisse du bout des doigts, je la caressais distraitement tandis que je reprenais, « Tu vas m’en dire plus ou je dois te promettre tous ce que tu veux avant ça ? », continuais-je en ne cessant pas de le toucher. Je ne pouvais pas rester à distance en nous sachant seul, je ne pouvais pas cacher mon envie d’être avec lui, surtout aujourd’hui, alors que je n’avais vraiment plus que lui. J’avais de plus en plus envie de cette promesse de fuir à deux soit réelle. J’avais de plus en plus envie que cette année ne soit pas la dernière de notre histoire. Le plus frustrant dans tout ça restait bien cette incertitude et le fait que d’ici là, je ne serais toujours d’une ombre qu’il cacherait. Je m’y étais fait, mais dans des moments comme aujourd’hui, j’aimerais qu’il n’y ait aucune barrière entre nous. Qu’on soit juste deux jeunes homme s’aimant, enfin du moins acceptant que je l’aime. En soit, il ne l’avait pas dit, ok, mais je savais que c’était vrai. Je savais que c’était partagé, mais de part la situation, je savais aussi qu’il ne pouvait pas s’exprimer aussi facilement. Je n’aurais qu’à attendre encore un peu.

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Malgré l’immense hypocrisie dont il faisait preuve, Will se sentit quelque peu blessé qu’Elias ose tout juste l’effleurer du bout des doigts. Pour une obscure raison, il s’était attendu à ce que le Poufsouffle se jette pratiquement sur lui au premier regard. C’était stupide, sachant qu’ils ne faisaient jamais ça et que c’était principalement parce que le Serpentard l’exigeait… Il ravala sa fierté mal placée, bien décidé à ce que cette journée se passe sans encombre et étira plutôt en sourire en posant enfin son regard sur le jeune homme. “Tout ce que je veux, hm ?” répéta-t-il, pensif. C’était une bonne occasion de s’assurer que tout se déroulerait exactement comme il l’espérait, mais ça ressemblait aussi et surtout à une forme de chantage dont, étonnement, Will aurait voulu se passer aujourd’hui plus que jamais. Au lieu de sauter sur cette occasion, il se contenta donc de prendre la main qu’Elias avait osé poser sur lui dans la sienne, l’attirant doucement à lui jusqu’à pouvoir emprisonner sa taille entre ses genoux. “J’aime à croire que je n’ai pas besoin de te demander de me le promettre pour que tu veuilles me faire plaisir…” souffla-t-il, avec un sourire en coin. Il agrippa le col de la robe du Poufsouffle, tirant jusqu’à pouvoir lui voler un baiser, bien trop bref à son goût, mais il n’était pas encore tout à fait détendu malgré le silence autour d’eux.

“J'espérais seulement un baiser, mais de toute évidence il faut tout faire soi-même par ici.” Il souriait un peu plus franchement en disant ces mots et laissa tout juste le temps à Elias de l’entendre avant de replonger sur ses lèvres. Il y mit un peu plus de coeur, cette fois, mais ne s’attarda que quelques secondes de plus. “Je ne sais pas si tu as remarqué, mais l’école est quasiment vide aujourd’hui,” souffla-t-il contre les lèvres du Poufsouffle. “Je me disais qu’on pourrait en profiter pour visiter des endroits qu’on a encore jamais vu…” Son sourire s’entendait jusque dans sa voix, lui donnant légèrement l’air d’un crétin. Il s’interrompit le temps d’un autre baiser, alors que ses mains glissaient dans le dos du Poufsouffle pour l’attirer encore un peu plus contre lui. “Le dortoir des Serpentards, par exemple.” reprit-il, le souffle un peu plus court. “C’est un endroit de cette école que tu n’as encore jamais vu, pas vrai ?” Il connaissait - ou du moins espérait - déjà la réponse à cette question, mais il n’en restait pas moins très content de lui et du sous-entendu pas très subtile caché dans ses mots. Il ne forçait rien non plus, après tout, mais on ne pourrait quand même pas lui reprocher d’être un adolescent agissant comme tel, n’est-ce pas ? C’était déjà presque un miracle qu’il soit resté parfaitement tranquille alors qu’il sortait avec Elias depuis presque deux ans. La plupart de ses camarades ne pouvaient certainement pas se vanter de la même retenue.

“Je sais que ça va ne pas sembler très objectif, mais c’est un endroit magnifique. Et très, très vide, aujourd’hui.” Comme s’il s’agissait désormais de la seule façon de parler correctement, il ponctua cette dernière remarque par un autre baiser, laissant tomber son petit jeu de sous-entendu pour se concentrer pleinement sur les lèvres du jeune homme. Il commençait à perdre légèrement son souffle lorsqu’un bruit sourd à sa droite le fit brusquement sursauter. En moins d’une seconde, il s’éloignait des lèvres d’Elias pour en chercher l’origine. Son sang se figea brusquement quand il en trouva la source : une jeune fille plantée à quelques pas d’eux, un tas de livres à ses pieds. Il put dire qu’il s’agissait d’une Poufsouffle uniquement grâce au blason cousu sur son uniforme, son visage lui étant parfaitement inconnu. À une vitesse relativement impressionnante, Will posa ses deux mains sur le torse d’Elias et le repoussa loin de lui, alors qu’il sautait pour se remettre sur ses pieds. L’intention était belle, mais même si la fille ne les avait pas vu s’embrasser - ce dont il doutait sincèrement - elle ne pouvait pas avoir loupé l’étreinte et en avait forcément tiré les conclusions logiques. “Qu’est-ce que tu fais ici ?” demanda-t-il d’une voix forte, immédiatement redevenu le glacial Préfet-en-Chef de Serpentard. Il n’avait même pas remarqué qu’il tenait déjà sa baguette d’une poigne ferme et que ses épaules étaient plus tendues que jamais. C’était son pire cauchemar depuis deux ans : que quelqu’un les voit ensemble, que quelqu’un sache et qu’on puisse lui faire payer chaque petit regard noir, chaque remarque mesquine, chaque bousculade “accidentelle”...

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Un sourire fin s’était étiré sur mes lèvres lorsqu’il m’avait attiré à lui, lorsque ses cuisses emprisonnaient mon bassin. Si il doutait encore que je ne puisse pas vouloir lui faire plaisir alors peut-être qu’une petite piqure de rappel ne ferait pas de mal. Mon sourire refusa de disparaitre, d’autant plus lorsqu’il m’embrassa. Ce n’était pas rare qu’il prenne les choses en mains, ça l’était juste d’avantage qu’il le fasse dans un lieu potentiellement publique. N’ayant donc pas l’occasion de lui répondre comme je l’aurais voulu, il se plaint d’avoir du venir chercher mes lèvres. Comme-ci je ne le faisais pas assez souvent… Cette fois-ci j’eus le droit à quelque chose d’un peu plus… Précis, d’un peu plus passionné et je n’eus aucun mal à suivre le mouvement de ses lèvres. Toutes la retenu du quotidien me fatiguait et qu’il me donne enfin l’autorisation d’être un peu plus possessif… J’aimais ça. J’aimais aussi la suite de ses mots, surtout si la visites impliquait de découvrir les dortoirs des Serpentards. Croyez le ou non, mais l’école n’était dans ma situation pas la plus propices aux nouvelles expériences et aux découvertes plus… Charnel. Il y avait toujours un risque de se faire surprendre et si certains s’en fichaient et vivaient leurs vies… Je sortais avec quelqu’un qui ne voulait pas que ça se sache, alors autant dire qu’il n’y avait que très peu de chance pour qu’on se laisse aller. Glissant donc mes mains sur ses cuisses, je remontais jusqu’à ses hanches pour m’y accrocher comme une âme en peine. Ce qu’il sous entendait n’était pas pour me déplaire et même si cela avait de quoi me rendre fébrile, j’étais de plus en plus impatient de faire du tourisme, « En effet, je n’ai jamais vu vos dortoirs, pas plus que votre salle commune d’ailleurs… », soufflais-je en frôlant ses lèvres des miennes.

Je voulais bien croire que c’était magnifique, mais c’était l’aspect vide qui m’intéressait le plus. J’étais prêt à continuer de flirter autant de temps qu’il voulait, d’alimenter ce petit jeu, même si la promesse était du vent, mais un bruit dans notre dos fit réagir Will assez brutalement et après ce qui aurait du être un baiser des plus significatif, il me repoussa, brutalement. Descendant alors de la table, il se dirigeait furieusement vers une Poufsouffle qui avait eu le malheur de venir ici. Et je savais pourquoi en plus, elle n’était pas très populaire, parents Moldus ne supportant que très peu sa présence ici, elle n’avait que quelques amis dans l’école, dont la plus part était des livres. Will devient alors le parfait petit Serpentard, il lui demanda ce qu’elle faisait ici, mais ce qu’il me fit le plus réagir était cette main de libre sur sa baguette.

Fronçant alors les sourcils, je me reprenais, malgré la douche froide que je venais de subir, pour me diriger vers eux et m’interposer entre mon petit ami et la pauvre fille. Elle était en sixième année, ce qui était un miracle pour quelqu’un venant de son milieu, « Du calme ! » soufflais-je avec un peu d’énergie à l’égard de l’homme. Me tournant alors vers la jeune femme, je lui souriais avec douceur avant de demander, « Toujours pas certaines de toi en métamorphose, c’est ça ? », elle hocha la tête avant que je regarde les livres par terre, « C’est pas les meilleurs livres pour ça, si tu veux je te montrerais ce qu’il faut. », m’abaissant pour les ramasser, je me redressais alors pour lui tendre, avec gentillesse, ce dont avait clairement manqué Will. « Écoutes, par rapport à ce que tu as vus, j’aimerais bien que ça reste entre nous… C’est déjà assez compliqué tout les jours, alors si toutes l’école est au courant… », je perdrais sans doute Will, car on était encore ici, on n’avait pas encore fuit, alors il ne me choisirait pas moi, j’en avais conscience et c’était douloureux. « J’aimerais bien pouvoir finir mon année sans avoir peur de ce que les autres pourraient dire tu vois ? », la menacer ne servirait à rien, vraiment à rien, « J’ai pas envie de passer pour l’idiot de Poufsouffle qui se fait manipuler par un Serpentard, ou toutes autres conneries qu’on pourrait inventer sur nous… Et je sais que t’es au courent de ce que ça fait les rumeurs… Qu’elles soient vraies ou non, on les mérite rarement et elle font mal. », elle baissa les yeux, elle savait très bien de quoi je parlais et elle savait aussi que j’avais été là pour elle, que je n’avais pas tourné le dos pour des stupidités familiale qui ne me regardait pas. On n’était pas proche, ni même amis, mais on était souvent assis à la même table pour réviser et parfois on échangeait quelques mots. Elle était timide, elle n’osait pas, mais jamais je ne l’avais secoué. « Est-ce que tu peu me jurer que tu ne diras rien à personne ? », lui demandais-je donc calmement, avec la même douceur que je réservais aux autres élèves. Je n’avais aucune animosité envers elle, et elle devait le savoir.
Rainbow D.Ashe


