Third chance || Raf & Zayan #6

Rainbow D.Ashe


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J’étais certain de rien, je jouais d’ailleurs toujours avec ma vie, je savais que je n’avais pas une éternité pour réellement lui offrir ce qu’il voulait. Mais j’essayais, même si ça impliquait de faire tout et n’importe quoi. J’étais de nouveau juste escort, j’avais monté les prix, j’avais repris une place de serveur dans un café, je tatouais au Just Ink, et… Je gagnais moins, mais ça allait encore, j’étais juste épuisé, je savais que je ne tiendrais pas la longueur, que c’était purement temporaire et qu’à aucun moment je saurais en vivre, mais je tenais, pour lui, pour lui prouver et aujourd’hui c’était l’heure de lui prouver. Initialement j’avais pensé le trouver le soir de la Saint Valentin, mais le temps, le froid, la tempête, c’était impossible de bouger et puis il faisait trop froid dans la caravane, le chauffage avait lâché, j’avais simplement su y rester sous toutes les couvertures que je pouvais avoir en couvant le peu d’appareils fragile. Mais aujourd’hui, même si la neige était toujours présente, le temps c’était amélioré et j’avais pu travailler, sortir, bref j’avais préparé ce qu’il faudrait pour lui, pour le convaincre.

En sortant du Just Ink, j’avais été chercher du chocolat, genre tout le monde aimait ça et l’après Saint Valentin permettait des bonnes surprises, quant aux fleures, il n’y avait pas grand chose vu la saison et le froid avait sans doute fait beaucoup de dégâts, mais je réussis à trouver des roses, enfin trois, car vu le prix, je ne pouvais pas non plus me permettre plus. Après j’avais acheté d’autres fleurs dont je ne connaissais pas le nom, mais qui rendait le bouquet un peu moins ridicule au vue de la situation. Pour le reste, j’avais fait un effort vestimentaire, même si je semblais creusé et malade à cause du manque et de la désintox, j’avais des vêtements moins négligé derrière un manteau abimé et une écharpe censé me faire tenir contre le froid. M’arrêtant aussi à une boulangerie, j’avais acheté un petit gateau au chocolat censé l’amadouer.

C’était ridicule, ça ne servirait sans doute à rien, mais si il y avait la moindre chance… Il m’aimait, moi aussi, mais je ne voulais pas jouer avec lui et je voulais lui prouver que j’étais sérieux, que je pouvais mettre ça en oeuvre sans que cela soit ridicule, ou juste des paroles en l’air. Arrivant donc en bas de son immeuble bien avant la fermeture théorique d’un magasin de vêtement, je me mis à faire les 400 pas pour ne pas mourir de froid. C’était relativement peine perdu vu que je tenais mille trucs dans les mains. Finissant par poser le tout au sol près de sa porte, je recommençais cette danse censé me tenir en vie mais qui ne faisait que me faire stresser. Tout était compliqué, j’étais à côté de la plaque pour Anna, je devais lui prouver que je pouvais être l’homme qu’il voulait et ça m’angoissait. Je jouais avec le feu pour lui, je remettais tout en question et je n’avais même pas le temps de le faire correctement.

J’étais encore en train de remettre tout en question dans ma tête lorsque je le vis à quelques pas de là et presque aussitôt, je me figeais. J’étais censé dire un truc là ? J’étais censé faire un truc ? M’abaissant pour ramasser ce que je lui avais acheté, je tendis tout d’un coup légèrement tremblant et paniqué, « Bonjour...Soir. » soufflais-je en cédant très clairement à la panique, « Je me drogue plus, je… Je fais un autre travail plus compatible avec toi et je t’aime et du coup je suis là, je veux pas de miracle, mais je veux savoir si on peut parler et si tu veux encore me voir, ou me parler parce que je te promets que je veux plus te décevoir, que je veux te prouver que t’es important, du coup je suis là et j’espère que t’aime les fleurs et que t’es pas allergique, sinon on les donne à quelqu’un d’autre et je vais te chercher autre chose comme… Euh, je vais trouver… Un film ! Oui je vais chercher un film. » mon coeur battait trop vite, je ne le laissais pas répondre car j’avais peur de la réponse et ça ne servirait à rien de repousser, car j’avais été trop loin, mais j’avais besoin de cette chance, sinon j’allais mourir comme il l’avait dit.
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La tempête enfin terminée, Zayan est ravi d’avoir pu retourner travailler et s’occuper quelques heures l’esprit avec autre chose que Rafaël. Il se donne beaucoup de mal pour tourner la page et n’y arrive pas aussi bien qu’il le voudrait. Sauf quand il n’a pas une seconde à lui pour y penser, comme ce fut le cas aujourd’hui. La grippe qu’il a attrapé en traînant dehors le soir de la tempête l’a pas mal occupé aussi et le fatigue au point que ne pas réfléchir devient assez facile. Quand il rentre chez lui ce soir-là, il est épuisé et n’a qu’une hâte : aller au lit sans parler à personne. Le plan lui semble vraiment parfait, mais la grippe doit l’atteindre plus qu’il ne l’imaginait, car quand il arrive dans le couloir de son étage, il croit brièvement halluciner et voir Rafaël, comme si le jeune homme venait le hanter. En fait, il aurait peut-être préféré que ce soit le cas, car quand il réalise que l’escort est bien là, la douleur revient immédiatement et avec elle, un abattement assez violent. Malheureusement, le seul moyen de l’éviter serait de quitter l’immeuble immédiatement et Zayan aimerait vraiment rentrer chez lui. Alors, dans un soupir, il s’approche du jeune homme et se plante entre lui et la porte de son appartement.

Il s’apprête à lui demander ce qu’il lui veut, mais n’a pas le temps d’ouvrir la bouche que Rafaël lui tend déjà un bouquet de fleurs et deux boîtes et se lance dans une longue tirade que le pakistanais n’a pas tellement envie d’entendre. Il se sent de plus en plus fatigué à mesure que les mots s’enchaînent et quand Rafaël cesse enfin de parler, il ne sait quoi faire d’autre que de passer une main sur son front. “Tu ne peux pas venir chez moi comme tu veux, Rafaël.” souffle-t-il, dépité. “Il y a un enfant qui habite ici.” S’il vivait seul, ça lui serait bien égal que l’escort le harcèle encore et encore, mais il n’a aucune envie qu’Evanna lui reproche de confronter son fils à des situations délicates. Ce qui l’ennuie plus que de mettre Abel dans cette situation, c’est la manière dont son coeur bat la chamade, juste à regarder le jeune homme. Il essaye très fort de ne pas penser à ses mots, de peur de ne pas s’en sortir. À vrai dire, il voudrait vraiment lui dire non, le renvoyer chez lui et passer sa soirée comme il l’envisageait en rentrant du travail, mais… Maintenant, Rafaël est là, visiblement prêt à montrer sa bonne foi et il vient de dire à Zayan qu’il l’aimait, et c’est… Un autre soupir échappe au pakistanais au moment où il réalise qu’il a perdu ce combat avant d’avoir même pu le mener. “Très bien, tu peux entrer.” abdique-t-il en sortant les clés de l’appartement de sa poche. “Mais je te préviens, ça ne veut pas dire que je te pardonne ou que je suis d’accord avec un seul mot de ce que tu viens de dire.”

Il ouvre quand même la porte et entre chez lui, allant jusqu’à sa chambre sans vérifier que Rafaël le suit. Ce n’est que quand ils sont à l’intérieur, loin des regards indiscrets de ses colocataires, que Zayan s’autorise à relever les yeux sur le jeune homme. Il pose les cadeaux sur son bureau et essaye tant bien que mal d’affronter le regard de l’escort, sans grand succès. “Merci pour les fleurs,” souffle-t-il en regardant le parquet, “elles sont très belles.” Le jeune homme a dû se ruiner pour les payer à cette époque de l’année, mais il vaut mieux éviter de penser à ça pour le moment. “Mais… C’est pas avec des cadeaux que tu vas me faire oublier tout ce qui s’est passé.” C’est peut-être gentil, touchant, mais un bouquet de fleurs ne réparera pas le mal dont Zayan souffre. “J’ai plus envie de jouer, Rafaël. Tout ça, c’est… Tellement compliqué. Et t’écoute rien de ce que je te dis, t’en fais toujours qu’à ta tête. Je sais même pas quoi te dire, honnêtement.” Il ne sait plus comment le dire, surtout. Il s’est répété encore et encore, mais rien ne suffit à convaincre le jeune homme de l’écouter. Au final, si ce qu’il ressent n’a aucune importance, il n’est pas sûr d’avoir envie de faire partie de cette relation.
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Je n’avais pas le droit d’être ici, il y avait un enfant, ça c’était presque injuste, surtout que j’étais là pour la première fois et que j’étais tellement stressé que j’avais peut-être pas vu les problèmes que ça pouvait engendrer. Baissant les yeux, j’avais su avant d’arriver ici que ça serait compliqué, mais j’en avais la certitude maintenant. La seule note positif fut qu’il accepta de me faire rentrer, certes il n’acceptait pas ce que je venais de dire, ni même me pardonnait, mais c’était déjà autre chose qu’un refus. Ne me faisant donc pas prier, je rentrais avant de reclaquer doucement la porte pour le suivre jusqu’à sa chambre où il nous enferma à son tour. Mon coeur battait vite, c’était presque douloureux, mais c’était le prix à payer pour essayer de le récupérer. Silencieux, nerveux, j’attendais qu’il brise la glace en premier, non pas car je ne savais pas quoi dire, mais je ne savais pas si j’avais le droit de parler en cet instant. Il me remercia pour les fleurs, ajoutant qu’elles étaient belles. Au moins je n’avais pas entièrement merdé, même si comme il le soulignait, ce n’était pas avec ça que j’allais lui faire oublier tout ce que j’avais pu ignorer le concernant. « Je sais ! » me précipitais-je de dire, « Je voulais juste te donner quelque chose pour ce que tu avais pu faire », ça ne justifiait toujours rien, mais c’était vrai non ? Il m’avait sauvé la vie, payé les soins, il m’avait ouvert une porte, alors c’était un minimum, surtout quand on voulait récupérer ou juste avoir quelqu’un dans mon cas.