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La bonne nouvelle, c’est qu’il n’avait pas bougé depuis plusieurs secondes, pas fait le moindre geste pour blesser la fille, malgré la tension plus qu’évidente qui s’était emparée de lui et l’aurait poussé à n’importe quoi sous le coup de la panique. Par chance, Elias s’interposa avant qu’une chose terrible ne se produise, avant même que la jeune fille ne soit en mesure de prononcer un mot. Son style était totalement différent de celui de Will et peut-être même qu’il ferait ses preuves, mais… L’angoisse oppressante qui figeait le Serpentard sur place l’empêchait aussi de réfléchir correctement. Il n’avait pas vraiment peur de l’intruse ou de ce qu’elle comptait faire du secret qu’elle venait de découvrir. C’était autre chose. Cette année était tellement différente, tellement… Heureuse et simple, faite de belles promesses. Will et Elias faisaient des projets d’avenir, passaient la nuit ensemble dans un lit de l’infirmerie et s’embrassaient dans un lieu public. Ils prenaient des risques inconsidérés, alors qu’ils avaient des plans, juste quelques mois de plus à tenir plutôt que de prendre le risque de tout gâcher pour un petit flirt entre les étagères poussiéreuses de la bibliothèque. Cette fille n’avait pas l’air très dangereuse, loin de là. Elle semblait à peine capable de parler, se contentant de hochements de tête à chaque question d’Elias, mais ça aurait pu être quelqu’un d’autre, de beaucoup moins facile à impressionner.

Will eut tout juste conscience de son dernier hochement de tête, celui qui devait confirmer qu’elle jurait de tenir sa langue. Pourquoi l’aurait-il cru ? Il ne la connaissait même pas, bien que ça ne semblât pas être le cas d’Elias. Ça lui était bien égal. Il se força à reprendre une forme de contenance, redressant le dos pour s’imposer, ne serait-ce que par la taille. “Va-t-en avant que je ne change d’avis !” grinça-t-il à l’adresse de la fille, de toute évidence morte de peur. Elle serra ses livres contre sa poitrine et quitta le couloir en courant presque, laissant un horrible silence uniquement perturbé par le son de plus en plus lointain de son pas pressé sur la pierre. Will rangea sa baguette, mais ne fit aucun autre geste, son regard toujours fixé sur l’endroit d’où elle venait de disparaître. Elle partait en emportant la seule chose qui soit uniquement à lui dans ce monde, qu’il ne voulait ni perdre, ni partager avec qui que ce soit. Et même si elle tenait parole et ne disait jamais rien à personne… C’était un risque qu’ils ne pouvaient plus se permettre de prendre. “Je…” Il évitait soigneusement le regard d’Elias, sa mâchoire crispée retenant difficilement la colère qu’il ne voulait pas vraiment relâcher sur lui. “Je ne me sens pas très bien, je vais retourner à mon dortoir. On se verra plus tard.”

Le son de sa voix ne donnait certainement pas l’impression que ça se produirait de si tôt, mais il n’arrivait pas à faire mieux pour le moment. Ne pas s’en prendre à Elias pour le simple fait qu’il soit le seul présent à cet instant lui demandait déjà des efforts surhumains. Peut-être que prendre la fuite n’était pas la manière la plus mature de réagir, mais c’était la seule à laquelle il puisse penser pour l’instant. Ne pas voir Elias quelques jours valait cent fois mieux que le perdre pour de bon, n’est-ce pas ?

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Je n’avais pas aimé les derniers mots qu’il avait soufflé à la jeune femme, pas plus que j’avais aimé le regard de panique qui l’avait secoué. Elle venait de fuir, littéralement et lui… Il fit la même chose. Il ne se sentait pas très bien, il voulait retourner dans son dortoir. Il… Il me laissait là après ça ? Il… Ok on venait de se faire surprendre, mais j’étais presque sûr qu’elle ne dirait jamais rien, j’étais presque sûr qu’on serait en sécurité. Presque sûr que rien ne changerait après ça, mais là… Pourquoi il voulait partir ? Pourquoi il voulait me laisser là… « Elle ne dira rien… » soufflais-je avant de tendre le bras pour toucher son bras, « Hé… » murmurais-je alors, pour attirer son attention, pour qu’il ne continue pas à me fuir, qu’il… On pouvait pas passer d’un moment où on était juste que nous deux à ça, à une distance, à une froideur… Il ne pouvait pas fuir, il ne pouvait pas me tourner le dos. « Il nous suffit de trouver une pièce qui ferme à clé et on pourra en parler ok ? », il fallait en parler, il ne fallait pas qu’on parte chacun de notre côté avec cette évidente distance. On devait en être au moins au même stade qu’avant, qu’on ne régresse pas, qu’on ne revienne pas en arrière, qu’on ne… On ne pouvait simplement pas se tourner le dos maintenant.

« Si tu veux on reprend comme avant, on évite ce genre de rencontre, sauf quand on sait que personne peut nous surprendre sans qu’on les entendent, et ça ira, mais ne pars pas Will, pas comme ça. », lui souriant avec douceur, pour le rassurer, pour le calmer peut-être, pour qu’il comprenne que la situation ne serait pas plus compliqué. C’était notre secret et une autre personne le connaissait, une personne gentille. Je me doutais bien que dans son monde, la trahison était monnaie courante, je me doutais bien que dans son monde, il y avait peut-être pas autant de loyauté, mais dans le mien, on était fidèle, dans le mien, on ne se faisait pas poignarder. J’aurais bien dit à Will de se souvenir qu’il avait du me faire confiance un jour, qu’il avait du se mettre en danger en commençant à me fréquenter, mais ça s’était bien passé et jamais dans ma vie, je n’aurais osé le trahir. C’était sans doute en grande partie car j’étais devenu fou de lui dès le début, mais aussi et surtout car le bonheur des autres ne passaient pas après le miens. Je refusais de trahir quelqu’un.

Elle ne ferait rien, elle ne serait pas un danger. Elle ne voulait pas qu’on souffre, enfin j’espérais, mais je ne pouvais pas non plus en être sur, je pouvais simplement faire appel à sa gentillesse et à son humanité. Il ne se passerait rien, si j’y croyais, Will devait y croire et il n’y aurait donc aucune raison de fuir, aucune raison de partir. Il devait me faire confiance.

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La panique faisait battre le coeur de Will si fort qu’il commençait à avoir mal et à manquer de souffle. Il ne pensait plus qu’à une chose : disparaître, aussi loin que possible d’Elias, où personne ne pourrait les surprendre ensemble et détruire ce qu’ils avaient. Pourtant, il n’arrivait pas à bouger et restait planté là à regarder le bout de l’allée d’où venait de s’échapper la Poufsouffle. Il ne pouvait s’empêcher de l’imaginer arriver en courant sur le terrain de Quidditch et raconter à tout le monde ce qu’elle venait de voir. Il se fichait totalement qu’on sache qu’il sortait avec un Poufsouffle, que beaucoup auraient considéré comme pas assez bien pour le pauvre petit Serpentard plein de préjugés pour qui on le prenait. Elias était le fils d’une très bonne famille, un Sang-Pur respectable et, plus que tout ça, une meilleure personne que de nombreux Serpentards que Will connaissait. Il ne craignait qu’une seule et unique personne dans ce monde : son grand-père, l’animosité incompréhensible qui existait entre ce dernier et le père d’Elias, la terrible déception qu’il ressentirait s’il savait que son unique petit-fils l’avait trahi. Il pourrait survivre à toutes les moqueries, mais pas à ça. Il n’avait aucune idée de pourquoi son grand-père en voulait tellement aux Kaneki, mais il avait trop peur de le découvrir de cette façon.

Il sursauta lorsqu’il sentit les doigts d’Elias sur son bras, le ramenant douloureusement à la réalité : pour l’instant, il n’y avait qu’eux ici et ils devaient faire face à la possibilité que d’autres pourraient les surprendre un jour. Will s’arracha à l’emprise du jeune homme en secouant l’épaule, mais se força quand même à se tourner vers lui. Il avait simplement besoin d’un peu de temps pour se calmer et retrouver ses esprits, mais Elias refusait de lui offrir ce temps, trop effrayé de le perdre sans doute. “Je ne veux pas trouver de pièce qui ferme à clé, je n’ai pas envie de parler !” lança-t-il, plus méchamment qu’il ne l’aurait voulu. Parler ne changerait rien pour l’instant, ne changerait probablement jamais rien. Ils n’avaient pas le choix que de faire confiance à cette parfaite inconnue, chose dont Will était tout bonnement incapable. Il lui fallait de la logique et du contrôle et il venait de perdre tout cela.

“Peut-être qu’elle ne dira rien, mais ça se produira à nouveau. On a pris trop de risques ces derniers temps, quelqu’un d’autre finira par l’apprendre et par parler. C’est trop dangereux.” Il y avait toujours ce venin dans sa voix, pourtant Elias n’avait rien fait de mal, il n’était même pas celui qui avait engagé un rapprochement physique entre eux ici. Il n’y était pour rien, mais même en en ayant parfaitement conscience, Will n’arrivait plus à penser correctement. Il recula d’un pas, son regard glacial s’éloignant enfin du Poufsouffle pour regarder le sol de pierres de la bibliothèque. “On devrait arrêter de se voir quelques temps.” souffla-t-il, beaucoup moins assuré, tout à coup. Il n’avait pas envie de ça, mais c’était la seule solution cohérente pour le moment, à ses yeux du moins. Tout le reste ne ferait que repousser l’inévitable et avant d’en arriver là, il fallait qu’il se préparer. À affronter son grand-père ou à pouvoir le fuir à tout jamais. “C’est ce qu’il y a de mieux à faire pour l’instant.” Il voulut ajouter qu’il était désolé, mais alors qu’il osait enfin relever les yeux vers Elias, sa gorge se bloqua, ne laissant plus échapper le moindre mot. Quelque chose brûlait dans ses yeux, des larmes peut-être, il n’avait aucune envie de le découvrir maintenant et aucune envie qu’Elias s’en aperçoive non plus.