« Je vais t’écouter, je te promets ! » soufflais-je alors. J’étais paniqué, j’avais peur de la conclusion et ce n’était pas sans raison. Si il disparaissait, le seul ayant eu ne serait-ce qu’un peu d’interêt et de respect pour moi disparaîtrait. Il méritait qu’on se batte non ? Anna me l’avait suffisamment fait comprendre pour que je l’oublie. « Je dirais pas que ça sera facile, mais je t’écoute, j’ai déjà commencé, ok c’est pas flagrant, mais tu vaux tout ça. Et oui j’ai pris du temps à le comprendre, mais si j’ai le droit à une histoire, c’est celle là, c’est avec toi. », j’avais chaud, beaucoup trop chaud, j’étais nerveux, j’avais besoin de marché, mais je ne pouvais pas, alors à la place je retirais juste mon manteau que je tins à la main, « J’ai plus envie de jouer non plus Zayan, tu l’as dit, avec les règles que je m’étais imposé, j’aurais juste gagné la mort, alors je joue plus, je te promets. », aujourd’hui j’avais une chance d’avenir, alors oui je ne serais pas le plus honnête des hommes, je vivrais sans doute toujours dans ce rythme d’enfer, mais au moins, j’aurais le droit à une pose.

« Tu dis et moi je me battrais pour te prouver que je peux être l’homme que tu voulais, c’est toi qui fixe les règles. », ça sonnait clairement désespéré, je le savais, mais comment me le reprocher ? J’allais tout perdre et il était peut-être un peu tard pour le réaliser, mais je ne voulais pas d’une relation forcé. Je voulais bien l’épouser, je voulais vraiment accepter cette idée, cette pause, mais ce n’était pas sans réalité, ce n’était pas pour une question d’argent uniquement, mais pour une question de sentiment. Je devais le convaincre, lui donner réellement envie et pour ça j’allais devoir murir, arrêter sans doute d’être l’enfant terrifié et prêt à tout pour sa mère. Je resterais un bon fils, qu’on se le dise, mais je devais admettre de ne plus pouvoir faire illusion, de devoir souffler.
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C’est franchement compliqué de trouver du sens aux agissements de Rafaël et à ses mots plus encore. Il est à peine entré que Zayan commence déjà à perdre patience. Qu’a-t-il fait exactement pour recevoir un bouquet de fleurs en échange ? Et plus le jeune homme parle, plus c’est difficile de ne pas se jeter sur lui pour le secouer un bon coup. “Rafaël, bon sang !” Vraiment, ça demande une force surhumaine, un self-control incroyable à Zayan de rester de son côté de la pièce et de ne pas s’énerver complètement. Le plus affligeant est certainement que le jeune homme soit convaincu que cette petite scène est romantique. “C’est toi que je voulais. TOI !” Pour la partie “ne pas s’énerver”, il faudra sûrement repasser. Mais d’un autre côté, Zayan est prêt à parler lui aussi et c’est une très bonne chose qui n’était pas forcément gagnée quand il a trouvé le jeune homme devant sa porte. L’entendre enchaîner les âneries les unes après les autres a au moins eu le mérite de convaincre le pakistanais de lui mettre les points sur les i une bonne fois pour toute. “Je ne veux pas que tu changes pour me plaire, c’est pas comme ça que ça marche la vie.” Et franchement, Zayan peine à voir ce qu’il y a de mal à aimer quelqu’un même dans ses pires moments. Il a toujours su qui était Rafaël et ça ne l’a jamais empêché d’avoir des sentiments pour lui. À se demander comment le jeune homme peut ne pas s’en rendre compte.

“Que tu arrêtes de prendre la drogue, c’est une chose, mais tout le reste…” Las, Zayan secoue la tête et se détourne un moment de l’escort à qui il ne sait plus comment parler. Leur situation est compliquée et dans le fond, Zayan ne peut s’empêcher d’être touché des efforts que Rafaël veut faire pour regagner sa confiance. Il n’est clairement pas le genre de personne à se dire que l’escort a manqué sa chance et qu’il ne pourra jamais lui en offrir une nouvelle. En fait, il sait déjà qu’il va le faire, quitte à être profondément blessé à nouveau. “Je sais qui tu es depuis notre toute première conversation, Rafaël. Tu ne m’as jamais menti et c’est de toi dont je suis tombé amoureux. Tu n’as pas besoin de changer pour moi, je te veux comme tu es.” C’est effarant qu’il soit obligé de le dire à voix haute tant ça lui semble évident. Il aimait Rafaël bien avant ce soir, bien avant la moindre promesse. Et il l’a dit, assez souvent pour que ça devienne presque blessant que le premier concerné en doute à ce point. “Si je veux que tu arrêtes de te droguer, c’est pas parce que je veux une meilleure version de toi, mais juste parce que ça a bien failli te tuer et que je peux pas supporter cette idée.” Et s’il devait mourir, comment pourrait-il prouver à Zayan qu’il l’aime aussi ?

“Je n’ai pas besoin que tu me prouves que tu peux changer pour moi, j’ai besoin que tu me prouves que peu importe ce qui se passe, je peux te faire confiance. C’est pas si difficile à comprendre, si ?” Peut-être que c’est finalement Zayan qui est trop naïf, après tout. Ce ne serait pas si surprenant, quand on y pense. Il est un éternel romantique qui croit au grand amour qui peut tout combattre. Bien sûr qu’il est sans arrêt déçu à force d’avoir trop d’attentes. Et pourtant… Pourtant, il a envie de croire que Rafaël pourrait enfin être le bon. “Ça m’est égal que tu continues à te prostituer parce qu’on a pas de meilleure solution pour le moment, ça m’est égal que tu ne sois pas sans arrêt disponible pour moi dès que j’en ai besoin. Tout ce que je veux, c’est savoir que même si t’es obligé de faire tout ça, c’est moi que tu aimes, c’est avec moi que tu veux être. Je veux être une partie de ta vie, pas un obstacle. Et si tu veux vraiment me protéger, alors au lieu de me quitter sans arrêt, essaye juste de me prouver que je risque rien avec toi.”
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Zayan sembla perdre patience. Je n’étais pas très bon pour me défendre, je n’avais pas vraiment de facilité à dire ce que je voulais sans me perdre. Pourtant dans ses mots, il me voulais moi, il ne voulait pas que je change pour lui, il voulait que je reste le même, car c’était de moi qu’il était tombé amoureux. Du moi avec des failles, du moi qui se vendait pour sa mère. Pour lui je pouvais même continuer à me prostituer tant que je ne le repoussais pas, tant que je l’aimais lui et qu’il ne risquait rien avec moi. C’était bizarre d’entendre ça, bizarre aussi de me dire qu’il saurait accepter ça sans vouloir partir, sans en souffrir. C’était vraiment ce qu’il pensait ou c’était simplement la douleur qui lui faisait penser ça ? J’avouais que j’avais un cas de conscience, mais vu son état, comment je pouvais en douter ? Faisant un pas vers lui, je m’arrêtais avant de l’atteindre, comme effrayé à l’idée de le faire fuir. « Désolé… Je voulais pas te blesser, je me disais juste que tu méritais un mec qui couchait pas avec d’autres même avec une bonne raison. » murmurais-je en faisant un pas de plus vers lui. « Je voulais pas te manquer de respect en faisant ça, j’ai visiblement été maladroit et j’ai clairement pas fait le bon choix, mais je voulais juste plus coucher avec d’autres, même si ça t’étais égale, pour moi ça l’était juste pas. », ma voix tremblait légèrement car j’avais peur de faire une connerie de plus, peur de le faire partir.

M’arrêtant à un pas de lui, je reprenais, « Depuis que t’es partie de l’hôpital c’est difficile, j’ai pas envie de te revoir partir et j’ai aussi compris ce que ça faisait de voir la personne que t’aimes te tourner le dos. », j’étais pas en train de dire qu’il m’avait fait mal sans raison comme moi ? « Mais t’as eu raison de partir, je dis pas que c’était injuste ! Juste que j’ai compris. », mon coeur battait vite, trop vite. J’aurais voulu lui dire qu’il ne risquerait plus rien avec moi, mais c’était si… J’avais l’impression de merder continuellement en voulant faire le bien, j’avais l’impression de ne pas être à la hauteur, mais je devais me battre, je devais essayer de faire au mieux pour que ça aille, mais sans changer. « Je continuerais à faire des heures pas possible, mais si tu me donnes une chance, la moindre minute de libre je la passerais avec toi et c’est pas une promesse en l’air, j’en ai envie, je veux passer du temps avec toi, quel qu’il soit. » j’avais toujours l’impression de déconner, même là j’avais l’impression de viser à côté, même là j’avais l’impression de pas dire ce qu’il fallait, mais il n’y avait pas de bonne réponse.

Tendant le bras pour le toucher, je dis avec une certaine nervosité, « Est-ce qu’on peut continuer cette discussion en essayant de pas se fuir s’il te plait ? » demandais-je assez incertain quant à ce que je pouvais demander ou exiger en cet instant. C’était compliqué stressant, c’était de ma faute, mais je devais lui prouver maintenant plus que jamais que je pouvais me battre pour lui et que je voulais le faire.
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C’est vraiment difficile d’en vouloir à quelqu’un qu’on aime et qui n’a de cesse de balancer ses bonnes intentions, peu importe la dose de maladresse qui vient avec. Zayan n’a aucune chance dans cette conversation. Et s’il en doutait, Rafaël le prouve avec de nouvelles excuses qui font secouer la tête au pakistanais. “Bien sûr que je mérite mieux que de devoir partager celui que j’aime avec toute la ville.” grince-t-il entre ses dents serrées. C’est plutôt évident, tout le monde ou presque mérite mieux que ça, non ? Mais ce n’est pas la question, ce n’est pas la source du problème entre eux. Et malgré ses efforts, Zayan a l’impression de ne pas réussir à expliquer ce qu’est le fond du problème, selon lui en tout cas. La preuve, une fois encore, Rafaël se sent obligé de tout ramener à son métier. À croire que c’est la seule chose qui le définit, ou du moins, que c’est ce qu’il pense en tout cas. “Si je ne voulais pas avoir cette conversation, tu ne serais pas là.” lance-t-il quand, une fois de plus, le jeune homme le supplie de bien vouloir lui parler. Sans se fuir, c’est censé vouloir dire quoi ? Ils sont dans sa chambre, cette fois, Zayan ne pourrait pas prendre la fuite même s’il le voulait. Et quand bien même ça l’agace prodigieusement de devoir se répéter encore et encore sans que Rafaël ne comprenne rien, il continue. C’est bien la preuve qu’il ne veut pas s’en aller, non ? Il a essayé de passer à autre chose, mais c’est tout simplement impossible et ça continuera de l’être tant que l’escort reviendra le chercher.