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Pourquoi le sol semblait aussi peut solide ? Il refusait mon contact autant qu’il refusait mes mots. Il ne nous faisait pas assez confiance et pour quoi ? Pour quelque chose qui nous dépassait et qui ne pourrait pas encore nous atteindre. On était jeune, on devait prendre le temps de s’aimer, de se découvrir, on devait tendre une main à l’autre et si on devait faire attention, cela ne nous empêchait pas de continuer non ? Oui, on pourrait trouver des solutions, même lever le pied, mais rien n’était définitif, rien n’était insurmontable, du moins jusqu’à ce qu’il reprenne. Il avait suffit de quelques mots pour que mon coeur se serre douloureusement, pour que mes yeux me fasse mal et pour que je réalise combien il était important. Combien cette simple phrase me mettait à genoux. Je… Non, je refusais cette simple idée et je n’eus pas besoin de beaucoup de temps pour réagir, pour la rejeter.

« Qu… Quoi ?! » soufflais-je en ignorant même la suite de ses mots. Comment pouvait-il croire que ça serait mieux à faire ? Comment ? « Non, on va pas arrêter de se voir juste pour ça ! » repris-je alors, incapable de réellement pouvoir accepter l’idée, comme incapable de pouvoir aussi m’énerver. Pour le moment je le voyais lui, je le voyais en train de s’éloigner et j’en étais… Non, tous simplement non ! « Tu reviendras pas… Me dis pas le contraire… » ajoutais-je alors que j’essayais encore de recréer un lien en posant ma main sur son bras. « Si c’est pas pour ce qu’on pourrait dire ici, ça sera pour ce que nos familles pourraient dire… Et… J’ai pas envie de payer pour quelque chose dont je ne suis pas responsable Will. Je ne suis pas mon père, pas plus que tu n’es ton grand-père… », je n’avais rien fait à sa famille, si ce n’est naitre dans la mauvaise famille sans doute. « Je te promets de faire attention, de plus prendre de risque, mais je pourrais pas arrêter de te voir, je veux pas d’une pause, je veux pas de ça ! C’est déjà assez difficile comme ça de passer à peine quelques heures avec toi par semaine alors m’arrêter… Je préfère que ce soit difficile qu’insupportable Will. », resserrant alors ma prise sur son bras, je devais peut-être être pathétique à cette instant, mais je m’en fichais. Je n’avais sans doute aucun amour propre lorsqu’il était question d’amour, de lui, de mes sentiments, mais il fallait bien quelqu’un de dévoué non ? « Je t’aime Will, alors viens t’asseoir pour en parler calmement s’il te plait. », il devait être raisonnable, il ne devait pas… Il devait revenir à moi, me regarder, pour qu’on traverse ça ensemble, qu’on affronte ça à deux…

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Bien sûr, Elias refusait d’accepter sans se battre. Une fois encore, il était prêt à trop pour que Will reste dans sa vie, ça en devenait presque insupportable pour le Serpentard. Il n’arrivait pas à raisonner de cette façon pour l’instant, à considérer que le risque en vaille la peine. Il parvenait tout juste à affronter le regard d’Elias, il lui fallait du calme, du temps. Pourquoi le Poufsouffle refusait de comprendre ça ? Plus il poussait, moins Will parvenait à réfléchir. Même respirer devenait difficile, retenir ses larmes qu’il comprenait à peine. Il fallait qu’il parte d’ici à tout prix et qu’il le fasse maintenant. Il inspira un grand coup, dans l’espoir de se calmer un peu, de retrouver au moins le contrôle de ses membres. “J’ai besoin de temps.” répéta-t-il, “Désolé.” Peut-être que quand il serait calmé, il reviendrait, s’excuserait même, mais pour l’instant… Non. Par miracle, il parvint enfin à bouger, tournant le dos à Elias, tournant le dos à la panique aussi. Il ne courrait pas, mais presque, et quitta la bibliothèque en quelques minutes sans jeter le moindre regard en arrière. Le silence dans les couloirs fut un soulagement de courte durée, uniquement troublé par le bruit de ses pas précipités sur le sol en pierres. Une part de lui savait qu’il venait de faire une erreur et qu’il le regretterait très vite, mais la panique l’empêchait de faire demi-tour avant qu’il ne soit trop tard. Dans sa chambre dans les dortoirs des Serpentards, il se sentit un peu mieux, sachant qu’il était seul au moins jusqu’à la fin du match.

***

Il avait réussi à tenir un peu moins de deux semaines, quoique ce ne soit pas vraiment une victoire. C’était un score impressionnant quand même, surtout que Will avait découvert au cours de ce délai que Poudlard n’était pas une si grande école que ça. Partout où il posait les yeux, il croyait voir Elias. Il était assis à la table juste en face à chaque repas, jamais très loin à chaque cours, toujours quelque part, même dans les couloirs. Qu’importe les efforts que le Serpentard faisait pour l’ignorer, il était là et quand ça n’était pas le cas, il ne fallait pas espérer penser à autre chose que lui. Ça devenait tellement frustrant que finalement, la peur s’était transformée en une colère assez inexplicable. Le Destin s’amusait à lui mettre sous le nez ce qu’il désirait le plus, il savait que ce ne serait que pour mieux le lui arracher des mains s’il osait s’en approcher. Parce que ça se passait toujours comme ça, pas vrai ? On lui faisait de belles promesses, mais elles venaient avec un prix. Il n’était pas sûr d’avoir les moyens de le payer. Il voulait trouver un moyen, mais en attendant, Will essayait simplement de tenir le coup.

Tous les moyens étaient bons pour ne pas penser à Elias. Raison pour laquelle il avait accepté de se joindre à Andy qui voulait aller s'entraîner sur le terrain de Quidditch après les cours. Et maintenant… Maintenant, il se tenait là, un balai emprunté dans une main, le regard rivé sur le Poufsouffle qui s’éloignait vers les vestiaires après une petite altercation avec le batteur des Serpentards pour céder le terrain. Will n’avait plus du tout envie de monter sur son balai. Il le laissa même tomber au sol sans s’en rendre compte. Du moins, pas avant que son meilleur ami ne le sorte de ses pensées par quelques mots lancés plus fort. Will regarda autour de lui quelques secondes, visiblement perdu, avant de retrouver la trace d’Andy sur son balai, quelques mètres au-dessus du sol. Ça aurait été très simple de le suivre et peut-être même qu’il aurait réussi à se changer les idées quelques minutes, mais… “Je… Commence sans moi, je me sens pas très bien.” lâcha-t-il à l’adresse du batteur. Il était tellement pâle et préoccupé que ça ne ressemblait même pas à un mensonge. Andy essaya bien d’en savoir plus, mais Will marchait déjà à toute vitesse vers les vestiaires quand il ouvrit la bouche.

Il s’expliquerait plus tard. Pour l’instant, une seule chose lui importait : il fallait qu’il voit Elias. Deux semaines, c’était tellement plus long qu’il ne l’aurait imaginé. Il entra dans les vestiaires quelques minutes à peine après le Poufsouffle et se stoppa net après deux pas à l’intérieur, alors que son regard se posait sur le jeune homme, sans aucun public autour d’eux pour la première fois depuis tout ce temps. Il existait sûrement des centaine de choses qu’il aurait pu dire en préambule de ces retrouvailles bien trop tardives, à commencer par des excuses. Il le savait, mais son coeur battait déjà trop fort et sa gorge se serrait encore plus vite. Il n’aurait pas su quoi dire de toute façon, trop de choses et pas assez à la fois. Il ne se faisait pas assez confiance pour trouver les bons mots, en tout cas. À la place, il conserva le silence et approcha tout simplement d’Elias jusqu’à pouvoir prendre le visage du Poufsouffle entre ses mains. Il n’excluait pas la possibilité de s’en prendre une en pleine face, mais l’embrassa quand même, décidant que le jeu en valait largement la chandelle.

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Il avait besoin de temps, de temps sans moi et… Il était parti, sans un regard en arrière, sans la moindre question sur ce que moi je pouvais ressentir. Il était simplement partis d’une façon différente de d’habitude. Il… Il n’était plus là, il avait eu peur, il avait fuis et il m’avait laissé sur place. Étais-je blessé ? Oui, mais étais-je étonné ? Tellement pas en réalité. J’étais toujours là, j’étais toujours présent pour lui, patient, capable de faire des miracles pour me plier à ses désirs, pour qu’il soit heureux, mais aujourd’hui, il était partis, il m’avait laissé en arrière avec cette impression de n’avoir plus aucune importance, d’être juste un poids. Il était parti. J’étais alors simplement resté là, à fixer la porte par laquelle il était sortis. Je l’avais fixé, espérant qu’il revienne sans que jamais cela n’arrive. Alors le temps n’avais fait que glisser et moi j’étais resté là jusqu’à ce qu’un professeur ne passe et ne me demande ce qu’il se passait, pourquoi j’étais là en train de pleurer. Je pleurais ? Levant une main pour toucher mes joues, je pris conscience de la douleur, de ce qu’il venait de me faire en même temps que je mentais. J’avais mal, la douleur de ma chute n’était toujours pas passé et je venais d’abandonner mon équipe… Je ne mentais pas, sauf que je n’étais pas celui qui avait abandonné, mais bien celui laissé sur le côté. Il avait besoin de temps n’est-ce pas ? Il avait besoin de temps…

Les jours passèrent et pas une seul fois il ne glissa pas dans le paysage de ma journée. Il était là, tout le temps et il finirait bien par revenir, comme à chaque fois. Mais cette fois-ci une semaine passa et la douleur mua peu à peu en colère. Il ne voulait pas revenir, je n’étais pas quelqu’un avec qui il avait un avenir, j’étais juste… Désespérément amoureux, mais seul à l’être… Je n’avais plus le droit de souffrir, plus pour lui, pas en le voyant aussi bien m’éviter. C’était définitivement la première fois que j’avais de tels sentiments, que je pensais si égoïstement, mais à quoi ça m’avait servis d’être aussi fidèle ? D’être aussi dévoué ? À rien. Pourtant à chaque fois que je décidais de l’oublier, une petite voix rappelait à mon bon souvenir qu’il n’était pas personne, que je ne pouvais pas effacer mon premier amour de jeunesse.

J’essayais de faire semblant, d’aller bien, mais elle… Elle savait, je ne faisais même pas assez illusion pour qu’elle ne remarque pas. Elle était l’origine de tous, elle nous avait surpris et… Elle n’avait rien dit, pas un mot, elle était juste assez désolé pour me proposer tout un tas d’activité ayant juste pour but de me faire oublier. Ça ne marchait pas vraiment, mais j’appréciais cette main tendu. Le seul moyen de passer à autre chose était donc de reprendre ma vie avant lui, de remonter sur un balais et d’y passer des heures, mais même là… Il était là, un balais à la main, son batteur de meilleur ami aussi con que son balais aux talons. Ils voulaient le terrain et… M’énerver une éternité contre eux ne servirait à rien, alors à défaut de savoir assurer en sa présence, je préférais partir. De toute façon les autres membres de l’équipe m’avait déjà abandonné, conscient que ce battre ne serait qu’une perte de temps. Jetant donc mon balais dans les vestiaires, je frappais dans un mur avant d’entendre quelqu’un rentrer. Lui… Il voulait enfoncer un peu plus le clou ? Il… Mon coeur cessa de battre, ma colère s’envola et avant même de réaliser, j’étais entrain de répondre à ses lèvres. Il me manquait terriblement, je l’aimais, mais… Non, je ne devais pas, il ne pouvait pas revenir comme ça.

Les mains qui s’étaient accrochés à son torse finirent par le repousser, par me libérer de son emprise et presque aussitôt la colère reprit, « T’as pas le droit. », soufflais-je simplement. Reculant de quelques pas, je secouais légèrement la tête dans l’espoir de retrouver un peu de courage, « Je suis pas un jouet et… T’as pas le droit. », on était deux à souffrir, deux à avoir peur, il n’avait pas le droit. « T’as rien à faire ici, c’est un lieu publique non ? » ajoutais-je acide, la gorge nouée et mon coeur douloureux. Je ne voulais pas que ça se passe ainsi, mais… Il n’avait pas le droit, j’aurais été là si il avait accepté de traverser ça ensemble, mais là… Il a préféré m’abandonner pour gérer seul… Encore une fois.

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Un trop court instant, Will imagina que tout pouvait rentrer dans l’ordre aussi simplement que ça, alors qu’Elias répondait à son baiser sans se faire prier. Le temps qu’il réalise, sans doute, car après quelques secondes, il s’échappa, repoussant le Serpentard au passage. Will ne parvint pas à cacher sa déception, mais n’eut aucun mal à conserver le silence tandis qu’il était remis à sa place, à juste cause. Il se sentait un peu honteux, un sentiment devenu bien trop familier depuis quelques temps, quand ça concernait Elias et leur relation en tout cas. Y avait-il seulement encore une relation ? De la manière dont le Poufsouffle réagissait, Will commença à se poser sérieusement la question pour la première fois. C’était pourtant lui qui avait réclamé une pause - une pause qui ressemblait à s’y méprendre à une rupture… Il n’avait simplement pas envisagé qu’Elias ne le reprenne pas sans réfléchir dès qu’il se sentirait prêt à revenir. “Il n’y a personne d’autre en ce moment.” fit-il remarquer à voix basse, détournant quand même les yeux vers le sol. Il n’était pas fier de lui, loin de là et même avec tout le déni dont il soit capable, il savait bien que le fait qu’ils se trouvent dans un lieu public n’était pas le plus important dans tout ce que le jeune homme venait de lui dire. Il n’était simplement pas certain de comment appréhender le reste.

Il fit un nouveau pas vers Elias, mais n’alla pas plus loin cette fois, un peu comme s’il s’approchait doucement d’un animal sauvage dont il aurait fallu attirer la confiance avant de tenter le moindre geste. “Je n’ai jamais pensé que tu étais un jouet.” fit-il savoir, essayant tant bien que mal de trouver les bons mots pour calmer le jeu. Il comprenait mal en quoi cette situation aujourd’hui était différentes des précédentes. Ils faisaient tout le temps ça, non ? Vivre leur vie chacun de leur côté, pour se retrouver quand l’occasion se présentait. Pourquoi pas cette fois ? “Je t’ai dit que j’avais besoin d’un peu de temps, rien de plus.” Et du temps, il en avait eu bien assez. Peut-être même trop. Ça ne l’avait pas tellement aidé, en tout cas et il n’avait pas réussi à réfléchir comme il l’aurait voulu. Elias lui manquait tout simplement, ça prenait toute la place. C’était le problème à régler au plus vite. Après un autre pas, il était de nouveau assez proche pour presque sentir le souffle d’Elias sur sa peau. Il se contenta pourtant de poser ses mains sur sa taille, cette fois, essayant de ne pas donner l’impression qu’il s’accrochait à lui trop désespérément. “C’était juste une dispute idiote, mais on finit toujours par passer à autre chose, non ?” Il y avait pensé parfois : et si, un jour, ils avaient la dispute de trop ? Il y avait pensé, mais il n’arrivait pas à l’accepter. Elias devait bien être la seule personne à le comprendre vraiment et à l’accepter comme il était. Il n’imaginait plus vraiment un monde dans lequel ce ne serait pas le cas.

Ses doigts se crispèrent un peu plus fortement sur les hanches d’Elias, davantage pour s’obliger à rester où il était que pour autre chose. “Ça fait deux semaines.” lâcha-t-il, presque comme une supplique. Il n’arrivait pas à croire que ces deux semaines n’avaient pas été douloureuses et invivables pour le Poufsouffle aussi. “Ça a assez duré. Tu me manques.” Impossible qu’il soit le seul dans ce cas. Après tout, Elias l’avait embrassé aussi, non ? Il n’avait pas rêvé ça et il doutait que ce soit juste un réflexe. Ça ne pouvait pas être ça. On ne pouvait pas cesser d’aimer quelqu’un en seulement deux semaines, pas vrai ? Will n’avait pas réussi, en tout cas. Et il ne l’avait même pas dit à voix haute, pas une seule fois de toute sa vie, alors qu’Elias si. Ça devait bien vouloir dire quelque chose.

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Oui il n’y avait personne, mais comme la dernière fois, il suffisait que quelqu’un rentre et il disparaîtrait encore une fois. Ce n’était pas acceptable, pas valide… Il ne pouvait pas manipuler son monde à son envie et espérer que rien n’arrive. Il ne pouvait pas espérer qu’aujourd’hui, quelque chose de faux deviendrait vrai. Alors forcément, quand il m’affirma que je n’étais pas un jouet, j’eus du mal à le croire. J’étais un objet, quelque chose dont il se servait au besoin avant de le rejeter. J’étais le seul à tout donner dans cette relation et j’étais le seul à payer. Il avait eu besoin de temps, de deux semaines ? Il pensait quoi ? Il aurait pu prendre une journée, réfléchir, penser pendant la nuit et il aurait du revenir après. Il ne pouvait pas, il ne devait pas partir comme ça juste pour lui, juste pour son confort… Il… Il était trop prêt et sentir sa main se poser sur moi n’aidait en rien, seulement, si mon corps et mon coeur étaient prêt à tout lui pardonner, si tout s’emballait à ce simple contact, ses mots me gardèrent prisonnier de ma colère. Une dispute idiote, passer à autre chose… Détournant les yeux, je reculais assez pour m’échapper de ses mains, de son emprise, « Juste une dispute idiote… » répètais-je alors avant de croiser les bras dans une très claire intention de ne pas lui laisser croire qu’il pouvait faire ça. « J’ai jamais rien dit, dans un sens c’est ma faute, mais… Est-ce que tu m’aimes seulement ? Est-ce que tu es seulement capable de me le dire là maintenant ? Après tout on est seul, comme presque à chaque fois… », je le savais, c’était cruel, car il était plus discret avec ses sentiments. Je savais qu’il m’aimait, du moins j’avais voulu le croire durant des mois et des mois, mais maintenant ? Avec ce qu’il venait de se passer ? Pouvais-je en être sûr ?

« Tu me manques à chaque fois que tu me tournes le dos, à chaque fois que tu changes de comportement uniquement pour ne pas qu’on sache pour nous. Tu décides toujours quand on peut se voir, tu décides toujours de tous et moi j’ai jamais mon mot à dire car je sais que je n’aurais jamais plus que ça, juste des instants volés. Mais c’est pas juste, pas juste que tu puisses disposer de moi comme tu le veux, pas juste que tu ne limite à n’être que ton mec caché… Je suis peut-être pas ton jouet, mais j’ai jamais eu l’impression d’avoir assez d’importance pour que tu oses prendre des risques avec moi. », ma voix était douloureuse, mon coeur serré, il disposait, je souffrais, « On est censé tout plaquer à la fin de l’année pour vivre à deux, mais je suis même pas sûr que tu le feras et même si tu le fais, ça sera juste une nouvelle façon de me cacher, de pas me laisser exister dans ta vie. », il n’existait pas plus dans la mienne, mais uniquement car il le refusait. Je l’aimais, je m’en fichais de ce qu’on pourrait me dire. « Comment tu veux que je passe à autre chose quand il te faut deux semaines pour te remettre d’une crise qui m’affecte aussi ? Comment tu veux que je crois qu’on a un avenir quand tu fuis à la moindre occasion en me laissant tous seul, à t’attendre comme un idiot car je suis trop amoureux de toi pour ne serais-ce qu’envisager pouvoir partir ? », fermant les yeux, j’essayais de reprendre ma respiration, mais en vain, « Dehors il y aura des problèmes, et je veux pas vivre comme un moldus si c’est pour me faire abandonner dès qu’on aura un problème. Je veux exister pour autre chose que les bons moments… Enfin j’aurais voulu… », car je n’étais plus bien sûr de ce que je voulais avec moi.

« Tu sais, c’est pas une dispute idiote, c’est juste toi qui abandonne avant de revenir sans te soucier de comment ça à pu être pour moi. Je t’ai jamais repoussé, je t’ai jamais reproché de vouloir garder ça secret, jamais reproché quand tu étais horrible avec des Poufsouffle devant moi. J’ai jamais rien dit, j’ai tout accepté, mais pour quoi ? », pour rien, « Tu me manques Will, mais tu me manques depuis le premier jour de notre relation et j’ai pas envie d’attendre la prochaine crise qui t’éloigneras… C’est fini. », car c’était impossible qu’il se batte pour moi, impossible qu’il fasse la moindre chose pouvant le mettre en danger. J’étais resté là à attendre, à espérer qu’il m’aime aussi pour qu’un jour, il arrête de me repousser, mais ça n’arriverai jamais car il n’avait jamais eu peur de me perdre…

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Une seconde fois, Elias s’éloigna. Il n’était pas brusque, même pas violent, mais ça suffisait à briser le coeur de Will. C’était la plus détestable des formes de rejet. Alors à son tour, Will recula, mettant un peu de distance entre eux tandis qu’il baissait les yeux vers le sol pour cacher l’air blessé sur son visage. Il les releva, brièvement, à la question qui suivit. Il aimait Elias, oui, mais était-il capable de le dire ? Il ne l’aurait pas juré et il ne savait même pas pourquoi cet insupportable blocage existait. Par peur, probablement. Celle de montrer une faiblesse dont l’autre profiterait pour le blesser. Il n’en savait vraiment rien. Il s’efforça d’y réfléchir, alors que le Poufsouffle continuait de parler, de l’accabler. Il savait qu’il était horrible, incapable d’avoir une vraie relation amoureuse, saine et équilibrée, incapable de gérer ses sentiments avec maturité, mais… Il s’était toujours bêtement imaginé qu’Elias comprenait, qu’il acceptait et qu’il lui laisserait tout le temps dont il aurait besoin pour y arriver à son tour. Sauf que ça faisait deux ans et qu’il n’y arrivait toujours pas.