Il lâche un soupir et s’éloigne de Rafaël pour aller s’asseoir sur le bord de son lit. Un moment, il ne dit rien et se contente de respirer profondément, son visage caché entre ses mains alors qu’il cherche désespérément à se calmer. “Ton travail n’a rien à voir avec notre dispute.” souffle-t-il quand il se décide à relever les yeux sur l’escort. “Je sais plus comment le dire pour que tu comprennes. Faut que t’arrêtes de parler que de ça comme si rien d’autre n’avait la moindre importance.” C’est clair là, non ? Il voit vraiment mal comment faire mieux, mais il s’entête à essayer encore et encore. “Je dis pas que je suis ravi de savoir ce que tu fais de ta vie, d’accord ? Forcément que ça me dérange, je suis amoureux de toi, j’ai pas envie de te partager avec qui que ce soit. Mais c’est pas parce que tu te prostitues pour gagner ta vie que je suis en colère, Raf. Je sais pourquoi tu le fais et j’ai pas à te demander d’arrêter pour moi. Y a pas de message caché, c’est vraiment pas ce que je te demande, je peux vivre avec.”

Il l’espère, en tout cas, mais même si ce n’est pas le cas il est sûr d’une chose : il ne peut pas vivre avec l’idée que la mère de Raf est morte par sa faute. Il préfère cent fois l’imaginer avec d’autres personnes que de porter ce poids sur ses épaules pour le reste de sa vie. “Si je suis en colère, c’est parce que tu prends les décisions à ma place. Tu me fais du mal parce que tu as un problème avec ce que tu fais. J’ai envie de te faire confiance, mais tu peux pas continuer de me jeter dès que t’as un cas de conscience. Et ne me demande pas ce que tu peux faire pour me prouver ta bonne foi, parce que j’en ai aucune idée.” Ce serait tellement plus simple s’il savait comment faire de nouveau confiance à Rafaël, mais au moins il est prêt à essayer.
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Il méritait mieux que cette situation, mais mon travail n’avait rien à voir avec cette dispute. Il n’était pas ravi que je fasse ça, mais il savait pourquoi je faisais ça et il ne m’a jamais demandé d’arrêter. Il pouvait vivre avec… Le regardant assis sur son lit, l’air abattu. Il m’en voulait de prendre des décisions pour lui, de lui faire mal car j’avais un problème avec ce que je faisais. Si il était prêt à me faire confiance, je n’avais plus le droit de le jeter au moindre cas de conscience. Cette vie n’était pas celle dont j’avais rêvé, cette vie n’était pas celle que j’aurais voulu, bien au contraire. Cette vie était définitivement un échec, si ce n’est lui et à force de vouloir le préserver de ce que je jugeais inacceptable, j’avais simplement su lui faire mal. M’avançant vers lui, je finis par m’asseoir à ses côtés, par avancer une main fébrile vers lui, vers son bras que je finis par toucher avec précaution. J’avais peur de faire un geste de trop, peur de ne pas avoir le droit de faire ça, « Je suppose que j’arrivais pas à concevoir qu’on puisse suffisamment tenir à moi pour accepter tous les aspects de ma vie... », soufflais-je le regard baissés sur le sol. Il n’aimerait jamais devoir me partager, mais au moins, il acceptait que je sois obligé de le faire. Il acceptait et ce n’était pas uniquement des mots, il semblait vrai, il était vrai. « Et oui j’ai un problème avec ce que je fais, je crois que le pourquoi n’arrive plus à me faire tenir, être un bon fils n’est plus assez sans doute… Excuses moi d’avoir projeté mes frustrations sur toi... », mais je ne le récupérais pas avec des excuses, il fallait sa confianc et ça, j’allais devoir me battre pour elle.

« On pourrait définir d’un jour pour se voir ? Ca fait un peu formel, mais ça serait notre jour et il serait pour toi, quelque soit la façon dont je gagne ma vie. », un jour pour lui, ce n’était peut-être pas suffisant, mais quand on connaissait mon emploi du temps, c’était énorme, mais les efforts à produire devaient-être à cette mesure. « J’habite que dans une caravane pas franchement isolé et avec l'électricité capricieuse, mais... » tournant la tête vers lui, je finis par remonter une jambe sur son lit pour me tourner complètement pour le voir entièrement, « J’ai jamais invité personne la-bas, c’est franchement miteux, mais c’est chez moi et… J’aimerais bien que tu viennes, si tu acceptes bien sûr ! On est même pas obligé de rester longtemps, mais je t’ai parlé de dessin et au final t’en a jamais vu, ca pourrait-être sympas de te les montrer ! », lui offrir ce que personne n’avait jamais eu était peut-être la véritable preuve de ce que je voulais construire avec lui. « Et.. Tu veux rencontrer ma mère ? » demandais-je les yeux baissés, « C’est pas exactement comme une vrai rencontre vu qu’elle dort, mais… Tu vois je lui parle toute les semaines, je lui ai déjà parlé de toi et de ce que tu avais fait… C’est sans doute un peu glauque, mais tu mérites de savoir pour qui je fais tout ça. » et là, c’était la chose la plus stressante, « Mais pas maintenant, c’est que des propositions. », mais il m’avait prouvé qu’il tenait à moi, à moi de le faire maintenant.

Ce n’était pas encore gagné, il m’aimait, mais j’avais fait des dégats, alors rien n’était acquis, « Je pourrais te dire aussi exactement où je suis et avec qui, pas sûr que ce soit hyper sain, mais ça éviterait qu’on se tombe dessus, même si je fais que de l’escorte, t’as pas à me voir avec d’autres, enfin c’est pas sympas... », j’aurais peut-être dû augmenter mes prix dès le début, mais j’avais si souvent eu peur de pas gagner assez… J’aurais peut-être pu éviter la drogue si j’avais été moins con. « Ce genre de choses pourraient être un début ? » demandais-je avant de me pincer les lèvres. J’avais peur, vraiment peur, mais je ne pouvais pas le perdre, quoi qu’il réponde je devrais trouver des réponses, des solutions.
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Alors que Rafaël approche, Zayan retient son souffle. C’est stupide, sans doute, mais il a peur et il s’en rend compte dès lors que le jeune homme pose une main sur lui. Peur que malgré les bonnes résolutions prises ce soir, rien ne change vraiment ou que Rafaël change de nouveau d’avis dans quelques jours, quelques semaines. Peur que la confiance ne reivenne jamais et qu’il continue de se sentir comme ça chaque fois qu’il n’aura pas de nouvelles du jeune homme pendant quelques heures, quelques jours. Ce n’est définitivement pas le genre de vie qu’il veut, le genre de relation qu’il veut. Mais qu’importe, car malgré tout ça, il suffit d’un regard vers l’escort pour qu’il sache qu’il ne pourra pas lui dire non éternellement. Même s’il trouvait la force de le faire ce soir, ça ne durerait pas à une nouvelle tentative. Alors autant abdiquer tout de suite, n’est-ce pas ? Ca leur fera gagner du temps à tous les deux. Du temps et de l’énergie sans doute. Ainsi, Zayan écoute patiemment tandis que Rafaël propose l’ébauche d’un plan pour regagner sa confiance. Ça devient clairement impossible de lui en vouloir, maintenant et Zayan se contente tout bêtement d’arrêter. Il se tourne à son tour pour faire face à Rafaël et se crispe légèrement quand vient la dernière proposition. “Je ne veux pas que tu me parles de tes clients pour l’instant.” souffle-t-il, les dents à nouveau serrées. Il se débrouille déjà très bien tout seul pour imaginer le pire quand son esprit divague vers ce sujet, il n’a définitivement pas besoin de quelques détails en plus pour parfaire ces terribles fantasmes.

“Mais pour le reste, c’est d’accord.” accorde-t-il finalement. Il n’est pas sûr qu’un jour lui suffise, pas sûr que ça l’aide de voir la mère de Rafaël endormie sur son lit d’hôpital, la misère dans laquelle il doit vivre pour la maintenir en vie, mais… Ils doivent bien commencer quelque part. “On va au moins essayer et on verra bien ce que ça donne.” Il hausse les épaules et un vrai sourire, bien que timide, apparaît enfin sur ses lèvres. Il s’approche à son tour, juste assez pour prendre la main de Rafaël dans la sienne et observe leurs doigts résolument alors qu’il ajoute, plus léger : “Je te pardonne, mais la prochaine fois que tu me largues, ça a intérêt à être définitif !” Il préfère cependant se dire qu’il n’y aura pas de prochaine fois. C’est peut-être un peu naïf, car après tout rien ne prouve qu’ils sont voués à passer le reste de leur vie ensemble, mais Zayan préfère être un peu trop naïf que beaucoup trop inquiet. Il préfère se dire qu’ils ne se lancent pas dans cette histoire sans un minimum d’espoir que ça fonctionne, sinon à quoi bon ?

“J’ai essayé de venir te voir pendant la tempête…” reprend-t-il, son regard toujours très loin de celui du jeune homme. “La seule faille dans ce plan, c’est que je ne sais même pas où tu habites.” Un léger rire vient le secouer à cette remarque et avec le recul il se rend bien compte à quel point il a été stupide ce soir-là, en croyant qu’il pourrait affronter la tempête jusqu’à trouver miraculeusement la caravane du jeune homme. “Je ne t’ai pas trouvé, bien sûr, mais j’ai rencontré le fils du Président, tu te rends comptes ?! C’est un vrai con.” S’il croit un instant pouvoir se détendre avec ces bavardages un peu stupide, chaque seconde de silence lui fait bien comprendre que c’est peine perdue. La douleur est toujours là, même si elle s’apaise que Rafaël soit de retour et veuille toujours de lui et il a le sentiment qu’il manque quelque chose à cette conversation pour que tout soit définitivement réglé, mais quoi ?
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De toute les propositions que j’avais pu faire pour le garder à mes côtés, celle là était bien celle qui me rendait le moins confortable. L’idée d’être transparent ne me dérangeait pas, mais j’avais toujours cette impression de le trahir si j’usais de mon corps, et même si ce n’était plus pour me prostituer, le fait d’accompagner des gens était bien trop difficile. Il acceptait cependant le reste. Certes il n’y avait rien de très extraordinaire, mais c’était une étape de plus, une étape pour le récupérer. Hôchant donc la tête, je sens comme une vague de soulagement lorsqu’il finit par s’approcher et glisser sa main dans la mienne. Sa chaleur, son contact, sa m’avaient bien plus manqué que je n’aurais osé l’imaginer. C’était ridicule, c’était stupide, mais c’était ainsi. Je me sentais rassuré par ce simple geste. J’avais certes merdé, mais dans le chaos de ma vie, il continuait à vouloir de moi. Il me pardonnait, du moins pour cette fois car la prochaine fois notre rupture aurait intérêt à être définitive d’après lui. Me raidissant donc à cette mise en garde, j’avouais ne pas avoir envie d’y arriver un jour, mais en même temps, je ne pouvais être sûr de rien, il pourrait en avoir marre de moi.