La petite introspection de Will cessa sur cette douloureuse réalisation, alors qu’une chose encore plus terrible lui était annoncé. Fini. Elias voulait rompre avec lui, alors, pour de bon. Pour de vrai. Il ne put s’empêcher de relever les yeux à cette annonce et d’approcher de nouveau, sa main tendue vers le Poufsouffle, prête à l’aggriper comme si ça pouvait suffire à le retenir. Par miracle, Will eut quand même la présence d’esprit de ne pas le toucher. “Non, s’il te plait !” lança-t-il, suppliant. “Ca ne peut pas être fini, pas comme ça. On a juste quelques mois à tenir encore et on pourra être ensemble pour de bon…” Aujourd’hui, cette promesse sonnait faux et pourtant, il continuait d’y croire, il continuait d'espérer. “Elias… Je t’en prie, je…” C’était le moment, sa dernière chance. S’il pouvait un jour tout arranger entre eux, il fallait qu’il le fasse maintenant. Malgré la panique évidente, qui remplissait ses yeux de larmes et empêchait sa voix de résonner.

“Je ne suis pas comme toi, je… J’ai peur.” Ca n’était pas ce qu’Elias voulait entendre, mais s’il pouvait seulement comprendre pourquoi tout ça était tellement difficile pour Will, peut-être… Peut-être qu’il changerait d’avis et qu’il pourrait patienter encore un peu. “Si mon grand-père apprend ce qui se passe entre nous, il… Je suis tout ce qu’il lui reste, Elias. Je ne peux pas l’abandonner. Il faut juste que je trouve comment lui dire pour toi sans que ça ne le mette en colère, je… J’ai besoin d’encore un peu de temps, s’il te plait. Juste un peu de temps pour lui parler et ensuite, on pourra être ensemble, sans attendre la fin de l’année, sans faire semblant d’être des moldus. D’accord ?” C’était peut-être encore très loin de ce que le Poufsouffle espérait, mais c’était malheureusement le mieux qu’il puisse faire à cet instant, sous la pression et l’angoisse que tout s’arrête réellement.

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Je voulais être ferme, mais le voir ainsi me brisait réellement le coeur au point que je n’étais plus très sûr de moi. D’autant plus lorsqu’il s’approcha de moi. Il refusait que ça s’arrête, il ne voulait pas qu’on abandonne alors qu’il ne restait que quelques mois avant de pouvoir être ensemble. Sauf que si c’était quelque mois de ce traitement… Je ne pourrais pas et même si voir les larmes monter dans ses yeux rendait tout bien trop douloureux, je ne devais vraiment pas céder. Quand bien même il avait peur, quand bien même il n’était pas comme moi selon lui. Je comprenais que ce soit difficile pour lui, mais là encore, je n’avais aucune garantis, rien que des mots, « Et si il refuse ? » demandais-je alors en ayant bien conscience du mal que je pourrais causer. Que se passerait-il si son grand père ne voulait pas de moi ? Qu’il se mettait en colère et me repoussait définitivement loin de Will ? Comment on ferait ? Comment on pourrait gérer ça ? On ne pourrait pas, car il était plus facile de mentir que de dire la vérité et de l’assumer jusqu’au bout.

« Tu crois que j’ai pas peur ? Tu crois que fantasmer une vie avec quelqu’un qui me repousse au premier problème ne me terrifie pas ?. », il ne semblait pas réaliser et c’était sans doute le plus grave. Il souffrait là maintenant car il allait me perdre, mais avant ? Avait-il seulement craint ? « T’as besoin de temps, mais on en a plus vraiment et après ça… Combien de temps avec que nos noms nous séparent ? », j’avais toujours eu peur de ça, mais en l’écoutant… « T’as jamais envisagé de partir avec moi n’est-ce pas ? J’étais le seul à avoir accepté de tout abandonner pour l’autre… Je me trompe ? », le seul qui aurait tourné le dos à sa famille juste par amour. Lui ne l’avait-il seulement qu’envisagé ? Non, sinon nous ne serions pas là à parler d’une vie exactement comme avant avec son grand père en bonus. « Et pendant ce temps je serais quoi ? Toujours le même indésirable à qui tu n’offriras qu’une poignée de minutes par semaine ? », le même a qui l’on offrirait jamais plus de temps, jamais trop… Juste une ombre comme aujourd’hui.

« Je suis en train de te quitter et t’es même pas capable de me dire que tu m’aimes… Tu me demandes juste de prendre encore sur moi, de faire un nouvel effort pour toi… , il avait besoin de tellement de chose… Mais rien qui ne soit directement moi. Il… Il ne changerait jamais. « Je t’aime, mais je crois que je peux plus attendre que tu m’aimes, que tu viennes vers moi. », j’en étais même sûr, l’idée d’encore abandonner tout amour propres pour le sien était si… Si douloureux. « Je suis un mec gentil, je suis généreux, patient et je crois que j’ai le droit d’être… » respecté… Mais les mots n’étaient pas sortie, ils étaient restés bloqué dans ma gorge par peur de le détruire. Ce qui serait peut-être trop tard et j’étais responsable sans doute… J’aurais dû sonner l’alarme avant. « J’ai besoin de certitude Will, plus de promesse en l’air. » murmurais-je donc simplement en baissant la tête pour reculer. J’avais honte de moi, mais je ne pouvais plus vivre ainsi.


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Rainbow D.Ashe


Rainbow D.Ashe

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Et s’il refusait, oui. Excellente question. Il y avait tout un tas de choses dans cette histoire, auxquelles Will n’avait jamais pris le temps de penser. Il aurait pu improviser les réponses maintenant, dans le seul but de retenir Elias, mais ça n’était pas son genre. Surtout qu’il ne pouvait pas offrir au Poufsouffle ce qu’il attendait. C’était tout simplement impossible, même en le désirant vraiment. Il doutait quand même que de le dire soit une très bonne idée et pourtant… S’il ne pouvait presque rien offrir à Elias, il pouvait au moins lui faire l’honneur de la vérité, non ? “Comment je pourrais te donner des certitudes ? Je n’ai pas le don de double-vue ! Je ne peux pas te promettre quoi que ce soit ni te dire ce qui se passera.” Oui, ça sonnait vraiment mal, un peu comme s’il refusait de faire le moindre effort pour participer lui aussi à ce que cette relation fonctionne. “Tout ce que je peux t’assurer, c’est que oui, j’ai envie qu’on soit ensemble sans avoir à se cacher. Oui, j’ai envie qu’on parte tous les deux si c’est ce qu’il faut pour rendre ça possible. J’ai surtout envie qu’on ait pas besoin d’en arriver là, qu’on puisse vivre notre vie ici, ensemble. Mais ça ne dépend pas que de moi !” C’était pourtant logique, évident. Peut-être qu’Elias n’avait aucun scrupule à tourner le dos à sa famille, mais pour Will les choses étaient différentes. Il se souvenait à peine de ses propres parents, il n’y avait jamais eu que son grand-père… L’idée de l’abandonner pour toujours, c’était… évidemment qu’il n’arrivait pas à s’y résoudre sans la moindre hésitation.

“J’essaye, Elias. J’essaye vraiment.” plaida-t-il, une fois de plus. Il n’arrivait pas à faire mieux, à changer complètement du jour au lendemain, à se lancer à l’aveugle vers un avenir dont il ne contrôlait rien… Mais il essayait d’être différent, cette année. Il essayait d’ouvrir vraiment la porte à Elias, maintenant qu’il savait qu’ils n’auraient pas à rompre à la fin de l’année scolaire. “Il y a à peine quelques semaines, je croyais encore que je devrais te dire adieu en Juin. C’est… Je fais vraiment ce que je peux, mais j’ai aucune idée d’où on va, toi et moi.” Ca non plus, ça n’était peut-être pas la chose à dire. Il n’en savait plus rien et essayait seulement d’être sincère, dans l’espoir sans doute vain, qu’Elias comprenne son point de vue et cesse de lui mettre autant de pression. S’ils en étaient là, pourtant, c’était bien parce que justement, Elias avait été plus que patient.

“Je peux rien faire maintenant, j’ai besoin de plus de temps. S’il te plait.” tenta-t-il, une dernière fois. Il n’avait pas trop espoir que ça suffise, mais il fallait bien qu’il essaye. Surtout si c’était sa dernière chance, si le Poufsouffle décidait vraiment de partir d’ici sans lui pardonner. Ça non plus, il ne l’avait jamais envisagé sérieusement. Ou du moins, il s’était toujours convaincu que ça lui irait, que c’était la seule issue possible de toute façon. Il n’avait jamais vraiment eu le cran d’admettre que ce serait aussi douloureux, et pourtant...

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Il ne m’apporterait rien, il ne pouvait en effet pas deviner ce que son grand-père dirait, mais il pouvait au moins m’assurer qu’il m’aimait non ? Là il était juste capable de repousser, de détourner la réalité. Au final il ne savait pas, après deux ans il n’avait encore aucune idée d’ou nous irions, il n’avait encore aucune idée de ce qu’il voulait vraiment de nous. « Du temps tu en as eu. » soufflais-je donc simplement, les yeux baissaient, « Simplement tu n’as jamais imaginé qu’un jour j’arrêterais d’attendre que tu décides tous. », il n’avait jamais envisager ce moment, j’en étais sûr et c’était ma faute. « Ça faisait deux ans Will, deux ans pour avoir une idée de ce que nous étions… », juste deux ans, rien d’autres que deux années passés ensemble sans jamais être proche. Il avait eu deux ans et encore aujourd’hui, il n’était pas capable de penser à quoi que ce soit. J’aurais peut-être préféré qu’il me mente, que je le crois une nouvelle fois, qu’il enrobe la vérité pour au moins essayer. Là il était honnête, mais c’était son incapacité à m’aimer que je voyais. Tout n’était qu’une succession de si alors que moi aussi je n’avais aucune idée de ce qu’il se passerait pour moi. Je savais juste que je voulais de ce futur commun.

« La seule certitude que je voulais avoir c’était celle que tu m’aimais Will… », elle et uniquement elle. Ça ne pouvait que finir, je ne pouvais pas rester là encore une fois, je ne pouvais pas attendre la nouvelle tempête, je ne pouvais plus, j’avais assez souffert comme ça. Au final, j’aurais préféré ne pas l’embrasser aujourd’hui, j’aurais préféré garder le souvenir innocent et amoureux de celui qu’on avait partager dans la bibliothèque avant que tous ne dérape. Maintenant, je me souviendrais simplement de la douleur. « Je… C’est fini Will, t’as eu assez de temps… » soufflais-je simplement en relevant les yeux vers lui. Son visage ne semblait plus aussi net, comme brouillé et il me fallut quelques secondes pour réaliser que je pleurais. C’était douloureux, je ne pouvais rien retenir, mais je ne pouvais pas rester là.

« Prends soin de toi… » je le libérais d’un poids en même temps que je m’en imposais un. Celui de vivre sans lui. Prenant donc mes affaires sans avoir prit le temps de me changer, je quittais les lieux sans un regard en arrière. Je devais tenir, je devais l’éviter autant que possible pour ne pas céder. Je devais juste m’éloigner et essayer de me reconstruire dans un monde où il ne serait plus là. Et puis, ça me donnerait plus de temps pour étudier, pour apprendre ce qui était primordiale, après tout maintenant, je n’aurais pas d’autre choix que suivre bien sagement la voie que mon père m’avait montré, celle où je n’aurais plus à penser à tous ce moment que j’aurais pu passer avec lui. Il fallait que je pense à autre chose maintenant.


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Pour la première fois de sa vie, Will constata que la nuit portait effectivement conseil. Ou peut-être cela venait-il plutôt du fait que depuis la veille, Elias avait officiellement rompu avec lui. Ce fait l’avait hanté toute la nuit. Appelez ça du déni si vous voulez, mais le Serpentard refusait que ce soit vrai. Il avait paniqué, complètement merdé, mais c’était Elias. Il lui pardonnait toujours et il n’y avait aucune raison que cette fois soit différente. Sauf, bien sûr, que désormais le Poufsouffle avait des exigences concernant leur relation. Même s’il n’aurait jamais le courage de l’admettre vraiment, Will n’était pas sûr d’être à la hauteur pour le Poufsouffle. Malheureusement, il l’avait perdu cette fois et s’il ne voulait pas que ce soit pour toujours, il n’avait pas le choix : il fallait qu’il prouve son engagement et des mots ne suffiraient pas. À ça aussi, il avait pensé toute la nuit. Il avait même écrit plusieurs lettres dans lesquelles il annonçait tout à son grand-père en insistant bien sur le fait qu’aucune menace, aucune déception, ne pourrait le convaincre de quitter Elias. Chacune d’entre elles avait fini brûlée d’un simple coup de baguette magique. Ça n’était pas suffisant. Ça n’était pas une preuve concrète et puis, une lettre, on pouvait la perdre, la détruire, la voler.

Heureusement, cela dit, il avait trouvé quoi faire à peu près au moment où ses camarades de dortoir commençaient à descendre dans la Grande Salle pour le petit-déjeuner. C’était même devenu tellement évident qu’il en venait à se demander pourquoi il n’y avait pas pensé dès le début. Assez tôt, Will descendit donc avec sa cour habituelle pour le rituel du petit-déjeuner. Le silence dans lequel il resta plongé, lui, n’avait rien de commun, mais avec les cernes sous ses yeux et son air mauvais, personne n’osa lui demander son problème. Tant mieux, car chaque seconde jusqu’à la Grande Salle, il l’utilisa à bon escient pour rassembler le peu de courage dont il disposait avant de devoir affronter Elias. Il s’imagina la scène, répéta ce qu’il voudrait lui dire et s’encouragea tout seul.

Tout cela ne fut d’aucune utilité quand le petit groupe de Serpentard entra dans la salle, déjà bien pleine avec tous les lève-tôts de l’école. Dès qu’il eut fait un premier pas à l’intérieur, le regard de Will chercha Elias comme s’il s’agissait de son centre de gravité. C’était un peu le cas, à vrai dire. Il le trouva rapidement et son coeur se serra. Il n’avait pas prévu ça. Que ce soit douloureux de le revoir après leur dispute de la veille. Qu’il puisse réellement envisager que tout serait fini entre eux. Il s’arrêta à un ou deux pas de l’entrée et resta planté là quelques secondes avant que certains de ses amis ne réalisent et se tournent vers lui pour lui lancer des regards inquiets. Il ne les voyait même pas. C’était sa seule chance et s’il commençait à se soucier de l’opinion des autres, il n’arriverait jamais à aller jusqu’au bout.

Aussi prit-il une grande inspiration et, continuant d’ignorer ses camarades, avança vers la table des Poufsouffle avec autant de naturel que possible. Il savait que ça n’était pas le cas et pourtant, il avait l’impression de sentir tous les regards posés sur lui. Certains des Serpentards et des Poufsouffles devant lesquels il passa pour rejoindre Elias le regardèrent bel et bien. Il s’efforça de les ignorer, en particulier lorsqu’il s’assit à côté du seul Poufsouffle qui l’intéressait réellement. Un silence plus que gênant s’installa aussitôt qu’il fut installé, sa soudaine apparition plutôt incongrue mettant un terme aux conversations enjouées qui avaient lieu jusque là. Prenant sur lui d’agir comme si de rien était, Will attrapa un toast qu’il posa dans l’assiette vide devant lui. Il n’était pas convaincu de pouvoir avaler quoi que ce soit, mais au moins le message passait : il comptait rester et prendre son petit-déjeuner ici, n’en déplaise à qui que ce soit. Et puis, les quelques secondes qu’il perdit à faire ça suffirent à ce qu’il puisse conjurer un sourire plutôt convaincant quand il se décida enfin à lever les yeux vers Elias. “Bonjour !” lança-t-il, son ton faussement enjoué ne parvenant pas à faire illusion. Il se pencha pour embrasser le Poufsouffle sur la joue et retourna immédiatement à son assiette. “Bien dormi ?” demanda-t-il, l’air de rien, alors qu’il s’acharnait maintenant à mettre de la confiture sur son toast.

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Dire au revoir n’était jamais facile, mais lui dire au revoir à lui fut un véritable calvaire. Je l’aimais, chaque battement de coeur, chaque pensées me ramenaient à lui, à ce que je venais de laisser derrière moi, mais c’était mieux comme ça, c’était le mieux à faire avant que je n’explose en plein vol. C’était la seule chose à faire. Mais le matin venu, après avoir passé une nuit a essayer de m’en convaincre, je devais reconnaitre que c’était impossible. Je me posais des questions à la pelle, de pourquoi ne pas insister à pourquoi j’avais accepté ça si longtemps. Pourquoi… Peinant à sortir de mon lit, j’avais exceptionnellement éviter d’attendre les autres, certes j’avais offert quelques sourires à ceux que j’avais pu croiser, mais rien de bien convaincant. C’est seulement une fois assis à notre table que j’avais commencé à faire plus d’effort. Il ne devait pas détruire ma vie ainsi, il ne devait pas à ce point me rendre différent. Alors j’avais un peu parlé, pas vraiment mangé tant je m’étais acharné à détruire le seul muffin que j’avais pris, mais j’avais essayé. Seulement quelque chose vient perturber toute mes tentatives, quelqu’un s’avançait vers la mauvaise table et alors que je m’attendais à ce qu’il m’humilie pour la forme, il se contenta de s’asseoir à côté de moi avant de commencer à prendre ce qui ressemblait grandement à un petit déjeuner. On était en public, la seule raison à ça était bien qu’il finirait par me ridiculiser non ? Non, à la place il embrassa ma joue en me demandant si j’avais bien dormi. À voir sa tête, comme à voir la mienne, la réponse était évidente, alors je ne dis rien, je me contentais de le fixer, le coeur soudain incapable de se tenir à mes résolutions.

« Qu’est-ce que tu fais ?! » demandais-je un peu plus brutalement que je ne l’aurais voulu. J’avais désiré que ce moment arrive durant tellement d’années qu’à présent qu’il était là, j’étais comme… Incapable de seulement y croire. Plus personne n’ignorerait notre secret tant on nous fixait, tant on murmurait sur nous et j’étais… J’avais l’impression d’être au milieu d’un spectacle que je n’avais pas voulu, j’avais l’impression que… « Tu vas pas me faire croire que t’as réussi à parler à ton grand père en une nuit alors que ça fait deux ans que tu me balades… » ajoutais-je de plus en plus nerveux. Je parlais à voix basse, comme si cela pouvait encore changer quelque chose.

Alors je finis par me lever, lasse de faire semblant, « Si tu m’aimes ne serais-ce qu’un peu, arrête de jouer avec mon cadavre en me donnant de faux espoirs. », car il ne s’y tiendrait pas. Il suffirait d’un non d’une seule personne pour ça. Il ne saurait pas s’y tenir et moi je souffrirais comme c’était en train de se passer. Je devais résister, je devais sincèrement résister. Marchant donc précipitamment hors de la grande salle, je ralentissais une fois la porte passé, incapable de vraiment réussir à respirer. Deux fois, ça faisait deux fois que je refusais ses efforts, c’était trop, j’avais vraiment envie d’aller le rejoindre et de simplement l’embrasser, mais… Il aurait pu faire ça bien avant, je ne devais définitivement pas céder.

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Le ton sur lequel Elias lui répondit fit vaciller brièvement le peu de courage que Will avait réussi à rassembler pour venir jusqu’ici. Il ne s’attendait pas vraiment à être accueilli avec joie, mais pas non plus à ce que le Poufsouffle soit aussi dur avec lui. Nerveux, le Serpentard leva un bref regard vers les élèves assis autour de lui, qui le regardaient tous avec des yeux inquiets, surpris ou simplement suspicieux. “Je prends mon petit-déjeuner, comme tu le vois.” répondit-il, la mâchoire serrée, prenant sur lui pour que sa voix ne tremble pas. Il reposa le toast couvert de confiture dans son assiette et entreprit de remplir son verre de jus de citrouille, priant silencieusement pour qu’Elias comprenne tout seul ce qui se passait et qu’ils ne soient pas forcés d’avoir cette conversation ici, devant tout le monde. Le plus beau aurait été qu’il soit même touché par le geste et qu’il pardonne à Will sans qu’ils n’aient besoin d’en parler du tout, mais ce dernier n’était pas aussi idiot que ça. Il devait l’être un peu, cela dit, s’il avait vraiment imaginé qu’Elias suivrait le mouvement sans se poser de question. Il réalisait qu’il ne connaissait pas si bien le garçon avec qui il sortait pourtant depuis bien longtemps. En deux ans, Elias ne s’était pas vraiment révolté une seule fois. Ils avaient eu quelques disputes, mais rien qui ne soit semblable à ce qu’ils traversaient depuis la veille. Et ce matin encore, le Poufsouffle refusait de se laisser faire. Ça allait tant qu’il se contentait de murmurer des accusations à l’oreille de Will, mais quand il se leva de table, attirant au passage un peu plus l’attention sur eux, le Serpentard crut bien que son coeur allait exploser.