Gardant donc le silence, je relevais légèrement les yeux lorsqu’il m’annonça avoir voulu venir me voir pendant la tempête, mais ne sachant pas ou j’habitais… « Si on a une autre tempête bientôt tu pourras venir ! » déclarais-je avant qu’il ne m’annonce avoir rencontré le fils du président et qu’il était un vrai con. Il avait un fils le président ? Je me souvenais de ses filles, mais j’avouais ne pas avoir beaucoup de souvenir de son fils. « Son fils a pas été genre renié ? Je me souviens plus vraiment de sa tête. » soufflais-je alors comme réponse avant de me tourner légèrement vers lui pour poser une seconde main sur la sienne. C’était très clairement stupide, mais ce contact j’en avais vraiment besoin. « Il faisait quoi dehors par ce temps ? » demandais-je alors car je me doutais bien que l’homme ne me cherchait pas non plus. J’aurais voulu faire une peu d’humour, mais j’étais encore assez tendu par tous ça et j’avais peur de faire pire que mieux, alors pour le moment je restais prudent.

« J’ai voulu venir aussi, mais j’avais peur de rester à la porte et je me voyais mal faire le chemin inverse avec ce temps. » et puis je n’étais pas vraiment en état surtout. J’étais en train de me sevré, c’était fatiguant, épuisant et les malaises devenaient une réalité trop dangereuse. « On aurait eu l’air fin tout les deux chez moi en pleine tempête. » soufflais-je alors, un léger sourire au visage. Au moins on aurait eu quelque chose à raconter, une anecdote moins sombre que : tu me plaque toujours. Ça aurait déjà été ça. Me penchant alors vers lui, je dépose un baiser sur sa joue, sans vraiment prévenir et avec une certaine précaution quant à ce que je faisais. Non pas que je ne voulais pas l’embrasser réellement, mais si il me pardonnait, j’étais toujours pas en droit de régenter sa vie. Il l’avait dit, il avait raison. Alors j’avançais, doucement, mais non sans envie de retrouver une réelle relation. « Tu m’as manqué. » soufflais-je alors, sans même chercher à me cacher. Il m’avait manqué, je l’aimais.
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La conversation est encore un peu laborieuse, mais le fait qu’elle ne tourne plus autour de ce qui les a séparés est un bon début, n’est-ce pas ? C’est ce dont Zayan essaye de se convaincre, en tout cas, bien décidé à ce que l’histoire se termine bien. Il en a besoin, c’est presque une question de vie ou de mort alors tant pis pour les quelques secondes de conversation laborieuse qui doivent ouvrir ce nouveau chapitre. “Oui, il a été renié, mais ça reste son fils ! Et il a beau être un adulte maintenant, il ressemble tellement à son père que je l’aurais reconnu entre mille.” Il ne dit pas ce qu’ils ont fait ensemble cette nuit-là, même si quelque chose lui dit que Rafaël ne le jugerait pas et n’irait probablement pas le dénoncer non plus. C’est le genre de secret qu’il vaut mieux garder quand même. “Je sais pas trop ce qu’il faisait dehors,” ment donc Zayan quand la question se pose. “Je suppose qu’il trouvait ça drôle ! En tout cas, il m’a bien pris la tête.” La bonne nouvelle, c’est que de repenser à Charlie aide l’homme à se sentir un peu moins stressé. Un bref instant, il ne pense même plus tellement au fait que, quelques minutes plus tôt seulement, l’ambiance était beaucoup plus tendue entre Rafaël et lui. Ça ne dure, hélas, que jusqu’à ce que Rafaël ne reprenne la parole, soufflant quelques mots qui assassinent le fin sourire de Zayan.