“Elias, je t’en prie, assieds-toi.” plaida Will, tout en sachant parfaitement que ça ne servirait à rien. Il était mal à l’aise, sentait les regards de chaque personne présente dans la pièce posé sur lui. Et ça n’était clairement plus de la paranoïa maintenant, il en était certain et chaque fois qu’il avait le malheur de regarder ailleurs que vers Elias pendant une seconde, il en avait la preuve. Et pourtant, il savait que ce serait le cas à la seconde où il avait pris cette décision, n’est-ce pas ? Personne, pas même Elias, ne l’avait forcé à rien et certainement pas à mettre en place cette petite mise en scène. Il l’avait voulu, demandé, mais il ne l’avait pas forcé. Il était venu ici tout seul, avait décidé tout seul qu’il était prêt à être déshérité si ça signifiait garder Elias. Il était déjà trop tard pour faire marche arrière.

Alors, puisant dans un courage qu’il ne se connaissait même pas, Will se leva à son tour et se planta devant le Poufsouffle. Il eut besoin de quelques secondes pour réussir à parler sans se laisser submerger par son instinct qui lui hurlait déjà de fuir. “Je ne joue pas, je ne suis pas là pour me moquer ou te torturer. Je… “ Il fallait qu’il le dise, il le savait, mais ça continuait de coincer et il ne comprenait toujours pas pourquoi. Il ferma les yeux le temps de prendre une profonde inspiration et quand il les rouvrit, il ne se donna pas la chance d’une seule seconde pour changer d’avis. Il ferma les poings sur le col de la robe du Poufsouffle et se pencha sur ses lèvres, profitant de sa surprise pour l’embrasser exactement comme il l’avait fait la veille, à la seule différence que cette fois, plus de la moitié de l’école les observait. Il s’éloigna ensuite, mais ne lâcha pas Elias pour autant. “Je n’ai rien dit à mon grand-père, mais je suis prêt à parier qu’il saura tout avant la fin de la journée.” Et ça l’effrayait, oui, mais il avait la certitude que ce serait plus facile de vivre avec cette peur qu’avec celle qu’Elias ne veuille plus jamais de lui. “Ça ne sert plus à rien de nous cacher, maintenant, il sera furieux quoi qu’il arrive. Autant que ce ne soit pas pour rien.”

Cette idée tua quand même le faible sourire que Will avait réussi à étirer malgré les regards posés sur eux. Il faudrait qu’il soit courageux un peu plus longtemps que juste ce matin et il espérait vraiment qu’il aurait Elias auprès de lui pour l’aider à affronter la colère de son grand-père. “Je ne me moque pas de toi, Elias, je te le promets. Je tiens vraiment à toi et si tu as besoin que je t’embrasse devant toute l’école pour te le prouver, alors ok. Je vais essayer de faire ce qu’il faut pour ne pas te perdre. Laisse-moi une chance.” Ce n’était pas exactement comme de lui dire “je t’aime”, mais c’était presque pareil, non ? Honnêtement, Will trouvait même que ce qu’il venait de faire valait plus que n’importe quels mots. Les mots, on pouvait les reprendre, mais ce baiser, tout le monde en parlerait pendant des jours.

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Comment pouvait-il ne serais-ce qu’espérer que je m’assoie à côté de lui ? Comment il pouvait encore croire que cela fonctionnerait ? Comment ? Sérieusement comment ? Cherchant donc à fuir, il me rattrapa bien rapidement en m’assurant qu’il ne jouait pas, qu’il ne voulait pas non plus me blesser. Alors quoi ? Il espérait encore que je… Mes pensées furent coupé par ses lèvres sur les miennes, sur cette tendance, cette incapacité que j’avais à ne pas lui répondre. Ses lèvres entrainaient toujours les miennes, quoi que j’en dise, quoi qu’il se passe. J’étais faible en sa présence, beaucoup trop faible. Heureusement pour moi il y mit fin, mais dès lors je n’étais plus sur de rien. Il n’en avait pas parlé à son grand-père, il savait juste que ça se saurait à présent et qu’il était en quelque sort prêt à prendre ce risque. La différence entre maintenant et avant, c’était bien que là il s’était réellement exposé, qu’il était prêt à perdre son grand père pour que je lui donne une nouvelle chance. Est-ce que ça pouvait-être une manœuvre contre moi ? Non, je savais que même si il n’était toujours pas capable de me dire ce que je voulais entendre, il ne pourrait pas s’exposer autant juste pour me blesser. Il voulait vraiment que je revienne, il voulait vraiment que je le crois. J’aurais pu m’attacher à cette réalité, celle qui l’avait fait reprendre conscience de tout uniquement en me perdant, mais je n’en avais pas la force, pour une fois je voulais y croire quoi qu’il m’en coute.

« Ne recommence plus jamais… » soufflais-je simplement avant de glisser mes mains sur ses joues pour l’embrasser à mon tour. C’était la première fois que je pouvais le faire en publique, la première fois qu’il n’y avait aucun interdit et… Sans doute vivrait-il des moments compliqués d’ici peu, mais pour le moment je profiter de cet instant unique que je n’aurais pas l’occasion de revivre de si tôt. Enfin si en fait, maintenant… Libérant ses lèvres, je le pris tout simplement dans mes bras, contre moi pour rendre tous ça plus réel, plus… Je devais arrêter de croire que c’était une illusion, je devais vraiment croire qu’un avenir serait possible et enfin devant nous. Si il venait de me tendre la main tardivement, il l’avait toutefois fait efficacement. Il n’avait pas simplement fait des promesses en l’air, cette fois, il avait agis. Peut-être que cette dispute n’avait pas été vaine au finale, douloureuse peut-être, mais pas sans intérêt.

Le lâchant finalement, je m’éloignais d’un pas, le regardant de longue secondes alors que l’envie de le remercier se faisait de plus en plus sentir. C’était stupide entre nous, il aurait du faire tout ça avant, alors pourquoi le féliciter ? Car si c’était normale dans mon monde, ça ne l’était pas dans le sien, « Merci. » soufflais-je alors, me retenant sans doute involontairement de lui dire que je l’aimais car notre séparation était encore trop récente, trop douloureuse pour que je ne prête déjà le flanc… Il venait de faire un véritable effort, enfin.

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C’était fait. Terminé. D’ici une heure, grand maximum, l’école toute entière parlerait du Serpentard et du Poufsouffle qui s’étaient embrassés dans la Grande Salle à l’heure du petit-déjeuner, alors qu’ils ne s’étaient que rarement adressés la parole jusque là. Tout le monde saurait et, trop vite, la rumeur irait se répandre bien au-delà des murs de Poudlard. Le coeur de Will battait à tout rompre à cette certitude qui précipiterait sa chute. Il n’était pas prêt à affronter le moment où son grand-père voudrait qu’il lui rende des comptes, pas prêt non plus à devoir répondre de ses agissements devant ses camarades de classe. Sauf qu’il n’avait plus le choix, désormais. Le courage qui l’avait amené jusqu’ici s’envola aussi soudainement qu’il était venu et, pour la première fois depuis bien longtemps, Will crut qu’il allait fondre en larmes. Ce qui serait terriblement humiliant et les jours à venir s’annonçaient déjà bien assez difficile comme ça. Alors, dans l’espoir de faire taire la panique un instant, il cacha son visage dans le cou d’Elias quand ce dernier le serra dans ses bras, l’enlaçant à son tour de toutes ses forces, ses poings fermement serrés sur le dos de sa robe et il inspira, lentement, profondément. Un bref instant, il parvint à tout oublier du monde, sauf Elias. Ils n’étaient plus que tous les deux, comme d’habitude et rien d’autre ne comptait. Et puis, le Poufsouffle s’éloigna, forçant Will à en faire de même et le reste du monde réapparut soudainement, les regards posés sur eux, les murmures, tout. Il entendit tout juste Elias qui le remerciait et ne lui répondit que par un hochement de tête très vague. Il resta un instant accroché au jeune homme, persuadé qu’il ne pourrait tenir debout sans ça, mais ils retombèrent dans le vide assez rapidement, alors qu’il reculait d’encore un pas. “J’ai besoin d’air.” souffla-t-il, sa voix blanche presque fantomatique. Il avait la nausée, n’arrivait plus à respirer… Un peu d’air frais, voilà ce qu’il lui fallait.

Il recula, encore et encore, puis tourna brusquement le dos à Elias alors qu’il fonçait vers les portes. Dans le hall, loin des murmures incessants, il entendit un pas qui suivait, probablement Elias, mais il n’avait pas la force de s’arrêter pour vérifier. Alors, il passa les grandes portes sans un regard en arrière et continua de courir, jusqu’à arriver au bord du lac, le plus loin qu’il puisse aller pour le moment. Il se laissa tomber sur le sol et ferma les yeux quelques secondes, jusqu’à ce qu’il soit sûr qu’il n’allait pas vomir d’une seconde à l’autre. Quand il les rouvrit, il n’était même pas vraiment surpris de voir Elias près de lui. “Je suis désolé.” souffla-t-il en baissant les yeux vers le lac. “Tous ces gens qui nous regardaient… ça commençait à faire trop pour moi.” Il passa une main sur son visage, alors qu’un rire étonnement amusé lui échappait soudainement. “Je sens qu’on va avoir une semaine de merde, toi et moi.” fit-il remarquer, incapable de calmer son hilarité. “J’ai presque peur de retourner à ma salle commune…”

Son rire s’arrêta brusquement, lui aussi, alors qu’enfin Will osait lever les yeux sur Elias. Il l’avait fait, enfin, tout abandonné pour ce garçon, pour cette histoire. En valait-il vraiment la peine ? Maintenant que Will avait accepté de se débarrasser de tout ce qui comptait réellement pour lui en dehors de sa relation avec le Poufsouffle, il priait pour que ça marche entre eux, n’ayant pas la moindre idée de ce qu’il ferait si cette journée marquait la fin de tout pour lui. “Est-ce que tu me pardonnes, maintenant ?” demanda-t-il, parvenant à contenir sa voix pour ne paraître que juste un peu anxieux. “Je sais que j’aurais dû faire ça il y a bien longtemps, je sais que je m’y prends vraiment trop tard… Mais je t’aime, Elias. Tu me crois, maintenant, pas vrai ? Dis-moi que tu me crois, parce que si je me mets toute ma famille et mes amis à dos, j’ai besoin de savoir que ce n’est pas pour rien. J’ai besoin de savoir que tu me pardonnes et que je n’aurais pas à affronter ça tout seul.”

Rainbow D.Ashe


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Will s’échappa, il prit la fuite vers l’extérieur après avoir signifié son besoin d’air. Le suivant tout simplement, je m’arrêtais à ses côtés alors qu’il m’expliquait la raison de sa fuite. J’étais beaucoup plus à l’aise avec cette situation que lui, il faut dire que la seule chose que l’on pourrait me reprocher serait de sortir avec le Serpentard ayant sans doute était le plus compliqué pour ma maison, mais c’était tout. Passait cette remarque, je savais que mes amis voudraient juste que je sois heureux, même si ça impliquait n’avoir aucune confiance dans l’homme que j’avais choisi. Mais je ne serais pas jugé, car il n’y avait aucune honte alors que lui… Je pouvais aisément deviner ce qu’on pourrait lui réserver. Il était préfet, il était censé être parfait et pour les Serpentards, les Poufsouffle n’étaient que des poids. « Oublies pas que t’es Will Burbank, personne ne pourra te malmener bien longtemps avant d’en payer le prix. » soufflais-je en m’approchant de lui, en essayant de le rassurer. Mais il me demanda bien rapidement si je lui pardonnais avant de m’assurer qu’il aurait dû faire ça avant. J’étais d’accords avec ça, mais il avait fini par le faire et le fait qu’il panique doucement à l’idée que cela ne puisse ne pas suffir suffisait à me faire comprendre que c’était réellement angoissant pour lui. Il n’avait pas repoussé ça éternellement, il avait vraiment peur et il suffisait de le connaître un peu pour savoir que cette anxiété dans sa voix était bien réelle.

Bien au de-là de ça, il venait de me le dire enfin, il m’aimait, il m’aimait… Cette simple aveux m’arracha un sourire tendre, comme si il n’y avait rien de plus important que cet aveux. M’avançant vers lui, je glissais une main sur sa joue pour la caresser, pour essayer de calmer ce qui devait déjà l’étouffer. « Je te pardonne Will. », de toute façon, il suffisait de réfléchir un instant à tous ce que j’avais pu lui passer pour se rappeler que rien de ce qu’il pourrait faire maintenant me ferait partir. Il avait fait un geste vers moi, il avait réagi certes beaucoup trop tard, mais à cet instant, mon coeur s’en fichait pas mal, il l’avait fait, c’était le principale. « Je te demandais juste le droit d’exister dans ta vie, c’est pas pour te tourner le dos à l’instant où tu l’as fait. », je n’étais pas cruel et je l’aimais, je l’aimais tellement que la simple idée de ne plus être avec lui m’avait brisé. « Je t’aime Will, tu es le premier que j’aime et j’ai envie que tu sois le seul, alors si il faut affronter tous les Serpentards, tous ceux voulant nous juger, ou si il faut affronter ta famille, je serais là parce que nous existons. », car il n’était plus question de se retenir de vivre juste pour les autres, on existait. « La seule chose qui me fait réellement peur, c’est te perdre et je sais ce que ça fait de devoir tirer un trait sur toi, alors je serais là, je te pardonne. ».

Glissant une seconde main sur sa joue, je me redressais légèrement pour l’embrasser et chercher à lui prouver que je disais vrai à travers ce baiser. J’oubliais peut-être un peu vite, mais j’étais jeune, je l’aimais désespérément depuis des années et c’était impossible de le repousser. Et puis aujourd’hui il m’avait tendu une main et même si c’était pour mieux m’écraser, je préférais croire que rien ne pourrait nous arriver. « On va y arriver à deux. » soufflais-je simplement avant de le prendre dans mes bras. On y arriverait.

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D’entendre Elias assurer qu’il lui pardonnait parvint à calmer les nerfs mis à rude épreuve de Will. Il ferma les yeux le temps d’une inspiration qu’il retenait depuis trop longtemps à son goût et sentit de nouveau la brûlure dans ses yeux, annonciatrice de larmes qu’il ne voulait surtout pas laisser échapper. Ça lui était bien égal qu’Elias le voit comme ça, mais il fallait qu’il se prépare dès maintenant à retenir la moindre de ses émotions de lui échapper n’importe où, n’importe quand, car il savait déjà que même si l’avis de ses camarades lui importait peu, personne ne se gênerait pour lui donner quand même dans les jours à venir. Il aurait à affronter ce mauvais moment en gardant la tête haute. S’entraîner dès maintenant ne serait pas de trop. Il secouait toujours la tête positivement quand, après quelques paroles réconfortantes et un baiser, Elias lui assura qu’ils pourraient s’en sortir, ensemble. Il n’y croyait pas tellement, tout à coup, même si ça n’avait pas grand chose à voir avec les paroles du Poufsouffle. “On a plus tellement le choix, maintenant.” souffla-t-il, avec de l’humour ou du moins l’espérait-il, mais son air toujours un peu ailleurs, secoué, n’aidait pas trop à lui donner l’air amusé. “Je n’ai pas peur de ce que vont dire les autres, c’est juste… Mon grand-père va être tellement fou de rage…”

C’était vraiment tout ce qui l’inquiétait, dans le fond. La façon dont il parviendrait à se faire entendre, la déception dans le regard de sa seule famille. Il n’était pas prêt à ça, mais il avait compris pendant la nuit qu’il ne le serait jamais. Il avait compris aussi que le mieux à faire était de se lancer. Et il avait au moins réussi à récupérer Elias, ça valait tout l’or du monde pour l’instant. Ça lui semblait encore un peu fou, ou peut-être était-ce seulement la fatigue et toute la saveur irréelle de cette matinée, mais il avait du mal à croire qu ce soit vrai et pas juste une hallucination très convaincante ou un rêve dont on l’arracherait de force dans quelques secondes. Alors pour se le prouver, il s’accrocha au cou du Poufsouffle et le serra contre lui aussi fort que possible. Ils étaient exposés, à découvert au milieu du parc où n’importe qui pouvait les voir, mais ça lui était complètement égal, du moment qu’il sentait le corps du jeune homme contre le sien, ses bras autour de lui. Personne ne pourrait lui prendre ça.

Il profita de ce sentiment nouveau de confiance quelques secondes, avant de s’arracher à contre-coeur de l’étreinte, reculant juste assez pour voir le visage d’Elias sans être obligé de le lâcher non plus. “Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ?” demanda-t-il, anxieux. Ils venaient de faire un immense pas en avant, d’accord, mais Will n’avait aucune idée de quelle était la prochaine étape. “Est-ce que tu veux toujours qu’on s’en aille à la fin de l’année ?” Il l’aurait fait, si c’était ce qu’Elias voulait, d’autant plus maintenant qu’il n’avait plus grand chose d’autre à perdre que l’affection du jeune homme. Cela dit, ils n’en avaient plus tellement besoin, n’est-ce pas ? Ils n’auraient plus à se cacher, maintenant que tout le monde savait. Ils n’auraient plus besoin de disparaître pour pouvoir s’aimer. “On pourrait rester à Londres, maintenant. On pourrait se trouver un appartement et aller travailler au Ministère comme on le voulait… On pourrait se marier et vivre comme tout le monde. Mon grand-père va sûrement me déshériter, alors tu devras subvenir à nos besoins quelques temps, mais c’est possible, non ? Rien ne nous oblige à nous cacher.” Il faudrait déjà qu’ils survivent à cette année, sans doute, mais ça n’était étonnamment pas une chose dont Will doutait le moins du monde. La seule et unique raison pour laquelle il s’était jamais imaginé se séparer d’Elias un jour, c’était parce qu’ils n’en auraient pas le choix et cette possibilité venait de disparaître maintenant. Ça laissait juste la porte ouverte à beaucoup d’autres et c’était étrangement angoissant d’avoir plusieurs options plutôt qu’aucune.

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On avait plus vraiment le choix, c’était là tous le problème, on était condamné à ça, quoi que si c’était de pouvoir vivre avec lui, j’étais relativement près à en payer le prix. J’étais peut-être encore en colère, dans le fond, avoir eut à faire tout ça pour finalement en arriver là, c’était… Cruel, douloureux, mais ça restait la meilleure chose qui puisse arriver, même si ça impliquait à présent de devoir faire face à un monstre plus terrifiant qu’un dragon. Le grand père de Will, il saurait bien rapidement et l’on ne tarderait pas à savoir ce qu’il en pensait. Sincèrement, j’espérais que l’homme soit suffisamment noble d’esprit pour comprendre que certaines choses étaient plus importante, comme j’espérais que mon père ne rentre vraiment pas en ligne de compte. J’espérais qu’il passe outre, mais Will semblait tellement peu y croire que je ne me permettais pas de rêver moi-même. De toute façon on ne pouvait pas faire de plan sur la comète non ? On devait attendre, espérer et laisser les choses se faire. Gardant donc Will contre moi, je refusais de le lâcher, par peur peut-être de le perdre, qu’il revienne à lui et parte.

Mais cela n’arriva pas à la place il demanda ce que nous devions faire, que ce soit partir à la fin de l’année ou rester à Londres et vivre comme l’on aurait du. J’avouais que j’avais beaucoup trop de chose à penser pour l’instant. Je ne pouvais pas me projeter aussi loin pour le moment. J’avais besoin de souffler, ou de profiter du fait pendant quelques minutes encore, seul nous comptait. « Je sais pas… J’en sais rien. », soufflais-je alors avant de poser ma tête sur son épaule pour demander un peu de répit. « On pourrait pas juste profiter de l’école jusqu’à la fin de l’année ? Profiter d’être à deux, sans responsabilité ? », c’était qu’une proposition, qu’une demande, mais je n’avais pas envie de penser à après, je n’avais pas envie de penser à ce qui pourrait arriver. J’avais besoin de temps. « On se cache depuis trop longtemps, là j’ai juste besoin d’être avec toi et en fonction de ce qui arrive… On verra non ? », là j’aurais déjà le droit de l’embrasser dans les couloirs sans avoir peur des conséquences, alors j’allais en profiter.

« On va attendre ce que ton grand-père va dire, ou faire et si vraiment ça se passe mal, on sera toujours toi et moi, donc ça ira. » soufflais-je contre sa peau avant de m’éloigner d’un pas pour le regarder. Il était celui que j’aimais depuis des années, c’était le premier que j’avais aimé, et j’avais envie de croire que ça serait le seul, j’avais envie de croire qu’on saurait dépasser tous ça. J’avais envie de ne pas me laisser toucher par son pessimisme. Pas quand on était de nouveau ensemble, pas quand ou pourrait enfin avancer. On y arriverait.
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