Il se tend de nouveau, même s’il ne peut s’empêcher de penser que s’ils avaient réussi à se trouver ce soir-là, peut-être que le problème serait réglé depuis longtemps… Les choses arrivent quand elles doivent arriver, pas vrai ? Et peut-être que quelques jours en arrière, Zayan n’aurait pas été si épuisé au point de baisser les armes sans chercher plus loin. Il est encore en train de penser à ça quand le jeune homme se penche pour l’embrasser sur la joue, le tirant assez douloureusement de ses rêveries. Le regard du pakistanais se pose sur l’escort, il retient son souffle encore un instant. “Tu m’as manqué aussi.” souffle-t-il en retour aux mots de Rafaël. C’est la vérité et il n’a aucune honte à le dire, même s’il aurait voulu que ce ne soit pas le cas. Qu’il puisse tourner la page ou, mieux encore, qu’ils n’aient jamais eu à se manquer. “C’est terminé, maintenant.” ajoute-t-il, dans l’espoir de se tourner vers un futur un peu plus positif. Le pardon n’est pas encore tout à fait accordé, mais faire semblant que c’est le cas semble être un bon point de départ pour y arriver. Dans le même ordre d’idée, Zayan force un sourire beaucoup plus large sur ses lèvres et décide que c’est à lui de faire le premier pas désormais. Rafaël est venu jusqu’ici, a tenté sa chance. Lui ouvrir la porte ne suffit pas.

Décidé, l’homme se redresse pour aller se glisser sur les genoux de Rafaël. Il passe ses bras autour de son cou avant de se pencher pour l’embrasser, pas sur la joue cette fois, ils en ont fini avec ces hésitations gênantes. Il n’y met pourtant pas tout son coeur, prend ses précautions pour que la situation ne s’enflamme pas trop vite. “On oublie tout ça maintenant, d’accord ?” demande-t-il quand il s’éloigne, son regard suppliant cherchant celui du jeune homme. “Tu peux rester là cette nuit ?” Il suppose, peut-être à tort, que Rafaël ne serait pas seulement passé en coup de vent avant un rendez-vous avec un client, mais la pensée s’impose malgré tout, prouvant bien qu’importe la volonté que Zayan veut mettre à ne pas penser aux détails désagréables, il ne peut pas l’empêcher. “S’il faut que tu ailles travailler, je comprendrais.” assure-t-il, pas très convaincant pourtant.
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Il y avait eu un premier poids en moins lorsqu’il m’avait retourné mes mots, puis un autre quand il affirma que c’était terminé. On allait pouvoir reprendre ? J’avouais que je ne savais pas trop ce que j’avais le droit de faire jusqu’à ce qu’il ne se glisse sur mes genoux pour m’embrasser, réellement m’embrasser. Alors oui il y avait un peu de retenu, mais c’était déjà un début et puis ce n’était pas non plus une mauvaise chose, je n’étais pas certain que me laisser compenser toute mes conneries en le couvrant d’attention de moins en moins chaste soit une bonne idée, du moins pas maintenant. Hochant la tête quand il demanda à ce qu’on oublie tout, je le sentis se tendre légèrement sur la suite, à savoir si je pouvais rester là cette nuit. Je doutais qu’il comprenne réellement que je doive aller travailler. Souriant doucement, je glissais mes mains sur ses hanches avant de le rassurer, « J’avais prévu de rester à ta porte toute la nuit si il fallait, alors je vais pas partir maintenant. », je n’avais pas envie de lui rappeler que j’avais fait beaucoup de changement pour que cela soit plus simple avec lui, pour lui. On voulait aller de l’avant, ça impliqué de ne pas revenir sur tout maintenant.

Posant mes mains sur ses joues, je l’attirais légèrement vers moi pour un baiser légèrement moi contrôlé que celui qu’il avait fait. Ce n’était pas non plus déplacé, mais je n’avais pas envie de me tenir tranquille, ni de me retenir par peur. Il avait bien dit que c’était terminé. Je n’avais pas à avoir peur, je devais me laisser porter. Lui rendant finalement son souffler, je le serrais contre moi avant de poser ma tête dans son cou. Il mentait très mal, du moins quand il n’était pas en colère, quand c’était le cas je me laissais prendre trop facilement, à moins que ce soit juste mon propre aveuglement. Cette nuit serait la vrai première nuit que je passerais avec lui, elle avait quelque chose d’angoissant tout en étant attendu. Il n’était plus un client, il n’avait plus à être ainsi. Il était Zayan et avec tout ça, les changements suivraient enfin. « Tu travail toi demain ? » demandais-je alors assez naturellement malgré les légers tremblement encore perceptible du à ce sevrage encore trop récent pour mon corps. Ca viendrait, ça finirait par s’arrêter, surtout si je stressais moins. Ca irait, tout irait bien.

Me décollant de lui je posais mes mains sur ses cuisses pour pouvoir me relever et l’assoir sur le lit pendant que je reculais d’un pas pour retirer mon pull, mais surtout ma chemise en dessous pour la poser sur mon manteau. Repassant mon pull, je venais le rejoindre, un genoux entre ses jambes avant de le repousser pour m’allonger avec lui, mais surtout contre lui sur le lit. Une main sur son torse, je dis un peu gêné, « T’es mignon, mais je supporte pas les chemises ! », enfin sur moi. Ça me donnait toujours l’impression de tenir un rôle, d’être un autre alors que le seul que je voulais être c’était un artiste, un gars sans histoire, un gars normal. « T’as quelque chose en tête ou je peux te dessiner dessus pour enfin te tatouer comme il se doit ? », car ça c’était toujours en cours, du moins je l’espérais et parler de chose comme ça c’était le genre de discussion que je voulais avoir avec lui. De la normalité.
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